Prêter secours à la nature
La participation à une activité de Conservation de la nature Canada donne pleine satisfaction.
Par Patricia Dumais
Traduit de l’anglais.
Si vous aimez la nature comme moi, vous pourriez être intéressé à participer à l’une des nombreuses activités annuelles organisées par la branche québécoise de l’organisme Conservation de la nature Canada (CNC). Les activités sont ouvertes à tous – vous n’avez pas besoin d’une formation scientifique – et les enfants de plus de huit ans peuvent y participer. En août, j’ai joint un groupe de bénévoles, dirigé par des représentants du CNC, pour nettoyer le Refuge naturel Baie-Missisquoi, à Saint-Armand sur les bords du lac Champlain. Nos efforts visaient à maintenir la qualité des zones humides et des rivages du refuge.
Nous sommes partis du bureau du CNC à Montréal vers 08h30. Au cours du trajet jusqu’à St-Armand, la chef de projet, Carine Deland, nous a informé sur le site et la mission du CNC, principale organisation nationale de conservation des terres au Canada. Une organisation privée sans but lucratif, elle s’associe à des individus, des sociétés, d’autres organisations à but non lucratif et les gouvernements de tous les niveaux pour protéger les espaces naturels, les plantes et la faune du Canada. L’organisme sécurise des propriétés grâce à des dons, des achats de terrain, des ententes de conservation et le reniement d’intérêts juridiques, et gère ces terres pour le long terme. Depuis 1962, le CNC et ses partenaires ont aidé à la conservation de plus de 2,7 millions d’acres (1,1 millions d’hectares) de terres de grande valeur écologique d’un océan à l’autre.
J’ai connu la baie Missisquoi dans mon enfance lors de visites aux plages de la région. Cette grande baie en demi cercle est paisible et magnifique, avec une vue sur les montagnes de l’Adirondack au loin, et peu profonde, ce qui la rend idéale pour les sports aquatiques mais en même temps écologiquement très vulnérable.
Le Refuge naturel Baie-Missisquoi se compose d’une bande de littoral et d’une zone boisée étroite, séparée de la côte par un milieu humide, d’environ un demi-kilomètre de profondeur. La partie boisée est privée et en général non-accessible aux visiteurs. Le littoral est cependant ouvert au public et comprend un sentier de nature avec des panneaux informatifs. L’activité de la journée consistait à enlever les ordures laissées par les grandes inondations du littoral des dernières années. Toutes sortes de matériaux, bois, métal, plastique et autres ont dû être dégagés et transportés. Notre journée fut divisée en deux: le matin pour débarrasser la partie boisée de la propriété et l’après-midi pour assainir le rivage. Armés de pelles et de sacs de poubelles, bien protégés dans des vêtements à manches longues et pourvus d’insecticide et de gants de travail, nous nous sommes donc attaqués à la partie boisée. Heureusement, il y avait beaucoup moins de mouches et de moustiques que prévu.
En ramassant les ordures, je me suis initiée aux nombreuses espèces de flore et de faune locale, y compris certains espèces rares et uniques de la région. La biologiste Caroline Tanguay nous a signalé les espèces exotiques et envahissantes, telles que la belle mais problématique salicaire pourpre et le phragmite commun qui accablent les espèces indigènes des terres humides et la lysimaque nummulaire, une plante de couverture végétale populaire échappée de jardins et qui tend a recouvrir agressivement le sol des forêts. Elle m’a également montré une vigne particulièrement rare que je n’avais jamais remarquée auparavant, appelée Persicaire à feuilles d’Arum. La région est particulièrement riche en flore et j’ai été en mesure d’identifier, entre autres, des myosotis, de la menthe sauvage, des orties, et … de l’herbe à puce.
J’ai facilement identifié les empreintes de cerfs dans la boue ainsi que de minuscules empreintes de ratons laveurs, et alors que je pataugeais dans l’eau à travers les broussailles, plusieurs grenouilles léopards se mirent à sautiller autour de moi. À un moment j’ai surpris un pluvier kildir qui s’est envolé subitement du sous-bois et j’ai pu voir les larges bandes sombres de son cou et sa croupe orange vif. Un hibou s’est mis à huer à proximité de la zone humide.
Nous avons travaillé toute la matinée et avons amassé une montagne de déchets – matière plastique de toutes sortes, bouteilles en verre, vieux barils de métal et pots de peinture rouillés, pneus usés, tapis et moquettes, matériaux de construction, bols de toilette en porcelaine brisés en mille morceaux, etc. Certains articles reposaient sur la surface et étaient faciles à ramasser, d’autres étaient à moitié enterrés et ont nécessité l’utilisation d’une pelle pour les dégager. L’effort de la matinée a été très fructueux et nous étions très fiers de nous lorsque le premier contenant plein de détritus fut retiré des lieux.
Au cours du déjeuner, assis sur le rivage, nous avons discuté de l’une des principales problèmes de santé de la baie – la présence d’algues bleues. Caroline nous a fait remarquer la soupe verte qui teintait les rochers le long du rivage – c’était comme si quelqu’un avait déversé de la peinture partout. Les algues produisent des neurotoxines dangereuses pour les humains et les animaux de sorte qu’une partie de la baie est interdite à la natation. Cette prolifération d’algues est le résultat du niveau élevé de phosphates dans l’eau du lac qui cause une surabondance d’algues qui consomment l’oxygène nécessaire pour soutenir d’autres espèces aquatiques. Les phosphates proviennent principalement du ruissellement des terres agricoles dans les ruisseaux et rivières qui se jettent dans la baie. Des efforts sont actuellement déployés pour empêcher le ruissellement d’atteindre les cours d’eau.
Dans l’après-midi, nous nous sommes dirigés vers le rivage pour continuer notre travail. Tout en ramassant les ordures, je faisais des pauses pour lire les panneaux d’information sur la géologie, les oiseaux et les espèces de poissons de la région. Un des faits intéressants est que la rive est l’endroit de nidification d’une espèce menacée, la tortue-molle à épines. C’est le seul endroit où l’observation de l’espèce a été confirmée au Québec. Les tortues femelles pondent leurs œufs dans le sable en juin mais les prédateurs, l’érosion des rives et certaines activités récréatives, telles que la navigation de plaisance motorisée, menacent la survie de cette espèce. Et je ne pouvais pas m’empêcher de penser comment l’algue bleue pouvait affecter ces tortues.
Notre grand nettoyage du rivage a donné un autre tas d’ordures, moins volumineux que le premier cependant mais tout aussi satisfaisant. J’étais heureuse que nous avions retiré les sacs de plastique et les autres déchets qui pouvaient poser un danger pour la faune. Après une journée de dur labeur et de découverte, je restais avec un sentiment d’accomplissement et de satisfaction que nos efforts aient apporté un changement notable à l’environnement de la baie et du Refuge naturel Baie-Missisquoi.
Pour plus d’informations sur Conservation de la nature Canada et le programme de volontaires de la CNC, contactez la coordonnatrice des bénévoles, Lucie Veillette, au 514 876-1606, poste 296 ou par courriel à quebec@conservationvolunteers.ca
Pour plus d’informations sur les programmes de Conservation de la nature Canada (CNC), visitez leur site web à natureconservancy.ca/fr
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