‘Alien : Covenant’ réussit l’intégration de la série
Ce sixième volet de la franchise ferme la boucle entre Prometheus et Alien
Par Luc Archambault
Qui n’a pas vu au moins un film de la franchise Alien, enfant chéri de Ridley Scott. Et parmi ceux qui l’ont vu, qui n’a pas en tête l’image du Xénomorphe – le terme utilisé pour dénommer la ‘bête’ conçue par le peintre et sculpteur Hans Ruedi ; mâchoires ouvertes, dégoulinant sa salive et prêt à lacérer ?
Alien : Covenant tire son titre du nom du vaisseau spatial emportant des colons vers une planète éloignée, telle une arche d’alliance entre Dieu et les hommes – Ark of the Covenant signifiant Arche d’Alliance – un thème cher au réalisateur. Mais plutôt que d’y trouver Dieu ou ses avatars organiques, comme dans le film précédant, Prometheus, sorti en 2012, et où l’on explique les origines du xénomorphe, les protagonistes d’Alien : Covenant vont plutôt faire une terrifiante et mortelle découverte.
Le film bénéficie d’une distribution stellaire, qui compte entre autres Michael Fassbender, jouant les androïdes Walter et David, Katherine Waterston dans le rôle de Daniels, officier sur le Covenant, Billy Crudup, interprétant Christopher Oram, le second capitaine, Danny McBride dans le rôle de Tennessee, le pilote et Demián Bichir dans celui du sergent Lope, le responsable de la sécurité.
Avec Alien : Covenant, on se retrouve, dix ans après les évènements de Prometheus, dans l’univers sombre des entrailles d’un vaisseau spatial, de créatures cauchemardesques et de violence interstellaire. On suit l’équipage du Covenant, un vaisseau spatial qui transporte deux mille colons en état d’hyper-sommeil et 1140 embryons humains vers Origae-6, une planète inexplorée à l’autre bout de la galaxie. Mais suite à des avaries imprévues et à la réception d’un message mystérieux, le vaisseau change de cap pour en explorer la source.
Une fois le vaisseau en orbite autour de la planète, une dizaine de membres de l’équipage, dont l’androïde de la toute dernière génération, Walter, partent en reconnaissance pour trouver la source du message qui s’avère être l’épave du vaisseau de l’expédition Prometheus. Attaqué par des créatures prédatrices, le groupe est sauvé in extremis par David, un androïde d’une génération antérieure à Walter, mais physiquement identique.
Seul survivant de l’expédition Prometheus, David a cultivé, dans sa solitude, une opinion plutôt ambivalente envers les humains, ses créateurs, ce qui l’a poussé à créer plusieurs nouvelles versions de xénomorphes génétiquement modifiés et implacablement meurtriers. Sans trop vouloir révéler d’information, disons que le double emploi de Michael Fassbender pour jouer les deux générations d’androïdes compte pour beaucoup dans le réalisme de leur confrontation ultime et la réussite de ce film.
D’aucuns ont accusé Scott, revenu aux commandes de cette franchise en tant que réalisateur et producteur, de vouloir presser le citron au maximum afin d’engranger le plus de bénéfices possible. Ce dont il se défend bien, mais en ajoutant vouloir tourner une, deux ou même trois suites afin de bien tisser les liens entre Prometheus, d’ampleur quasi-mythologique, et le premier film de la série, Alien.
Dans un entretien, le producteur a déclaré qu’un nouveau projet Alien serait très intéressant mais que le plus important était d’avoir une bonne histoire afin de pouvoir revenir au moment où les créatures sont apparues pour la première fois et d’expliquer comment et par qui elles ont été créées. « … Il y aura certainement un autre (film) avant de conclure l’ensemble logiquement et finir la série en ramenant le récit jusqu’au moment précédant le film initial (Alien). La suite chronologique sera donc Prometheus, puis Awakening, suivi de Alien Covenant … et je pense que la suite logique, si celui-ci réussi, c’est d’en faire un prochain et peut-être qu’il y en aura même deux ou trois autres ». Avec l’androïde David aux commandes, plus de deux mille colons en état d’hibernation et deux embryons xénomorphes à bord, l’avenir semble lugubre. Disons simplement qu’avec les prémisses qu’il a semées, Scott possède assez de jus pour alimenter encore quelques films… Intitulé à l’origine Alien: Paradise Lost (Alien : Paradis perdu), en référence à l’œuvre de Milton, Alien Covenant donne certes un nouveau souffle à l’une des franchise les plus populaires du cinéma de science-fiction. Le film soulève aussi des questions très intéressantes sur la création et l’intelligence artificielle et sa capacité à contrer les humains.Mais sommes-nous en présence d’un grand film pour autant ? Non, parce que l’histoire est des plus prévisibles, exception faite du duo David et Walter, et le scénario offre peu d’innovation. Il devient de plus en plus urgent pour Ridley Scott de renouveler le genre puisque les scènes commencent à être interchangeables et les personnages aussi. Et parfois, pour créer du nouveau, il faut savoir détruire.
Alien: Covenant est un film de science-fiction américano–britannique réalisé et co-produit par Ridley Scott et sorti en salles en mai 2017.
Images : courtoisie de Twentieth Century Fox Film Corporation
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Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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