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Ateliers artistiques et l’autisme

Le MBAM révèle les résultats d’une étude prometteuse sur la perception d’œuvres d’art des personnes autistes

La participation à des ateliers artistiques aurait une influence sur la manière de percevoir une œuvre d’art chez les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). C’est ce que révèle une étude menée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) par le neurobiologiste Bruno Wicker.

Initié en septembre 2017, ce projet de recherche avait pour objectif d’explorer les mécanismes cognitifs et émotionnels mis en œuvre lors de la perception d’œuvres d’art – en l’occurrence des peintures – chez les personnes vivant avec un autisme de haut niveau ou un syndrome d’Asperger et des personnes neurotypiques. Dans le cadre de cette étude, les participants ont pris part à des visites d’observation et d’échanges autour d’œuvres de la collection du MBAM, conjuguées à des ateliers de création artistique.

… les personnes ayant un TSA ont une manière différente de percevoir les informations dans un contexte artistique.

L’étude a permis de révéler que les deux groupes ci-haut mentionnés observent les œuvres de manière fort différente. Alors que les personnes neurotypiques ont une façon très semblable de regarder une peinture (en centrant leur attention sur les éléments à caractère figuratif et social, tel qu’un visage, par exemple), le chercheur Bruno Wicker a observé des centres d’intérêt très variables chez les participants vivant avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Ces résultats mettent en évidence que les personnes ayant un TSA ont une manière différente de percevoir les informations dans un contexte artistique.

Plus intéressant encore, les analyses ont montré des changements significatifs dans le comportement du regard chez les personnes ayant un TSA, avant et après leur participation à des ateliers d’observation et de création artistique au Musée. Ces résultats suggèrent que ces ateliers ont eu une influence sur leur perception des œuvres d’art. Cela pourrait être conséquent à l’intégration d’information préalablement apprise dans le cadre des ateliers, qui aurait une influence dans le traitement de l’information perceptive (processus descendants).

Des perspectives encourageantes

Il est souvent rapporté que les personnes vivant avec un TSA ont une capacité d’expression et d’appréhension visuelle différente des personnes neurotypiques. Cette manière de percevoir le monde et de décoder les émotions peut constituer pour eux un facteur anxiogène et affecter leurs rapports sociaux. Les résultats de l’étude laissent entrevoir les bénéfices potentiels d’ateliers artistiques sur les capacités empathiques et socioémotionnelles de ces personnes.

« Cette étude révèle que ces séances au Musée ont eu un impact sur la façon dont les participants perçoivent les peintures. Ces résultats nous encouragent à populariser la mise en place d’ateliers créatifs et nous motivent à effectuer une nouvelle étude sur l’exploration d’autres supports artistiques tels que la sculpture », rapporte Bruno Wicker, chercheur au Laboratoire de neurosciences cognitives du CNRS (France) et chercheur invité au département de psychologie de l’Université de Montréal (UdeM).

« Grâce au programme L’art d’être unique du MBAM, qui offre des activités conçues pour des personnes de la neurodiversité et, pour beaucoup, vivant un trouble du spectre de l’autisme, nous constatons depuis longtemps que les activités artistiques participent à renforcer leurs habiletés, à interpréter et à exprimer des émotions. Les résultats de l’étude préliminaire menée par Bruno Wicker confirment le potentiel de ce programme essentiel pour le mieux-être de ces participant.e.s », ajoute Thomas Bastien, directeur de l’Éducation et du Mieux-être au Musée des beaux-arts de Montréal.

À propos de l’étude

Cette étude sur la perception d’œuvres d’art chez les personnes TSA a été menée par Bruno Wicker, chercheur au Laboratoire de neurosciences cognitives du CNRS (France) et chercheur invité au département de psychologie de l’Université de Montréal (UdM), en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Vingt-quatre personnes âgées de 18 à 49 ans, réparties en deux groupes d’adultes neurotypiques et de personnes ayant un TSA, ont participé à 10 visites et ateliers artistiques au MBAM animés par un médiateur muséal. Les sensations primaires provoquées par l’observation d’une œuvre d’art – avant et après ces ateliers – ont été mesurées par le chercheur grâce au système Eyetribe, qui enregistre les mouvements oculaires et la dilation pupillaire des participants. Les réponses émotionnelles (rythme cardiaque et résistance électrodermale) ont également été comparées. Les résultats prometteurs de cette étude réalisée entre septembre 2017 et novembre 2018 feront l’objet d’une publication prochaine.

À propos de Bruno Wicker

Bruno Wicker est titulaire d’un doctorat en biologie humaine, mention neurosciences, et chercheur au Laboratoire de neurosciences cognitives du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France. Il est également professeur invité auprès du département de psychologie de l’Université de Montréal. Depuis 2001, il consacre ses recherches à l’identification des bases cérébrales du comportement socioémotionnel et leurs dysfonctionnements dans l’autisme et le syndrome d’Asperger. Il est président du comité scientifique de la Fondation John Bost et conseiller scientifique auprès de la Clinique Autisme & Asperger de Montréal.

Le MBAM : un terrain nouveau pour la recherche

Le Musée s’appuie sur des projets de recherche pour valider les bienfaits réels de l’art et améliorer l’ensemble de ses programmes. En 2019, plus de 10 recherches en relation avec la santé et le mieux-être permettent d’évaluer et de bonifier de nombreux projets pilotes développés par le Musée en partenariat avec des art-thérapeutes, des professionnels de la santé et des chercheurs du milieu universitaire. Le MBAM est aujourd’hui devenu un véritable laboratoire de recherche destiné à mesurer de façon scientifique les répercussions de l’art sur la santé. Et les études réalisées à ce jour le prouvent : l’art fait du bien !

Image d’entête : Mikaël Theimer (MKL)

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Fondé en 1860, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) possède une collection encyclopédique de plus de 41 000 œuvres, de l’Antiquité à nos jours, ce qui la rend unique au Canada. Elle comprend des peintures, des sculptures, des œuvres graphiques, des photographies et des objets d’arts décoratifs, déployés dans quatre pavillons. Un cinquième pavillon consacré à l’art international et à l’éducation fut inauguré en novembre 2016 pour le lancement du 375e anniversaire de Montréal.

Hatley



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