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Les politiques rétrogrades du gouvernement de l’Ontario

La province réintroduit la chasse à l’ours du printemps qui entrainera la mort de nombreux oursons

Par Georges R. Dupras

En 1999, suite à d’une longue bataille entre les défenseurs des animaux et les chasseurs, les pêcheurs à la ligne, et les pourvoyeurs du nord de l’Ontario, ainsi qu’une pression croissante d’un électorat informé, le gouvernement de l’Ontario a interdit la chasse printanière à l’ours. L’interdiction de la chasse au printemps est entrée en vigueur lorsqu’il est devenu évident qu’il n’existait aucune donnée scientifique pour appuyer une activité qui entrainait la mort d’innombrables petits oursons rendus orphelins et qui décimait la population d’ours noirs.

Récemment, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et son gouvernement conservateur progressiste ont réintroduit la chasse à l’ours du printemps, et ce malgré des données scientifiques des années 90 qui confirment que cette chasse ferait mourir des oursons de soif, de froid et de faim ou d’attaques de prédateurs. Des données probantes confirment que les chiffres actuels de la population sont basés sur des estimations optimistes et que celles-ci proviennent en parties des chiffres rapportés par les chasseurs.

Récemment, le premier ministre de l’Ontario et son gouvernement ont réintroduit la chasse à l’ours du printemps, et ce malgré des données scientifiques des années 90 qui confirment que cette chasse ferait mourir des oursons de soif, de froid et de faim ou d’attaques de prédateurs.

Un taux de mortalité très élevé

Une étude a été commandée par le gouvernement de l’Ontario et menée dans des secteurs spécifiques qui avaient été précédemment chassés à l’excès. Ces secteurs ont été choisis parce que les chasseurs ne connaissaient plus, ou n’avaient jamais chassé l’ours. Le rapport a conclu que 70 % des oursons orphelins mourraient dans l’année où leur mère avait été tuée. Malgré des données professionnelles indiquant que la chasse printanière aux ours laisserait les oursons mourir de soif, d’exposition, de faim et de prédation, le Premier ministre Doug Ford et son gouvernement progressiste-conservateur ont rétabli la chasse printanière aux ours en 2020.

Cette chasse va à l’encontre de la science

Il n’y a pas de véritable justification pour appeler à l’appâtage et à la mise à mort de ces ours. Il peut exister une incitation économique marginale, mais l’argument de l’augmentation des incidents entre ours et humains ne tient pas debout. L’argument des ours nuisibles qui détruisent les bacs à compost et à ordures est plutôt une question de personnes qui n’assument pas leurs responsabilités civiques. Le ministère des Ressources naturelles du Québec a admis qu’il n’existe pas d’ours nuisible, mais seulement des gens ignorants.

Le conditionnement

En général, et à l’exception de la chasse aux phoques pour les blanchons au Canada, je ne connais aucune chasse autorisée par le gouvernement lorsque les jeunes dépendent encore de leur mère pour survivre. Bien que les chasseurs affirment qu’ils ne chassent pas les femelles pendant la chasse de printemps, les bûcherons expérimentés admettent qu’il est difficile d’identifier le sexe d’un ours dans la nature avant qu’il ne soit trop tard, ce qui signifie que l’ours a été tué ou mortellement blessé pour mourir ensuite ailleurs. La pratique croissante d’attirer les ours avec des appâts sert à conditionner et à désensibiliser les ours, et ceci aggrave le problème quant à l’identification du sexe de l’animal, dû au placement du chasseur qui est toujours à la recherche du meilleur point de vue. L’animal ne se placera pas au-dessus de l’appât pour permettre à l’observateur d’identifier son sexe.

‘Il n’y a pas de véritable justification pour appeler à l’appâtage et à la mise à mort de ces ours… Le ministère des Ressources naturelles du Québec a admis qu’il n’existe pas d’ours nuisible, mais seulement des gens ignorants.’

Ces ours, souvent des femelles en lactation, sont conditionnés par les actions de citoyens irresponsables à s’approcher et à pénétrer dans les zones résidentielles. Certaines municipalités et individus ne sont pas disposés à reconnaître ni à gérer les déchets qui attirent les animaux affamés près des communautés à cause des aires ouvertes de déchets, des bacs à compost et des poubelles non-résistantes aux ours, des BBQ sales, des mangeoires pour oiseaux, des buissons à baies et des sorbiers plantés près des habitations.

Plaintes des résidents

Certains résidents se plaignent des coûts liés aux programmes en place pour rendre leurs communautés à l’épreuve des ours. Ce sont les humains qui ont envahi l’habitat des ours, et non l’inverse. Les chasseurs prétendent être des écologistes, une affirmation qui n’a aucun rapport avec la réalité. L’utilisation de chiens pour la chasse à l’ours est un autre domaine d’extrême cruauté et est actuellement examiné par l’administration Ford.

Des pertes non-enregistrées

Il est courant qu’une femelle allaitante cache ses petits dans un arbre à une certaine distance de l’endroit où elle butine. Si cette femelle est tuée, ayant été attirée par un site d’appât ou poursuivie par des chiens, ses petits périront également. Étant donné que la femelle moyenne a deux petits et que le chasseur peut être réticent à admettre son erreur, tout chiffre émanant du gouvernement doit être accepté avec réserve. En 1998, le ministère des ressources naturelles de l’Ontario a déclaré que la chasse printanière aux ours avait entraîné la perte de 274 oursons par année. Tout bien considéré, lorsque nous parlons de la chasse printanière à l’ours, nous avons affaire à une gestion politisée basée sur le fait que nous désirons légitimer un but désiré.

‘Il est courant qu’une femelle allaitante cache ses petits dans un arbre à une certaine distance de l’endroit où elle butine. Si cette femelle est tuée, ayant été attirée par un site d’appât ou poursuivie par des chiens, ses petits périront également.’

Même s’il existait des preuves substantielles à l’appui de l’argument de l’augmentation des incidents de conflits entre les humains et les ours, cela ne justifierait pas en soi une chasse à l’ours au printemps. Il existe des programmes éprouvés pour protéger les communautés contre les ours conditionnés. En Ontario, Bear With Us, un centre de gestion et de réhabilitation des ours offre déjà un tel programme pour les communautés.

La préservation/conservation « politisée »

Cette initiative du parti conservateur progressiste de l’Ontario est un exemple d’un programme dévié par des intérêts politiques. Cela n’a rien à voir avec la véritable conservation, est sans fondement scientifique et contrecarre les efforts pour changer les préjugés profondément enracinés à propos des ours. La protection de l’environnement ou d’une espèce, telle qu’elle est pratiquée par certaines organisations et départements du gouvernement, ne sert qu’à perpétuer les mythes.

Si vous êtes préoccupé par cette politique rétrograde, je vous invite à contacter le premier ministre Doug Ford avant le 18 février 2020 sur la page ero.ontario.ca/notice/019-1112

Vous préférerez peut-être adresser vos inquiétudes par courriel au premier@ontario.ca

Avis : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.

Image d’entête : domaine public

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Georges Dupras

Georges R. Dupras se fait le champion et le défenseur des animaux depuis plus de 50 ans. Il est membre de l’International Association for Bear Research and Management (IBA), un directeur de l’Alliance pour les animaux du Canada (AAC), le représentant du Québec de Zoocheck Canada, et un ancien directeur de la Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (CSPCA). En 1966, il s’est impliqué dans la campagne initiale pour sauver les phoques qui a mené à la fondation de l’International Fund for Animal Welfare (IFAW) en 1969. Il a publié deux livres : Values in Conflict et Ethics, A Human Condition. Georges demeure à Montréal, Québec, Canada.


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