Cinquante Nuances plus Sombres
Est-ce le film parfait pour un rendez-vous amoureux de la Saint-Valentin ?
Par Luc Archambault
C’est à nouveau le temps des roses rouges, des rendez-vous chocolatés et l’occasion pour tout amoureux qui se respecte de démontrer sa délicatesse et d’emmener sa douce moitié voir un film tout romantique, et non, nous ne parlons pas de ‘Les Cercles’, ‘Robocop 18’ ou quelqu’autre film haut en testostérone, mais plutôt ‘Cinquante Nuances plus Sombres’, la suite du film de 2015, ‘Cinquante Nuances de Grey’, sorti en salles le weekend de la Saint-Valentin, comme celui-ci.
L’histoire ? Nous suivons les hauts et les bas d’un couple, Christian Grey (Jamie Dornan) et Anastasia Steele (Dakota Johnson). Si vous avez le film précédent encore en mémoire, vous vous rappellerez qu’Ana et Christian s’étaient laissés à la toute fin du film, Ana ayant développé une soudaine confiance en elle et ayant décidé de déployer ses ailes.
Mais alors, pourquoi y aurait-il une suite, et même un troisième épisode s’ils s’étaient définitivement séparés ? Nous sommes invités à imaginer une histoire menant à leur réconciliation et la renégociation des termes de leur contrat BDSM. Dans un élan d’indépendance, Ana trouve un nouvel emploi dans une maison d’édition dirigée par Jack Hyde (Eric Johnson, sans relation avec Dakota Johnson), un rival de Christian, bien entendu. Ce dernier, en parfait chevalier servant multimilliardaire, achète prestement l’entreprise de son concurrent amoureux.
Entretemps, les parents de Christian organisent un bal masqué et en vue de cet évènement celui-ci entraîne Ana au salon de beauté Esclava, un établissement dont il partage la propriété avec son ancienne dominatrix et initiatrice, Elena Lincoln (Kim Basinger). Ana en est toute froissée initialement mais pardonne vite à son beau prince. Cependant Elena est une bonne amie de la mère de Christian et, lors du bal, elle confronte Ana. Quant à Jack Hyde, il est renvoyé par Christian Grey après qu’il se soit révèlé être un prédateur sexuel en tentant de posséder Ana de force. Christian invite alors Ana à emménager avec lui et elle accepte. Mais alors qu’il est sorti de l’appartement pour aller cueillir les effets personnels d’Ana, une ex-submissive de Christian la confronte avec une arme, mais Christian revient juste à temps et soumet l’agresseuse dans un rituel BDSM. Ana, alarmée du besoin de son amoureux d’assouvir ainsi sa libido par la domination, prend la fuite.
Par la suite, laissant à nouveau ressortir son caractère submissif, Christian convainc Ana de lui revenir et le matin suivant, il lui demande de l’épouser. Elle n’accepte pas immédiatement, demandant un temps de réflexion avant de lui répondre. Entretemps, Christian doit se déplacer pour un rendez-vous d’affaire. Il s’envole donc aux commandes de son hélicoptère qui subit un avarie et s’écrase dans une forêt dense.
Alors qu’Ana et la famille de Christian attendent désespérément de ses nouvelles, il réapparait à l’appartement, apparemment sain et sauf. Ana, folle de joie, accepte de l’épouser sur le champs. Je vous laisse découvrir le reste de l’histoire par vous-mêmes, mais vous voyez où je veux en venir. Seule révélation : le film se termine sur l’image d’un Jack Hyde qui reste dans l’ombre, menaçant. D’ailleurs, la grande différence entre le roman et le film réside justement dans ce personnage. Dans le roman, il est clairement indiqué qu’il a saboté l’hélicoptère et qu’il représente un rival avec beaucoup plus d’envergure que dans le film.
Concernant le titre, ‘Cinquante Nuances plus Sombres’, nous avons droit ici à une quasi-supercherie. Qu’y a-t-il de si sombre dans ce film ? Les scènes d’ébat ? Pas le moins du monde. Elles sont toutes vanillées, même en comparaison avec son prédécesseur. Et la nudité ? À part quelques brèves scènes où paraissent des seins et des fesses, ceux et celles qui rêvent de nudité frontale vont être déçu(e)s. Rien en bas de la ceinture pour ces deux personnages.
Oui, ils font l’amour trois ou quatre fois, mais rien qui émoustillerait un véritable adepte de BDSM. Non, la seule portion sombre de ce film découle du visage figé par le botox de Kim Basinger, qui par moment semble sur le point de se fissurer. De plus, les noms accordés aux personnages secondaires rabaissent l’histoire au niveau de la farce, totalement assumée ou non. Lincoln, le libérateur d’esclaves ? Hyde, la moitié sombre du docteur Jekyll ? Un peu trop facile, à mes yeux.
Et la question qui presse : comment tout ceci se conjugue-t-il comme histoire, comme film ? Plus important encore, est-ce un bon film pour meubler un rendez-vous amoureux ? Pas si mal, dirons certains. Il peut titiller malgré sa saveur toute vanillée, surtout que Dakota Johnson offre, comme à son habitude, une belle présence à l’écran. Mais nous ne parlons pas ici de grand cinéma, même si ce film reste intéressant à sa manière, avec son côté un peu sage. Pour un vrai rendez-vous amoureux avec votre douce moitié, je me fierais plus aux roses et au chocolat, ou à votre propre imaginaire BDSM si le cœur vous en dit, plutôt que sur ce film.
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Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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