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Comment éprouver
un bien-être total

Il faut parfois prendre le temps de s’arrêter et voir si vraiment nous allons bien

Par Nevine Shazli

Précédemment publié dans WestmountMag.ca

Ça nous arrive plusieurs fois par jour, au bureau, dans notre quartier, au téléphone ou en famille. Quelqu’un nous dit « Salut, ça va? » et nous répondons, sans y penser, « Oui, ça va, et toi? » Nous faisons tous la même chose. N’est-il pas rare d’entendre dire « Je vais bien » avec conviction? C’est merveilleux de se dire bonjour en se croisant dans les corridors avec l’automatique « Ça va? »

Par contre, il faut parfois prendre le temps de s’arrêter et voir si vraiment nous allons bien. Un tel moment de réflexion est un luxe qu’il faut se permettre afin d’évaluer et d’améliorer notre bien-être. Pour notre bien et celui de ceux qui nous entourent, on se doit de s’interroger. Comment donc savoir si nous sommes en état de véritable bien-être? Qu’est-ce que le bien-être?

Nous voulons tous le bien-être. Au fond de nous, c’est notre plus grande motivation dans la vie. C’est notre plus grand objectif parce que le bien-être total et absolu comprend tout ce à quoi on peut penser quand on se pose la question « Qu’est-ce que je veux? » Cela inclut la santé physique et mentale, l’amour, la paix d’esprit, une certaine liberté financière, des relations enrichissantes, un travail gratifiant et une vision de quelque chose plus grand que nous.

Hélas, ce n’est pas surprenant que l’on ait de la difficulté à dire que ça va vraiment bien. Quand même, le bien-être total vaut la peine qu’on doit se donner pour le manifester. Après tout, c’est le seul accomplissement qui nous permettra, une fois sur notre lit de mort, de savoir que nous avons vécu notre plein potentiel.

Le bien-être total vaut la peine qu’on doit se donner pour le manifester.

En travaillant comme ergothérapeute pendant presque vingt ans, et à travers mon propre cheminement personnel, j’ai beaucoup appris sur la santé et le bien-être. Les maladies, déficiences et handicaps qui sont au centre de la majorité du curriculum en ergothérapie suffisent à rendre un étudiant déprimé et paranoïaque. La somatisation n’est pas rare (j’en étais victime).

Aujourd’hui, la santé physique est souvent perçue comme étant un luxe. Nous sommes tous entourés de personnes chères atteintes de cancer ou d’autres maladies chroniques ou dégénératives. On se dit « On est chanceux d’être en santé » ou « Pourvu qu’on ait la santé… C’est ce qui compte! » Et je ne dis pas que ce n’est pas vrai, mais l’absence de maladie ne suffit pas. Il faut être bien à tous les niveaux pour réaliser notre potentiel.

En ergothérapie, on utilise le modèle de rendement occupationnel, basé sur la théorie présentée par Kielhofner, qui place l’individu au centre de sa vie. Au cœur de la personne est la dimension spirituelle, entourée par les dimensions cognitive, physique et affective. L’individu participe à des activités dans le domaine de l’occupation: les soins personnels, la productivité et les loisirs. Ces activités se déroulent dans un environnement social, culturel, physique et même institutionnel.

Ce modèle, qui décrit l’interaction de la personne au sein de son environnement, est à la base de toute évaluation et intervention en ergothérapie. Cette vision holistique, bien sûr, est loin d’être limitée à l’ergothérapie (par contre c’est une des seules disciplines médicales qui prend en compte l’être humain au-delà de son corps).

De nombreuses disciplines alternatives sont basées sur le fait que la santé ne se limite pas à l’état physique. Le bien-être total, donc, inclut toutes les dimensions d’un individu ainsi que la situation de vie dans laquelle il se trouve.

‘Le bien-être total inclut toutes les dimensions d’un individu ainsi que la situation de vie dans laquelle il se trouve.’

Il existe toujours des exceptions, bien sûr. Une personne peut être venue au monde avec un handicap physique et se dire être bien, car elle s’est adaptée et a appris tôt à compenser pour le handicap. Un autre peut être en prison et se dire libre, car il a approfondit sa dimension spirituelle. Une autre personne qui n’a pas de ressources financières peut ressentir que sa vie est remplie malgré tout.

Mais en général, pour que quelqu’un se dise être en état de bien être total, il doit y avoir un certain équilibre. Corps, cœur, esprit et situation de vie doivent être en harmonie. Ceci ne veut pas dire qu’on ne rencontre pas de difficultés, de défis, d’obstacles et même de maladie occasionnelle.

Le bien-être n’est pas une destination qu’on ne peut jamais atteindre. Au contraire, c’est un processus par lequel nous sommes constamment en train de tenter de revenir à un état d’homéostasie. On revient au centre de nous-même et de notre vie encore et encore. C’est un chemin qui, au début, demande de l’effort et de la détermination, car il faut se défaire des mauvaises habitudes, de situations toxiques, de certaines façons de penser et de voir les choses, d’histoires encombrantes du passé, etc.

Il faut expérimenter et explorer plusieurs disciplines et les pratiquer de façon quotidienne, et, plus que toute autre chose, il faut être prêt à plonger au fond de soi pour toucher à l’âme, cette partie authentique en nous qui nous permet de vivre notre vérité. Le plus on chemine, le plus on retrouve notre légèreté d’esprit. Avec le temps, il devient naturel et plaisant de maintenir un état de bien-être.

‘Il faut être prêt à plonger au fond de soi pour toucher à l’âme, cette partie authentique en nous qui nous permet de vivre notre vérité.’

Quand nous pouvons dire « Je vais bien » et le croire vraiment, nous sommes libres de partager nos dons et notre personne avec le monde. Lorsque nos besoins fondamentaux sont remplis de façon régulière, notre vision globale se développe automatiquement. On est finalement libre d’aider notre voisin à mettre son masque d’oxygène.

On veut aider notre prochain à grandir et à être bien. On peut devenir la personne qui demande « Comment vas-tu ? » et qui prend le temps d’écouter la vraie réponse. On peut ainsi donner et contribuer au bonheur des autres. Une personne à la fois, le monde change ainsi. Il faut être bien afin de vivre dans un monde qui va bien.

Alors, chers amis, comment ça va?

Image : via StockPholio.com


Nevine Shazli

Nevine Shazli a obtenu son diplôme de l’École de physiothérapie et d’ergothérapie de l’Université McGill en 1997 et depuis travaille en tant que professionnelle de la santé dans le domaine de l’ergothérapie. En 2007, elle a complété une formation de professeur de yoga et depuis enseigne le yoga et la méditation à de petits groupes. Elle est aussi une pratiquante Maître de Reiki. Nevine vit dans la banlieue de Montréal, Canada, avec son mari, son fils de deux ans et leur bouvier bernoisnevineshazli.com



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