Contrôle des espèces :
Pragmatisme ou compassion
Les responsables doivent ouvrir les débats publics à toutes les personnes concernées
Par Georges R. Dupras
11 janvier 2024
Depuis quelques années, la Colombie-Britannique a attiré l’attention des écologistes du monde entier. Des questions, telles que la chasse aux trophées des grizzlis (une chasse actuellement illégale en Colombie-Britannique) ¹, l’abattage des loups (tirs depuis des hélicoptères), l’éradication des daims, et l’abattage des forêts anciennes, ont suscité la colère de personnes compatissantes de toutes les classes sociales.
Reconnaissant à quel point ces questions sont sensibles, des efforts plus importants auraient dû être déployés par les responsables pour ouvrir des discussions avec ceux qui se sont présentés dans l’opposition. Et cette ouverture aurait dû être fait bien avant qu’un vote ou une action ne soit entreprise. ² Les discussions sur les capacités de charge, les espèces envahissantes, la surpopulation, le changement climatique, les droits des autochtones, et une foule d’autres sujets connexes sont d’égale importance à un segment croissant de notre société. Restreindre ces discussions à un groupe démographique sélectionné ² aliène de nombreux électeurs qui se sentent désormais démunis et sans recours.
L’éradication de la population des daims sur l’Île Sidney
Le désaccord actuel a fait surface lorsque Parcs Canada a déposé un plan visant à éradiquer toute une espèce de cerf que les chasseurs avaient introduite sur l’Île Sidney. Cela peut être mieux décrit comme une réaction instinctive et indigne du statut professionnel que Parcs Canada recherche aux yeux du public.
Un principe de base pour réduire les chiffres
Pour qu’un tel plan soit pris en considération, la proposition doit inclure, au moins en partie, un décompte scientifiquement approprié des espèces à éliminer ou à éradiquer. ³
Quant à la décision d’éradiquer l’espèce de l’Île Sidney, cette décision a suscité des critiques de toutes parts. Personne ne ni l’impact des daims sur la végétation, ni qu’en éliminant les cerfs, la végétation qui est importante pour les indigènes se régénérera.
- L’utilisation d’hélicoptères pour abattre les cerfs la nuit, et l’utilisation de chiens pour aider les tireurs au sol. (Les daims sont actifs principalement du crépuscule à l’aube.)
. - L’irresponsabilité totale des chasseurs qui ont introduit le cerf dans un habitat étranger. 4
.
- L’échec apparent des chasseurs à financer au moins une partie des coûts de récupération et de relocalisation des daims..
.
- Une attention supplémentaire et prise en compte aurait dû être accordée au programme de stérilisation et de relocalisation des cerfs mulets dans diverses régions de la Colombie-Britannique. Beaucoup moins coûteux, moins de pertes. Il est important à noter que le coût de ce programme d’éradication des daims sur l’Île Sidney s’élève à 10,000$ par animal abattu.
. - Il y a eu peu de mention du coût pour les contribuables, dont 84% s’opposent à l’approche de Parcs Canada.
. - La précision de mener une telle tuerie la nuit.
. - Tirs depuis des hélicoptères
. - Si les femelles sont abattues, quel sera le sort des faons. Combien de ces jeunes bêtes périront suite à cette tuerie?
Les critiques affirment que l’opposition à cette éradication n’est pas pragmatique.
Chaque fois qu’il y a un effort concerté pour arrêter ou modifier les pratiques obsolètes d’utilisation des animaux, ceux d’entre nous qui soutiennent le changement ou l’abolition sont accusés d’anthropomorphisme, d’émotivité ou de manque de pensée pragmatique.
Certes, un monde dépourvu de normes pragmatiques ne pourrait pas fonctionner. Il y a des moments où nous sommes obligés d’ignorer ce que nous ressentons réellement pour accommoder les autres, et où la compassion est politisée dans l’intérêt du pragmatisme.
Cela dit, je ne souhaiterais pas faire partie d’un monde où l’empathie fait défaut, et la sensibilité est ridiculisée comme une faiblesse. Le pragmatisme régit peut-être le monde du travail, la politique et l’économie, mais les humains ne sont pas seulement définis par les registres des profits et des pertes. La compassion, la bonté d’âme, la sensibilité et l’amour sont des traits qui définissent qui nous sommes en tant qu’êtres humains.
- En 2024, la Colombie-Britannique réexaminera son plan de gestion des grizzlis.
- Si le processus se déroule comme au Québec, seules les industries animales sont invitées à commenter les plans de gestion. Souvent, le grand public est invité, après coup, à soumettre son point de vue dans un délai irréaliste.
- Aucun recensement professionnel du daim n’a jamais été entrepris.
- Trouver une méthode humaine pour corriger une situation qu’ils ont eux-mêmes créée.
Avertissement : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.
Feature image: Jos, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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Georges R. Dupras se fait le champion et le défenseur des animaux depuis plus de 50 ans. Il est membre de l’International Association for Bear Research and Management (IBA) et un ancien directeur de la Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (CSPCA). En 1966, il s’est impliqué dans la campagne initiale pour sauver les phoques qui a mené à la fondation de l’International Fund for Animal Welfare (IFAW) en 1969. Il a publié deux livres : Values in Conflict et Ethics, A Human Condition. Georges demeure à Montréal, Québec, Canada.
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