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Comment le son enregistré
est arrivé à Montréal

La E. Berliner Gramophone Company s’établit à côté de Westmount

Texte courtoisie du Musée des ondes Emile Berliner

Précédemment publié le 8 juillet 2017

En 1900, Emile Berliner installait sa compagnie à Montréal, au 367-368, rue de l’Aqueduc (actuellement rue Lucien l’Allier). Au courant de cette année, pour la première fois, la E. Berliner Gramophone Company est inscrite dans le Lovell’s Montreal Directory.

Le 24 juin, Emile Berliner enregistre aux bureaux des brevets canadiens à Ottawa le logo de sa compagnie, le chien Nipper écoutant un gramophone. Le 10 juillet 1900, le brevet américain a été octroyé. Plus tard cette même année, le logo Nipper a remplacé celui de l’ange pour la première fois sur le Hello my baby de Frank Bata.

Le 24 juin (1900), Emile Berliner enregistre… le logo de sa compagnie, le chien Nipper écoutant un gramophone.

Emile Berliner WestmountMag.ca

En 1900, un magasin spécialisé dans la vente de gramophones ouvre au 2315 rue Sainte-Catherine et Emmanuel Blout en est alors gérant général. La plus ancienne publicité retracée fût publiée dans le Canadian Magazine d’octobre 1900. Il est mentionné que les gramophones sont fabriqués à Montréal. Le 22 décembre 1900, Berliner Gram-O-Phone Company (selon l’orthographe utilisée par la compagnie à l’époque) fait paraitre une publicité dans le journal La Patrie mentionnant que désormais la compagnie presse des disques en français.

À l’automne 1900, une publicité de la compagnie mentionne une médaille gagnée à une exposition de Toronto. Cette exposition, ayant généralement lieu en août, confirme l’hypothèse qu’Emile Berliner a installé sa compagnie avant le mois d’août 1900. La E. Berliner Gramophone Company s’est également méritée une médaille d’or à la Pan American Exhibition of Buffalo la même année.

À l’approche des fêtes de Noël, probablement influencé par l’expérience de Berliner aux États-Unis, la publicité de la branche canadienne est très agressive. En effet, nous retrouvons dans La Patrie du mois de décembre 1901, plusieurs publicités de grand format annonçant le gramophone et les disques de langue française.

En 1899, la compagnie publie également un catalogue où des artistes franco-canadiens sont listés, entre autres, monsieur E. Danton. La compagnie publie également dans les journaux montréalais une liste d’enregistrements disponibles qui inclus : La Marseillaise par Gannini, En roulant ma boule, Vive la Canadienne et À Saint-Malo beau port de mer par Danton. Il est intéressant de souligner que E. Berliner est un des premiers à avoir enregistré des artistes francophones. Emile Berliner aurait également produit 2 000 disques durant sa première année d’exploitation à Montréal et en aurait vendu plus de deux millions dans la seule année 1901.

‘Il est intéressant de souligner que E. Berliner est un des premiers à avoir enregistré des artistes francophones.’

Victrola gramophone WestmountMag.ca

Gramophone Victrola

En 1901, la E. Berliner Gramophone de Montréal offre trois types de gramophones : le modèle de 15 $ qui pèse 25 livres et mesure 16 pouces de hauteur et 23 pouces de largeur. Le modèle Grand vendu à 40 $ qui pèse 45 livres, mesure 32 pouces de longueur et 22 pouces de hauteur. On le décrit en ces termes : « Il peut recevoir à volonté des registres de 10 ou 7 pouces. Prix complet avec la nouvelle boîte acoustique Turret Concert, de 21 pouces en acier vernissé, cornet amplificateur Bell en cuivre bruni, 200 pointes et boîte à pointes et choix de trois registres Grand. »

Le troisième modèle, Le Gram-O-phone des enfants, a une longueur de 10 pouces, une hauteur de 16 pouces et pèse 20 livres; il se vend 4 $.

En 1902, à l’approche de Noël, la publicité reprend dans La Patrie avec un aspect un peu différent, certainement associé à une meilleure compréhension du marché canadien français. Des enregistrements tel que le Magnificat et Ave Maria interprétés par le cœur de Saint-Étienne de Vienne à la Chapelle Sixtine sont proposés. La publicité fait également référence à des commentaires de prêtres catholiques sur le gramophone. Afin d’attirer la clientèle catholique « Un beau portrait en couleur de Sa Sainteté le Pape, fait en ivoirine et monté en épingle » est offert en prime à l’achat d’un gramophone.

Le nom d’Emile Berliner n’apparaissant pas dans le Lovell’s Directory ou dans l’annuaire Bell Telephone, nous permet de déduire qu’il n’a pas résidé à Montréal pour une longue période. Sa résidence première étant à Washington DC, il se déplaçait à Montréal lorsque cela était nécessaire.

RCA Building WestmountMag.ca

L’usine montréalaise sur rue Lacasse à Saint-Henri

En 1908, Berliner inaugure son usine montréalaise sur rue Lacasse à Saint-Henri. À l’édifice original de cing étages en briques, Berliner ajoute dès 1910, une annexe à ossature de béton. En utilisant le béton, Berliner se met à l’avant-garde de l’architecture industrielle à Montréal. En 1920, il fait appel au bureau d’architectes MacVicar & Heriot pour construire les ailes qui longent les rues Saint-Antoine et Lacasse. En 1931, lorsque l’usine est devenue propriété de la RCA Victor, deux entrepôts ont été construits.

Cinq ans plus tard, devant loger la direction, RCA Victor engage la firme Ross & Macdonald pour agrandir l’aile donnant sur la rue Lacasse. En 1941, RCA Victor se tourne vers l’architecte Gordon Lyman pour construire l’édifice 18 qui abritera le studio d’enregistrement. Deux ans plus tard, Lyman reconstruit l’aile de la rue Lenoir sur le site de l’usine de 1908 et 1919.

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Fondé en 1992, le Musée des ondes Emile Berliner est une corporation privée sans but lucratif au service de la société et de la collectivité. En tant qu’institution permanente, le musée a pour mission de sauvegarder, d’étudier et de diffuser le patrimoine matériel et immatériel associé à l’histoire culturelle, architecturale, technologique et scientifique de l’industrie des ondes sonores. Le Musée se veut un lieu d’échange, de création, d’éducation et de veille technologique. Le musée est situé dans l’édifice RCA au 1001 rue Lenoir, bureau E-206, Montréal
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