En état d’éveil à New York
Vivre pleinement, dans un état d’harmonie, de cohérence et de joie.
Par Nevine Shazli
C’était il y a presque dix ans, lors d’une fin de semaine d’été à New York City. J’allais rendre visite à mon amie qui demeure à Brooklyn, juste pour m’amuser, pour une escapade. Ce que j’ai vécu ce juillet là fut quelque chose bien au-delà d’un “bon moment”.
C’est seulement avec du recul que j’ai pu constater et apprécier ce qui s’est vraiment passé ce weekend, comment j’étais en état d’éveil, alerte, vivante, présente, observant tout ce qui se passait autour de moi. Les couleurs, les sons, et les goûts étaient vifs. Je sentais mes pieds bien ancrés sur terre, et en même temps je volais comme si j’étais sous l’influence d’une potion magique. Les choses se déroulaient avec facilité et synchronicité. Une sensation de paix et d’harmonie m’habitait. Quel cadeau du ciel que d’être en état d’éveil! Je n’ai pas revécu un tel état depuis ce fameux voyage (ou du moins pas si intensément), mais je sais que c’est possible d’atteindre un tel état. Voici comment j’en suis arrivée à mon éveil à New York.
J’allais rendre visite à mon amie qui demeure à Brooklyn, juste pour m’amuser, pour une escapade. Mais ce que j’ai vécu ce juillet là fut quelque chose bien au-delà d’un bon moment.
J’avais décidé que je prendrais le train. J’avais déjà fait le trajet au volant d’une auto et je n’avais pas envie de refaire la longue route et faire face à la circulation, les détours, les travaux de construction, le stationnement… Ce serait tellement plus simple et reposant de prendre le train.
L’arrivée du train à Central Station était prévue pour dans dix heures. Je me suis donc équipée pour le voyage. J’avais des livres, mon iPod, et mon oreiller. En passant, je me demande pourquoi il n’existe pas de train à haute vitesse reliant deux des plus grandes métropoles du nord-est américain. En tous cas, je suis montée à bord d’un wagon presque vide et me suis installée, prête à profiter du silence. Quelques minutes avant le départ, un groupe de jeunes hommes se sont embarqués également.
Je ne sais pas pourquoi m’est venue l’idée qu’ils se rendaient à New York pour un enterrement de vie de garçon. C’était peut-être les cannettes de bière, ou bien la couche rose surdimensionnée que l’heureux élu portait par-dessus son pantalon. Peut-être était-ce son ami tapageur, sûrement son garçon d’honneur, qui lui hurlait « Oublie pas, mon chum, que t’as pas le droit d’aller aux toilettes! », lui rappelant gentillement qu’il devait uriner dans la couche qu’il portait. Ma seule réaction fut de penser « Oh non… ».
Je ne sais pas pourquoi m’est venue l’idée qu’ils se rendaient à New York pour un enterrement de vie de garçon…
J’ai vite changé de wagon, mais les jeunes fêtards étaient déjà sur le party et se promenaient partout dans le train. Nul ne pouvait échapper à l’odeur d’urine qui devenait de plus en plus forte au fil des heures. Le train n’aurait pas pu avancer plus lentement. Je me souviens d’avoir vu des gens qui déambulaient à pied sur le côté de la voie ferrée nous dépasser. La chaleur extrême est apparemment un facteur qui affecte la vitesse à laquelle le train peut rouler. L’arrêt prolongé aux douanes ajouté à la vitesse réduite ont fait en sorte que le voyage a pris plus de treize heures.
Heureusement, j’étais préparée. J’avais avec moi des heures de méditations guidées, de yoga nidras (exercices de relaxation et visualisation) et de musique de nature spirituelle sur mon iPod et lecteur de cd. Avec mes écouteurs et les yeux fermés, je me suis retournée vers l’intérieur. J’ai facilement fais neuf ou dix heures consécutives de méditation, de relaxation, d’ouverture des chakras et d’écoute de musique qui transporte l’âme. J’ai aussi lu plusieurs livres dont un écrit par Deepak Chopra, qui nous emmène toujours au plus profond de nous-même.
Au début, l’effet fut subtil, mais arrivée à Central Station, je me sentais détendue, centrée et contente d’être finalement arrivée. Je me souviens de mon dialogue intérieur : « Je ne prendrai plus jamais le train pour aller à New York! » J’ai regardé autour de moi; des centaines, voir des milliers de personnes se déplaçaient dans toutes les directions. Et puis je l’ai vue parmi la foule.
Heureusement, j’étais préparée. J’ai mis mes écouteurs, fermé les yeux et j’ai médité, me recentrant sur moi-même.
Mon amie m’avait attendu patiemment pendant plus de trois heures. Elle m’a embrassée, et son sourire rayonnait. J’étais ravie de la voir. En se dirigeant vers la sortie, je lui ai raconté mon aventure avec le groupe d’hommes-enfants. Et puis, tout d’un coup, la porte de sortie s’est ouverte et l’air extérieur se mis à couler sur moi comme une chute d’eau. C’était une soirée d’été parfaite. La ville était vivante, et moi aussi. Je percevais chaque lumière et chaque bruit distinctivement, tout en même temps, comme une des plus belles symphonies. J’ai pris une grande respiration et j’ai fermé les yeux quelques secondes pour savourer l’instant.
Est-ce que je vivais une sensation d’euphorie en lien avec le fait que j’étais finalement arrivée, après treize heures passées à bord d’un train qui puait, et que je retrouvais une chère amie? Peut-être. Peut importe! Je me sentais tellement bien!
On s’est dirigé vers Brooklyn ou, une fois rendue chez mon amie, on a pris le temps de relaxer et de se parler avant de sortir danser. Normalement, me préparer pour sortir aurait été laborieux pour moi: comment me coiffer, quoi porter? Mais cette fois c’était différent. Je me sentais absolument bien dans mon corps, et je pouvais me regarder au miroir et voir une femme belle (rare pour moi) et confiante. J’aurais pu danser toute la nuit. Au retour, on est restées réveillées à rire comme des folles, tout en mangeant des croustilles de pomme de terres bleues. Je n’avais jamais ri aussi fort de toute ma vie. Mon ventre me fait encore mal (d’une maniêre plaisante) juste à y penser.
Et puis, tout d’un coup, la porte de sortie s’est ouverte et l’air extérieur se mis à couler sur moi comme une chute d’eau. C’était une soirée d’été parfaite. La ville était vivante, et moi aussi.
Durant les deux jours suivants, nous avons fait plein de choses, incluant quelques heures à la plage de Coney Island durant une journée parfaitement ensoleillée et chaude. On a bien rigolé lors de nos déplacements en métro. Une table parfaite nous attendait pour le dîner sur une terrasse magnifique dans la Petite Italie. Pourquoi mon état de félicité ne s’était-il pas atténué? Pourquoi est-ce que tout était si beau, si léger, si parfait? Même « Ground Zero » était empreigné d’une certaine sérénité. Bien sûr, il y avait une grande tristesse dans ce vaste trou, là ou cette horrible tragédie a eu lieu. Mais même dans ce vide, je ressentais l’amour qui uni l’humanité. Une chanson m’est venue en tête à ce moment là, celle de Bob Marley qui chante « One Love ».
Après une balade à Central Park en état d’appréciation intense de tout ce qui était vert, nous allions souper au restaurant. Quel repas! Mes papilles gustatives furent en feu avec cette explosion de saveurs. Prochain arrêt, une terrasse sur le toît d’un nouvel hôtel que je voulais visiter. En chemin, on s’est arrêté prendre un Red Bull pour faire le plein d’énergie. Après une gorgée, je réalisais que je n’avais aucunement besoin de cette boisson que j’ai mise à la poubelle. J’étais remplie d’une énergie totalement naturelle. On s’apprêtait à demander des indications pour retourner à l’hôtel quand j’ai levé les yeux, et voilà! Nous étions devant l’hôtel. Et devinez qui était à l’hôtel ce soir-là? Nul autre que Deepak Chopra! Il m’avait suivi, bien évidement.
Assises en train de siroter un digestif sur cette magnifique terrasse avec vue sur Times Square, je remarquais que mon « drink » ne m’affectait pas du tout. Je n’avais rien contre l’idée de prendre un petit coup; après tout, j’étais à New York en vacances, et je ne conduisais pas. Mais j’avais une clarté d’esprit comme jamais avant. Même ma vision était parfaite, sans lunettes.
Être éveillé n’est pas la même chose qu’être réveillé; en état d’éveil, on se sent vivant, en harmonie et cohérent. On est dans la joie, une joie calme ou on a quand même les pieds à terre.
Le lendemain on se disait au revoir. Je retournais à la gare de train, triste de quitter. Je savais, même si seulement au niveau de mon subconscient, que je quittais cet état d’extase. Un état tout naturel, gracieuseté d’heures passées à vibrer plus haut. Le retour fut plus tranquille et beaucoup moins malodorant qu’à l’allée. Mais ce fut long, trop long. Assez long pour voir mon état changer, petit à petit, jusqu’au retour à la normale.
Je fais souvent des rêves où je suis à New York. Je me réveille avec un désir d’y retourner. Dans mes rêves, les sensations visuelles et auditives sont vives, comme durant cette fin de semaine-là. Mon subconscient, je crois, tente de me rappeler l’importance de rechercher cet état d’éveil. Être éveillé n’est pas la même chose qu’être réveillé; en état d’éveil, on se sent vivant, en harmonie et cohérent. On est dans la joie, une joie calme ou on a quand même les pieds à terre. Ceci est l’état dans lequel notre plus haut « soi » existe, et c’est possible de s’y rendre et d’y demeurer. On a simplement à ouvrir la porte, à inviter cet état d’être à travers certaines pratiques telles que la méditation. Je n’oublierai jamais le « feeling », et suis incroyablement réconfortée de savoir que je peux toujours atteindre un état d’éveil quand je prends le temps de le cultiver. Mais quand même, je ne reprendrai jamais plus le train pour aller à New York!
Image: mehmet canli via StockPholio.net
Nevine Shazli
Névine a obtenu son diplôme de l’Université McGill en ergothérapie en 1997 et a travaillé en tant que professionnelle de la santé dans le domaine de l’ergothérapie jusqu’en 2014. Elle est coach de vie certifiée et détient aussi d’une certification en ThetaHealing. En 2007, elle a complété une formation de professeur de yoga et depuis enseigne le yoga et la méditation à de petits groupes. Elle est aussi une pratiquante Maître de Reiki. Névine vit dans la banlieue de Montréal, au Canada, avec son mari, son fils de de trois ans et leur bouvier bernois.
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