Gouvernements sans frontières
La misère des populations est à la mesure de l’indigence de leurs gouvernements.
Par Flavenne de Gué-Riche
Ces derniers, composés d’individus qui, pour la plupart, oeuvrent pour le bien de la collectivité, font ce qu’ils peuvent avec les moyens mis à leur disposition. Dans le cas des pays des tiers et quart mondes, ces moyens sont au tiers ou au quart du minimum requis pour assurer un bien-être décent à leurs commettants.
Des experts bénévoles de la sphère politique pourraient être aux gouvernements sans frontières ce que les États membres sont aux Nations Unies.
Ce qui s’est passé en Haïti, l’effondrement du toit d’un collège surpeuplé (bien avant le séisme de janvier 2010), lorsque des enfants ont encore une fois payé le prix fort l’incurie des gouvernants, m’a donné l’idée de Gouvernements sans frontières librement calquée sur le concept de messieurs Kouchner et de ses collègues visionnaires. Des experts bénévoles de la sphère politique pourraient être aux gouvernements sans frontières (GSF) ce que les États membres sont aux Nations Unies.
Il y a d’abord eu Médecins sans frontières (MSF) pour pallier la carence de médecins dans les pays du Tiers Monde; il y a eu Reporters sans frontières et même Clowns sans frontières, toujours pour les mêmes raisons de combler les vides de compétences quand la sécurité ou le moral des populations étaient en jeu. Le Tribunal pénal international a tout d’un Tribunal sans frontières et les Gardiens de la paix de l’ONU (Casques bleus), d’une Armées sans frontières.
Les compétences professionnelles de ministres et hauts fonctionnaires retraités à travers la planète s’évanouissent tranquillement en même temps que l’espoir chez une grande partie de la population mondiale.
Quand bien même les Nations Unies ou quelque autre pays donateur, par humanisme, solidarité ou intérêt, venaient en aide à un pays mal en point, on ne pourrait que constater par les antécédents en la matière que le cercle vicieux de l’incompétence généralisé due à la carence des moyens se refermerait rapidement sur les bonnes volontés auxquelles auront été attribuées les sommes allouées. Il n’y a aucune raison pour que ce piège ne réapparaisse ultérieurement.
Durant ce temps, les compétences professionnelles de ministres et hauts fonctionnaires retraités à travers la planète s’évanouissent tranquillement en même temps que l’espoir chez une grande partie de la population mondiale. Le gaspillage de cette formidable richesse que constitue l’expérience cumulée de toutes ces personnes ayant siégé dans les parlements de pays démocratiques, et nantis pour la plupart, est une honte de l’envergure de celle que constitue le budget militaro-industriel international et, pire, les sommes faramineuses naguère réunies en un tournemain pour sortir le système bancaire libéral du marasme économique dans lequel il s’était lui-même mis par manque d’éthique morale.
Dans une situation de crise nécessitant une aide internationale, il faudrait prendre en compte la susceptibilité des gouvernements lorsqu’il est question pour des étrangers de s’immiscer dans les affaires internes du pays.
L’idée est simple et complexe à la fois. Il s’agit de créer un bassin de femmes et d’hommes d’expérience en matière de gouvernance qui soient libres des contraintes de la vie professionnelle mais toujours disponibles pour participer ponctuellement à des missions d’ordre humanitaire là où leurs homologues de pays en situation précaire ou de crise en manifesteraient le besoin; une sorte de parrainage qui n’enlèverait aucunement le pouvoir politique des responsables en place mais les seconderait lorsqu’il s’agirait de prendre des décisions pertinentes ou de poser des gestes opportuns pour l’amélioration de la situation sociopolitique des concitoyens dont ils ont la charge.
L’intégrité morale de ces individus se devrait d’être au-dessus de tout soupçon et garantie par les Nations Unies; leur indépendance financière, leur volonté de servir bénévolement, leur participation motivée ni par l’ego ni par intérêt personnel seraient autant d’atouts propres à leur faire confiance. Les dépenses occasionnées par les déplacements et les séjours à l’étranger seraient prises en charge par le Fonds GSF créé pour l’occasion à même les sommes réunies par les pays donateurs.
Une façon pratique d’apaiser ces susceptibilités légitimes serait de lier le financement de la reconstruction à un parrainage fortement recommandé sinon obligatoire.
Dans une situation de crise nécessitant une aide internationale, il faudrait prendre en compte la susceptibilité des gouvernements lorsqu’il est question pour des étrangers de s’immiscer dans les affaires internes du pays quand bien même serait-ce pour assurer la survie de la totalité ou d’une partie de sa population.
Une façon pratique d’apaiser ces susceptibilités légitimes serait de lier le financement de la reconstruction à un parrainage fortement recommandé sinon obligatoire afin d’éviter les détournements habituellement observés lors de pareils situations sans surveillance appropriée. Le Fonds GSF pourrait répartir les montants reçus des pays donateurs, cette responsabilité encourageant les pays demandeurs à voir d’un oeil bienveillant la présence des conseillers et conseillères de GSF à leur côté. Dans le cas où un gouvernement, légitime ou non, se montrait insensible à cette offre d’aide internationale, la pression populaire augmentée de celle de la diaspora devrait mener le gouvernement récalcitrant à reconnaître le bien-fondé de ladite offre.
La crédibilité de Gouvernements sans frontières sera assurée par la réputation de l’ensemble des membres qui forment l’Organisation des Nations unies.
Afin d’assurer l’efficacité d’une telle opération, il est essentiel que chacun des membres du gouvernement national demandeur soit accompagné d’un bénévole délégué par GSF familiarisé avec la situation historique, politique, culturelle et sociale du pays auquel ses connaissances et son expertise seront appelées à contribuer à sa sortie de crise. Chaque marraine ou parrain aura au préalable étudié le profil du ou de la filleul.e alors que chacun.e des membres du gouvernement légitime aura pris connaissance du curriculum de son hôte.
La crédibilité de Gouvernements sans frontières sera assurée par la réputation de l’ensemble des membres qui forment l’Organisation des Nations unies dont GSF est une émanation et à qui ce dernier a à rendre des comptes. Par ailleurs, il est essentiel que la dignité des membres d’un gouvernement auquel la situation imposerait un mentorat soit valorisée par un investissement prioritaire dans le cadre physique dans lequel ils auront à légiférer afin de ramener la confiance des populations à l’endroit des institutions officielles au niveau d’une relation respectueuse entre les parties.
La transparence des décisions prises par le gouvernement élargi serait atteinte lorsque les questions d’intérêt public seraient débattues entre ministres et hauts fonctionnaires en présence de représentants des partis d’opposition, des médias et du public.
La transparence des décisions prises par le gouvernement élargi serait atteinte lorsque les questions d’intérêt public seraient débattues entre ministres et hauts fonctionnaires, légitimes d’une part et prêtés de l’autre, en présence de représentants des partis d’opposition, des médias et du public.
Une fois la mission des membres du GSF accomplie et la crise résorbée ou en voie de l’être, les liens tissés entre eux et leurs homologues seraient susceptibles de prolonger un rapport privilégié en termes d’échanges continus dans les domaines qui les concernaient durant leur collaboration ainsi que de profiter du réseau de relations politiques ou industriels du ou de la bénévole de GSF.
Image: Peter Burka, via StockPholio.net
Flavenne de Gué-Riche (nom de plume) se considère essentiellement comme un idéateur dont les créations s’expriment d’abord par les mots avant de devenir des scénarios, films, livres, inventions ou projets touchant une variété de sujets. Celui de Gouvernements sans frontières a la prétention de vouloir améliorer le sort du monde.
I like very much the idea of individuals with experience being able to do good as volunteers in other parts of the world, where their experience can be helpful. But I disagree with a couple of points: first, putting the United Nations in charge of anything is sure to be a disaster; second, as governments are frequently part of the problem, including the word “government” in the name of the entity gives the wrong message.
The issue really is one of stewardship; that is, looking after the resources and assets entrusted to one’s care and governance. That includes human assets, of course. So what about calling the organization “Stewardship without borders”?
Cher monsieur Olders,
Votre commentaire relatif à l’idée de GSF exposée dans la revue en ligne, Westmount Magazine, ajoute de la valeur au texte. La proposition de modification du nom en Intendance sans frontières m’a contraint à soupeser la validité de l’original par rapport au vôtre pour conclure que GSF avait davantage de chance de frapper l’imagination des peuples dans le désarroi, désireux de voir leur gouvernement apte à reprendre les affaires de l’État au plus vite grâce à un «gouvernement» d’appoint, plutôt qu’une «intendance», n’ayant d’autre motivation que de les voir se reprendre en main.
Je vous accorde que les gouvernements qualifiés de dévoyés constituent une crise en soi dont il faudra à l’avenir avoir les moyens de se débarrasser mais dans le cas qui nous concerne, il s’agit d’États freinés, voire arrêtés dans leurs efforts de garantir le bienêtre de leurs commettants. C’est là que GSF entrerait en scène.
Contrairement à mon opinion, je constate que votre appréciation des Nations unies n’est pas très élevée. L’Organisation n’est certes pas parfaite mais elle vaut pour son potentiel si la vigilance de ses membres demeure vive avec l’appui des populations. C’est dans cet esprit que je souhaiterais voir se développer ce projet.
Je vous suis reconnaissant de votre intérêt.
Cordialement,
Flavenne de Gué-Riche