Hydro Westmount :
la prépondérance du petit
L’autonomie hydroélectrique de la ville était auparavant assurée par la société Westmount Light and Power
Par Michael Walsh
Précédemment publié dans WestmountMag.ca
C’est une question de fierté civique… Gérer son propre service public est un excellent moyen de servir les citoyens : le temps de réponse est plus court, la qualité du service est meilleure et les impôts sont réduits. Que demander de plus ?
Danny Ponzo – ancien directeur de la Westmount Light and Power
Un petit livre d’enfants raconte l’histoire d’une petite locomotive déterminée à tirer un long train sur une montagne escarpée en se répétant « Je pense que je peux, je pense que je peux » alors qu’elle s’approche de la crête de la montagne.
Un parallèle avec cette histoire peut être fait avec la création de la société Westmount Light and Power (aujourd’hui Hydro Westmount) qui a démontré qu’une entreprise privée de production de vapeur pouvait concurrencer avec succès une grande entreprise hydroélectrique.
L’histoire commence en 1904 lorsque la Montreal Light, Heat and Power Corporation of Canada (MLH&P) augmenta ses tarifs. En conséquence, Westmount décida de construire sa propre centrale électrique comprenant un incinérateur pour éliminer les déchets locaux et produire de la vapeur. En 1905, la société était en service à l’emplacement actuel de la sous-station Glen. La MLH&P réagit en abaissant son tarif pour Westmount à 10 cents/kW, tout en maintenant le tarif de 12,75 cents/kW pour l’île de Montréal.
Il est intéressant de noter que pendant les vingt années suivantes, la centrale municipale a vendu et installé des appareils électriques depuis le sous-sol de l’hôtel de ville.
En 1910, la centrale municipale de Westmount produisait un surplus d’électricité et a réduit ses tarifs à 8 cents/kW, puis à 7,5 cents/kW un an plus tard. Ce qui est remarquable, c’est que Westmount exploitait une centrale à vapeur en concurrence avec la MLH&P, un monopole hydroélectrique imposant, tout en leur achetant de l’électricité et en la revendant aux entreprises et aux résidents locaux.
Westmount exploitait une centrale à vapeur en concurrence avec la MLH&P, un monopole hydroélectrique imposant, tout en leur achetant de l’électricité et en la revendant aux entreprises et aux résidents locaux.
Dans une tentative de faire chuter ce nouveau concurrent, MLH&P a fait aux clients de Westmount une offre d’achat de titres, à 30 dollars en dessous de la valeur du marché, à condition qu’ils se désabonnent du service municipal – moins de 10 % ont profité de cette offre.
Réalisant que cette tentative avait échoué, MLH&P a informé Westmount qu’elle ne vendrait plus d’électricité à sa centrale municipale à des fins de revente. Westmount a réagi en planifiant l’agrandissement de sa centrale pour répondre à l’augmentation des besoins.
Cette dernière décision a conduit le MLH&P à concéder sa défaite en cédant son réseau de distribution dans les limites de la ville de Westmount.
Cependant, la MLH&P a continué à surveiller de près ses concurrents. Plus précisément, en 1928, lorsque Westmount a commencé à fournir de l’électricité au-delà des limites de la ville, la MLH&P a lancé une contestation judiciaire. Celle-ci a finalement été réglée à l’amiable, Westmount devant fournir à la MLH&P une liste de clients en dehors des limites de la ville. Une deuxième contestation judiciaire a eu lieu lorsque Westmount a renouvelé ses contrats avec certains de ces clients. Ainsi, en 1935, la ville dû limiter la distribution d’électricité en dehors des limites de la municipalité, sur ordre de la cour du banc du roi.
Le coup de grâce a été porté en 1944, lorsque le gouvernement provincial a exproprié tous les actifs de laMLH&P, en les transférant à la Commission hydroélectrique du Québec (actuellement appelée Hydro-Québec).
À la même époque, Westmount Light and Power était prospère. Pour répondre à une demande accrue, une deuxième sous-station a été construite en 1951, au 331 Olivier. Le terrain appartenait auparavant, en 1899, aux écuries de J. J. McManus et au service de taxis équins Abbott.
La sous-station de Glen a été agrandie, en 1953, avec la construction d’un fourneau mono-thermique comprenant une cheminée de 115 pieds. Les cendres de l’incinérateur furent utilisées pour la construction des trottoirs en ciment de la ville. Le bâtiment est toujours sur place, bien que condamné en raison de sa teneur en amiante ; la cheminée a cependant été démolie.
Une troisième sous-station électrique a été construite en 1954 sur le versant nord du parc King George. En 1963, Hydro-Québec a lancé une offre publique d’achat pour acquérir les distributeurs électriques privés de la province. Un grand nombre de coopératives d’électricité et plusieurs distributeurs municipaux acceptèrent l’offre.
Ainsi, Westmount, Sherbrooke, Joliette, Magog, Coaticook, Baie-Comeau, Amos, Jonquière et une coopérative électrique de Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville devinrent les seuls acteurs, à l’intérieur de la province, à pouvoir acheter et distribuer leur propre électricité.
La popularité croissante des systèmes de chauffage électrique fit accroître la demande de capacité de la société Westmount Light and Power. Pour répondre à cette charge supplémentaire, une quatrième sous-station fut construite en 1993, sous les terrains du boulingrin de Westmount.
En 1963, un grand nombre de coopératives d’électricité et plusieurs distributeurs municipaux acceptèrent l’offre publique d’achat lancée par Hydro-Québec pour acquérir les distributeurs électriques privés de la province.
Contrairement à Westmount, de nombreuses municipalités ne voyaient pas l’intérêt d’entretenir leurs propres systèmes électriques et, de ce fait, les ont laissés se détériorer. Belleville et Senneterre ont été les dernières villes à vendre leurs réseaux à Hydro-Québec, à 20 cents sur le dollar.
Heureusement, Westmount n’a pas suivi le mouvement. Aujourd’hui, son réseau municipal comprend 165 kilomètres de conduites souterraines et 60 kilomètres supplémentaires pour l’éclairage public. Et tout cela est géré par un effectif d’environ 30 employés !
Les avantages se reflètent dans la facture d’électricité d’Hydro Westmount – le tarif actuel est de 7,5 cents/kW – en 1907, les clients de Westmount Light and Power payaient 10 cents/kW.
Alors, la prochaine fois que vous brancherez un appareil électrique sur une prise murale, pensez à l’histoire qui se cache derrière cette prise et à la petite locomotive qui descend la pente sur l’autre versant en se disant « Je savais que je pouvais, je savais que je pouvais ».
Je remercie sincèrement Benoit Hurtubise, ancien directeur de Hydro Westmount, pour sa précieuse contribution à cet article.
Images : Michael Walsh
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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent ses parcs et ses rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked
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