Idiot, deuxième volet
d’une trilogie fantastique
Une chorégraphie d’Helen Simard, inspirée du célèbre rockeur Iggy Pop
Par Luc Archambault
Comme la vie me ramène à la danse contemporaine, j’ai décidé d’être plus systématique dans mes critiques. Donc, au niveau de la danse, j’évaluerai les spectacles et chorégraphies selon cinq critères : la trame narrative, la chorégraphie, la musique, la scénographie et le facteur oumpf (l’apport subjectif de votre humble serviteur).
Revenons au spectacle Idiot, d’Helen Simard. Quatre danseurs, trois musiciens, une mise en scène minimaliste, un sujet : Iggy Pop. Malheureusement, n’ayant pas vu la première partie de cette trilogie intitulée No fun (2015), je ne peux donc pas évaluer cet opus dans ce cadre. Cependant, le programme fait mention d’une situation entre le spectacle chorégraphique, le concert rock et l’hallucination.
Helen Simard n’en est pas à ses premières armes dans le domaine de la danse contemporaine. Elle œuvre dans ce milieu depuis 2000, à titre entre autres de chorégraphe, interprète, répétitrice et chercheuse théorique (elle est doctorante à l’UQAM, au département d’études et pratiques des arts).
Trame narrative : La narration est ici éclatée, bien que d’une logique implacable. Il n’y a pas (ou peu) de ruptures de ton, peu de digressions. Tout se tient et fort bien. 17/20
Chorégraphie et danseurs : les danseurs sont excellents. Surtout Sébastien Provencher qui se démarque par son allure Iggy Popienne, sa gueule de junkie, sa maigreur excessive et sa démarche déjantée. Les chorégraphies sont intéressantes. 18/20
Musique (accompagnement sonore) : ici, les trois musiciens jouent du rock à tue-tête, et c’est ici pleinement justifié. Dans les rares moments de silence, les danseurs récitent des textes, entre autres, les paroles traduites en français de China Girl de David Bowie. Une musicalité parfois tapageuse, dérangeante même pour les tympans sensibles (des bouchons d’oreille furent fournis à l’entrée de la salle). 17/20
Scénographie : Bonne utilisation de la scène. Un échafaud à l’arrière est également mis à contribution. Efficace. 17/20
Facteur Oumpf : l’utilisation d’une lampe de poche qui, au moment où la salle est plongée dans l’obscurité et que seule cette lampe est allumée, est portée à bout de bras en des cercles alors qu’une faible fumée a envahi l’espace. Combinée à la musique endiablée, l’effet est incroyable et d’une beauté absolue. Pour ceci et pour le caractère assez punk de cette chorégraphie, un beau 19/20.
Une seule remarque, une petite lacune au niveau de la recherche, pour terminer : madame Simard, dans ses remerciements, fait mention de Dostoïevski. Ce qui est malheureux est l’absence de Andrzej Zulawski, qui a tourné L’amour braque en 1985, film qui est aussi une adaptation de l’Idiot et qui possède un fort caractère choréographique.
Note finale : 88%
Images: Claudia Chan Tak
Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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