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Il faut protéger
la rivière Saint-Pierre

Une solution appropriée et permanente au problème de la contamination est nécessaire

Par Louise Legault, directrice, Les Amis du parc Meadowbrook et huit cosignataires*

Nous sommes nombreux à être préoccupés du sort de la rivière Saint-Pierre qui traverse le terrain de golf Meadowbrook à Lachine. Il s’agit de l’un des rares endroits à Montréal où l’on peut encore voir cette rivière historique qui coulait autrefois du flanc de la Montagne jusqu’à Verdun et qui a été ensuite raccordée à la petite rivière Saint-Pierre qui, elle, se jette dans le Saint-Laurent à la Pointe-à-Callières, le berceau de la ville de Montréal.

Nous avions applaudi la décision de la Cour supérieure de juin 2018 qui forçait la Ville de Montréal à cesser de polluer la rivière, mais les choses ne sont jamais si simples.

La Ville de Montréal sait depuis au moins 2002 que le ruisseau est contaminé grâce aux études du Réseau de suivi des milieux aquatiques (RSMA). La pollution provient en fait du collecteur Toe Blake qui va de la Ville de Mont-Royal, traverse les villes de Côte-Saint-Luc, Montréal et Montréal-Ouest pour se déverser sur le golf Meadowbrook à la hauteur du parc Toe Blake dans Montréal-Ouest. Le collecteur est contaminé par des raccordements croisés (où les égouts domestiques sont reliés au collecteur pluvial plutôt qu’aux égouts) situés dans les villes de Côte-Saint-Luc et Montréal-Ouest.

Nous avions applaudi la décision de la Cour supérieure de juin 2018 qui forçait la Ville de Montréal à cesser de polluer la rivière, mais les choses ne sont jamais si simples.

La Ville de Montréal avait d’ailleurs entrepris en 2014 une analyse très rigoureuse du collecteur, regard par regard (160 prélèvements en tout) et avait repéré 167 raccordements fautifs à Côte-Saint-Luc et 51 à Montréal-Ouest. À partir de ce rapport, la Société pour vaincre la pollution (SVP) a repéré les secteurs où se trouveraient les raccordements inversés de même que les adresses des propriétés touchées. Nous avons remis ces adresses aux trois municipalités concernées.

St. Pierre River – WestmountMag.ca

La rivière Saint-Pierre à Meadowbrook avant le détournement – Image : courtoisie de Deanne Delaney

Nous avons plaidé auprès des villes de Montréal, Côte-Saint-Luc et Montréal -Ouest, de même qu’à l’Agglomération, mais n’avons obtenu que des réponses partielles. La Cour supérieure a donné à la Ville de Montréal jusqu’à la fin de 2019 pour stopper la pollution : l’administration montréalaise a donc décidé de détourner le collecteur Toe Blake en amont de la rivière, de manière temporaire, jusqu’à ce que les raccordements croisés soient corrigés. Nous craignons fort que cette solution devienne permanente et que la rivière en vienne à disparaitre.

Le fait de détourner ainsi le collecteur par temps sec nous préoccupe à plusieurs titres. Il réduit à n’en pas douter la pollution du cours d’eau, mais entraine l’assèchement de la rivière pendant les périodes de canicule, périodes qui se multiplient, on le constate, avec la crise climatique. Une telle mesure cause des dommages importants à la flore riveraine qui s’est implantée depuis que le propriétaire a cessé de tondre la pelouse jusqu’au bord de l’eau. La faune benthique, à la base de la chaine d’alimentation, a aussi du mal à s’implanter dans de telles conditions. Il y a plus cependant : c’est tout le système hydrographique qui serait affecté, puisque la rivière draine le terrain qui inonde au printemps, à la grande joie des oiseaux migrateurs qui en ont fait un arrêt dans leur périple annuel. Avouez qu’un tel spectacle n’est pas banal en pleine ville de Montréal!

‘… l’administration montréalaise a donc décidé de détourner le collecteur Toe Blake en amont de la rivière, de manière temporaire, jusqu’à ce que les raccordements croisés soient corrigés. Nous craignons fort que cette solution devienne permanente et que la rivière en vienne à disparaitre.’

Il nous faut sauver la rivière, la tendance voulant que les villes rouvrent les cours d’eau enfouis par le passé afin d’alléger les problèmes de surverse et la facture de traitement des eaux, tout en faisant échec à l’effet d’ilot de chaleur. S’il y a une chose que la pandémie à la COVID-19 nous a enseigné, c’est l’urgence de soigner notre environnement pour le plus grand bien de tous.

*Cosignataires :

Laetitia Deudon, doctorante et chargée de recherche en histoire environnementale, Université polytechnique Hauts-de-France/Université de Montréal

Daniel Green, président, Société pour vaincre la pollution

Georges Hébert, STOP

Kregg Hetherington, directeur, Ethnography Lab, Université Concordia

Catherine Houbart, directrice générale par intérim, Groupe de recommandations et d’actions pour un meilleur environnement (GRAME)

Lisa Mintz, présidente, Sauvons la Falaise

Gareth Richardson, président, Coalition Verte

Emmanuel Rondia, directeur général, Conseil régional de l’environnement de Montréal

Image d’entête : la rivière Saint-Pierre traversant le terrain de golf de Meadowbrook, par Andy Dodge

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Louise Legault - WestmountMag.ca

Louise Legault est membre du comité d’orientation de Les Amis du Parc Meadowbrook. Le groupe  défend la rivière Saint-Pierre et le terrain de golf Meadowbrook du développement résidentiel depuis trente ans afin d’en faire un parc nature relié à la falaise Saint-Jacques et au Sud-Ouest par la dalle-parc. lesamisdemeadowbrook.org


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