Dernier été pour
les calèches à Montréal
Malgré l’interdiction imminente des calèches, les chevaux ont encore besoin de notre aide
Par Mirella Colalillo
Traduit par Julie Poirier
Les montréalais compte les jours. Dans six mois, le 31 décembre 2019, le bannissement tant attendu des calèches prendra effet.
Ce résultat est atteint après 30 ans d’activisme débutant dans les années 90 avec les activistes du groupe Anti-Calèche Action qui ont remporté plusieurs victoires malgré le fait que l’exploitation des chevaux n’était pas considéré comme un problème à l’époque. Pourtant, ils ont réussi à réduire la limite de la température de travail, qui est passé de 34°C à 30°C.
En 2010, le groupe a passé le flambeau à l’Anti-calèche Defense Coalition, une communauté engagée qui a documenté et exposé sans répit les conditions de travail des chevaux de calèches.
Les autorités furent tenues sur un pied d’alerte avec des photos et des vidéos d’infractions quotidiennes et d’abus de chevaux rendues virales sur les réseaux sociaux, et que les campagnes de courriels et de plaintes à la ville et à la MAPAQ rendaient persistantes.
En conséquence, la règlementation des calèches a été révisée en 2017 sous l’administration Coderre afin d’améliorer les conditions de travail équin, mais en réalité elle ne fut pas appliquée. Cela a été confirmé en novembre 2018 lorsque le la mort du cheval Zeus dans des conditions atroces dans les rues du Vieux-Montréal.
Divulguer la réalité du traitement des chevaux de calèche a permis de sensibiliser plusieurs résidents et administrateurs de la ville qui ont conclus qu’avec tous les moyens de transport disponibles de nos jours il n’est plus acceptable de forcer des chevaux à tirer des calèches.
Ce fut une lutte contre un cercle vicieux de négligence. Depuis 2011 à Montréal, plus de 15 chevaux sont morts d’abus, de mauvaises manipulations, d’absence de soins vétérinaires et d’un manque d’application de la règlementation. La seule écurie encore en opération ne se conforme pas aux normes en vigueur et a failli à se soumettre à chacun des points cités dans la règlementation, section I, 60-70.
Depuis 2011 à Montréal, plus de 15 chevaux sont morts d’abus, de mauvaises manipulations, d’absence de soins vétérinaires et d’un manque d’application de la règlementation.
Le bannissement des calèches à Montréal aurait pu arriver plus tôt, permettant de sauver une douzaine de chevaux d’un sort horrible. En 2007, le nombre de permis fut réduit à 24, et on aurait pu s’attendre à ce qu’il n’y ait bientôt plus de permis restant, considérant qu’après trois infractions le permis est révoqués de façon permanente. Cependant, malgré plusieurs infractions documentées, aucune contravention ne fut émise.
Aujourd’hui, en 2019, les calèches sont perçues comme des reliques d’un temps où les animaux étaient des commodités. L’administration présente de la ville, dirigée par la mairesse Plante, a voté unanimement le bannissement des calèches en août 2018 et a offert de racheter les chevaux au coût de 1000$ chacun. La ville travaillera par la suite avec les sanctuaires et les organisations locales pour placer les chevaux dans des foyers sécuritaires et permanents. Ce plan les sauvera de l’abattoir au cas où les propriétaires décideraient de se débarrasser d’eux.
La ville a également offert d’aider les cochers à faire la transition vers de nouvelles carrières. Cependant, alors que certains prétendent qu’ils emmèneront leurs chevaux travailler ailleurs, d’autres s’adapteront à leur époque. Cependant, plusieurs craignent que les chevaux ne soient surmenés cet été en raison de l’interdiction imminente. Mais, ensemble, nous pouvons nous assurer que les règlements administratifs sont appliqués :
- Les chevaux ne doivent pas travailler lorsque la température dépasse 28°C, ni après 18h.
- Les chevaux ne doivent montrer aucun signe de maladies, blessures ou détresse, et ne doivent pas être fouettés.
- Il est obligatoire d’accorder dix minutes de repos entre chaque trotte.
- Une seule personne est autorisée par siège.
- Aucun passager n’est permis sur le siège du chauffeur.
- Le cocher ne peut laisser sa calèche sans surveillance.
- La plaque d’immatriculation à l’arrière de la calèche doit être visible et lisible.
‘… plusieurs craignent que les chevaux ne soient surmenés cet été en raison de l’interdiction imminente. Mais, ensemble, nous pouvons nous assurer que les règlements administratifs sont appliqués.’
Si une personne constate que l’un ou l’autre de ces points n’est pas respecté, elle est encouragée à documenter l’infraction au moyen d’une photo ou d’une vidéo horodatée, à noter le numéro de la plaque de la calèche et à composer immédiatement le 311. Si un cheval nécessite une attention vétérinaire, vous pouvez contacter la SPCA et déposer une plainte avec la MAPAQ qui enverra un inspecteur pour évaluer le cheval et prendre les mesures nécessaires.
Alors que le rideau tombe sur les dernières calèches de Montréal, les souvenirs de tous les doux géants que j’ai rencontrés au fil des ans, et dont les yeux imploraient l’amour et la compassion, vivent dans mon cœur. Puissions-nous continuer à évoluer en tant que société en tendant la main et en ouvrant nos cœurs à tous les êtres sensibles, afin de créer une planète plus éclairée.
Images : courtoisie de l’Anti-calèche Defense Coalition
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Mirella Colalillo défend les droits des animaux humains et non humains. Elle a dirigé la communauté de base de l’Anti-calèche Defense Coalition pendant huit ans et elle fait la promotion des voyages éthiques et durables dans son pays natal, l’Italie, via son blog culturel italien, Parlatè.
Enfin, Montréal se joint aux nombreuses villes qui ont interdit les calèches grâce au courage et à la persévérance de militants dévoués. Chapeau à vous tous !