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Les arbres de Westmount
et leur histoire /4

Lilas arboricole japonais et févier épineux

Par Michael Walsh

Précédemment publié le 2 août 2020

La tâche du poète est de montrer un arbre, avant que notre intellect nous dise que c’est un arbre.

– Yves Jean Bonnefoy 1923-2016

L’un des plaisirs inattendus associés à la découverte d’arbres à inclure dans cette série est de rencontrer les plus aimables personnes ayant un intérêt similaire.

Lors d’une récente promenade dans le parc de Westmount, j’ai remarqué un couple, transportant un guide de terrain sur les arbres d’Amérique du Nord, qui essayait d’identifier un bel arbre couvert de petites fleurs blanches odorantes près de la lagune du parc.

Japanese Lilac tree – Westmountmag.ca

Lilas arboricole japonais dans le parc Westmount

Je me suis approché sans hésiter et j’ai suggéré que c’était peut-être un lilas japonais ; ils m’ont regardé de façon plutôt suspicieuse et j’ai continué à parler de l’arbre fossile (le séquoia) près de l’aire de jeux des enfants et du spectaculaire catalpa, en pleine floraison, juste derrière nous. Heureusement pour moi, c’est ce dernier qui a suscité leur intérêt pour connaître les noms et les anecdotes des arbres qui ornent notre parc et d’autres arbres un peu partout sur l’île.

Lilas japonais dans le parc Westmount / Japanese tree lilacs in Westmount Park

Lilas arboricole japonais

Une fois leur suspicion passée, nous avons consulté l’index de leur guide des arbres sous « Japonais » – Mélèze japonais – Tilleul japonais – Magnolia japonais – mais aucun lilas japonais n’était répertorié. Pour une raison quelconque, les auteurs (et les éditeurs du livre) ont décidé de ne pas l’inclure dû aux contraintes et aux nombreux paramètres qui constituent l’industrie de la publication de livre de nos jours.

Ce qui suit est un autre échantillonnage d’arbres, poussant dans le parc de Westmount (y compris le lilas japonais). Ils sont analogues à d’autres, plantés antérieurement, et génétiquement programmés pour vivre bien au-delà de notre espérance de vie. Ces arbres nous accompagnent pour nous montrer leur beauté intemporelle.

Lilas arboricole japonais (Syringa reticulata)

Japanese Lilac tree bloom Westmountmag.ca

Fleur de lilas arboricole japonais

On ne peut pas s’empêcher de remarquer les lilas japonais dans le parc de Westmount, avec leur parfum odorant et leurs petites fleurs de couleur crème. En regardant de près, on peut voir que les fleurs poussent séparément en grappe le long de l’axe de la tige (appelé racème) puis commencent à se ramifier en formant des panicules (une grande inflorescence en grappes, ou racème composé).

Le nom de genre syringa vient du grec syrinx, qui signifie un tube creux et décrit les tiges creuses de l’arbre. Le nom de l’espèce reticulata vient du mot latin qui signifie en forme de filet, décrivant le motif des nervures des feuilles.

En fait, les feuilles sont la caractéristique distinctive de cet arbre : elles sont ovoïdes (ovales) et effilées à l’extrémité et contiennent également de minuscules poils (cils) sur leur face inférieure.

Cette espèce, introduite en Amérique du Nord en 1876, est originaire de l’Asie de l’Est, du nord du Japon, du nord de la Chine, de la Corée et de l’extrême sud-est de la Russie. C’est le seul lilas qui se transforme en arbre à maturité. Cela peut être une surprise pour ceux qui présument qu’ils plantent un buisson dans leur jardin.

Les aficionados du lilas assistent par milliers à une fête qui se tient chaque année le deuxième dimanche de mai (le dimanche du lilas) à l’Arnold Arboretum de l’université de Harvard. L’arboretum contient l’une des plus importantes collections de lilas en Amérique du Nord.

Févier à trois épines (Gleditsia triacanthos f. inermis)

Honey Locust tree Westmountmag.ca

Févier à trois épines, ou épine du Christ

En se promenant dans le parc depuis l’entrée de l’avenue Melville, on trouve une rangée d’arbres, du côté est du chemin, qui sont des espèces similaires. (J’ai souvent pensé qu’il devait y avoir eu une vente lorsque ces arbres ont été plantés). Ils sont néanmoins très beaux à voir. Leurs petites feuilles jaune-vert poussent à partir d’une seule tige et peuvent contenir jusqu’à 30 folioles horizontales sans qu’il y en ait à l’extrémité de la tige (s’il y en a une, il s’agit d’un robinier faux-acacia). Leur canopée a été décrite comme étant presque fractale, avec ses couches de feuilles symétriques qui se croisent, montent et s’enroulent en spirale et ses rameaux tordus.

Leur genre, appelé Gleditsia, est nommé d’après Johann Gleditsch (1714-1778), directeur du jardin botanique et du musée botanique de Berlin-Dahlem. L’espèce triacanthos se traduit par à trois cornes – du grec treis (trois) et akantha (épine) – et décrit les épines de l’arbre.

Ils sont originaires du centre-est des États-Unis, du centre de la Pennsylvanie au Dakota du Sud, en passant par le centre du Texas, l’Alabama et le Maryland. Ils ont été largement plantés dans les environnements urbains pour remplacer les ormes qui ont succombé à la maladie fongique de l’orme hollandais.

La variété qui se trouve dans le parc Westmount est un cultivar – une variété de plante obtenue en culture, généralement par sélection, pour ses caractéristiques réputées uniques – sélectionné pour l’environnement urbain. Il est intéressant de noter que l’espèce indigène possède des épines massives, en groupes de trois, qui peuvent mesurer plus de trente centimètres de long, et pointant vers le bas à partir du tronc de l’arbre. Il est peu probable que l’on ait envie de planter une telle espèce dans un parc urbain ! Dans le passé, ces épines étaient utilisées comme clous et comme épingles pour les uniformes en lambeaux, durant la guerre civile américaine.

‘Les premiers colons, en découvrant cet arbre à gousses, ont utilisé les termes bibliques « sauterelle » et « miel » pour décrire la pulpe sucrée des graines immatures.’

Thornless Honey Locust tree leaves WestmountMag.ca

Feuilles de févier à trois épines

De la famille des légumineuses (dont les principales sont les haricots et les pois), l’arbre donne de grosses gousses brun foncé de plus d’un mètre de long, contenant des graines dures. Les références bibliques incluent Jean-Baptiste qui se nourrissait avec les gousses du caroubier dans le désert.

Les premiers colons, en découvrant cet arbre à gousses, ont utilisé les termes bibliques sauterelle et miel pour décrire la pulpe sucrée des graines immatures. En fait, les graines contiennent du maltose – que l’on trouve rarement dans les plantes.

Pour conclure, le folklore raconte pourquoi le criquet pèlerin a développé de formidables épines. Le diable en a escaladé une pour entrer dans le jardin d’Eden, dans une tentative de détruire l’arbre préféré d’Adam – un cornouiller. Honteuse d’avoir aidé le Diable, la sauterelle a développé un collier hérissé de fortes épines pour que personne ne puisse plus jamais la gravir. (Legends and Lore of Texas Wildflowers, Elizabeth Silverthorne).

Images : Michael Walsh
Image d’entête : Andrew BurloneButton Sign up to newsletter – WestmountMag.caAutres articles de Michael Walsh
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Michael Walsh - WestmountMag.ca

Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Aujourd’hui, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent les parcs et les rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked



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