Les arbres de Westmount
et leur histoire /6
Des tilleuls indiquent le cours d’un ancien ruisseau dans le parc Westmount
Par Michael Walsh
Précédemment publié dans WestmountMag.ca
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi les rues résidentielles de Montréal sont disposées en bandes étroites du nord au sud – et les rues commerciales d’est en ouest ? La réponse est assez intéressante. La mer de Champlain s’est retirée il y a 10 000 ans, laissant derrière elle une myriade de rivières et de ruisseaux. En 1627, le système seigneurial de distribution des terres en Nouvelle-France a capitalisé sur ces voies d’eau, plus précisément avec de longues parcelles étroites de terre agricole, les rangs, divisées en lots mesurant 3 x 30 arpents, garantissant aux agriculteurs l’accès à l’eau de surface qui coulait généralement du nord au sud. (L’exception étant le Chemin de la Côte-des-Neiges qui lui suivait un cours d’eau appelé le Ruisseau Rainbault).
Le nom Glen fut choisi parce que la région ressemblait à une de ces profondes vallées écossaises, et son cours était décrit comme un « ruisseau frais coulant vers un bassin où les canards et les oies se nourrissent.
Plusieurs ruisseaux traversaient l’actuel parc Westmount et convergeaient vers le ruisseau Glen (aujourd’hui l’intersection du Chemin Glen Road et de Sainte-Catherine) à Westmount. Le nom Glen fut choisi, dans les années 1800, parce que la région ressemblait à une de ces profondes vallées écossaises, et son cours était décrit comme un « ruisseau frais coulant vers un bassin où les canards et les oies se nourrissent ». Le ruisseau se jetait alors dans le lac Saint-Pierre, près de Saint-Henri des Tanneries. Il est intéressant de noter que sous le pont en arche de pierre du Chemin Glen, il y a un trou d’homme où l’on peut encore entendre l’eau du ruisseau couler.
Mais quel est le rapport, me direz-vous, avec les arbres dans tout ceci ? – en fait, beaucoup d’espèces d’arbres préfèrent la proximité de l’eau et certains ont poussé le long de cours d’eau présents à l’origine du parc mais maintenant disparus. C’est le cas des tilleuls qui bordent un chemin à l’entrée du parc sur l’avenue Melbourne, indiquant le cours d’un ancien ruisseau qui coulait du mont Royal jusqu’à Saint-Henri.
‘Les tilleuls qui bordent le chemin à l’entrée du parc sur l’avenue Melbourne indiquent le cours d’un ancien ruisseau qui coulait du mont Royal jusqu’à Saint-Henri.’
Ces arbres sont connus sous le nom de tilleul d’Amérique (Tilia Americana). En Angleterre, on les appelle limes (à ne pas confondre avec le nom utilisé pour les agrumes). Durant la préhistoire, on extrayait une fibre libérienne de l’écorce interne de l’arbre, comme le prouve la découverte d’un homme de glace vieux de 5 300 ans trouvé dans les Alpes de l’Ötztal, et qui portait un étui de couteau et des doublures de chaussures faites de fibres libériennes.
Les tilleuls sont facilement reconnaissables à leurs feuilles asymétriques en forme de cœur aux bords dentelés. Une caractéristique unique est une feuille modifiée (« bractée ») qui est attachée aux fleurs et aux fruits de l’arbre de la taille d’un petit pois. Leurs fleurs au fort parfum (semblable à celui du jasmin) peuvent produire de grandes quantités de nectar que les abeilles transforment en miel blanchâtre et décrit comme ayant un goût mentholé. La grande abondance de nectar des arbres se reflète dans une ruche de l’Iowa qui aurait produit 600 livres de miel de tilleul en 30 jours. L’habitat naturel des tilleuls d’Amérique s’étend du Nouveau-Brunswick au Manitoba et, vers le sud, jusqu’au Texas.
‘L’habitat naturel de ces arbres s’étend du Nouveau-Brunswick au Manitoba et au sud jusqu’au Texas.’
De plus, les feuilles et les fleurs sont utilisées pour faire une tisane apaisante au goût « boisé ».
Enfin, selon la mythologie grecque, la nymphe de la mer Philyre, fille de Téthys (déesse des mers) et d’Océanus (dieu des océans) donna naissance à un centaure nommé Cheiron. Affligée d’avoir donné naissance à un enfant moitié homme et moitié cheval, Philyre demanda aux dieux de la soulager en lui donnant une forme humaine. Les dieux l’obligèrent en la transformant en un beau tilleul. Cheiron resta avec sa mère, au pied de l’arbre, où elle l’éduqua avec sagesse et gentillesse. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, le tilleul est associé à l’amour et à la charité
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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Aujourd’hui, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent les parcs et les rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked
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