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Lieux de Westmount:
L’avenue Brooke

L’histoire derrière le familier : les anciens résidents de l’avenue Brooke

par Michael Walsh

Précédemment publié dans WestmountMag.ca

Combien de personnes savent où se trouve l’avenue Brooke ? Pour ma part, je n’avais aucune connaissance de l’existence de cette rue. Ce n’est pas étonnant, étant donné qu’elle ne figure pas dans le rôle d’évaluation de la municipalité.

La rue rend hommage à Thomas Walker Brooke et George Brooke, du comté de York, qui possédaient des propriétés d’investissement à Côte Saint-Antoine. Elle se situe entre la rue Selby et la rue Saint-Antoine. La partie est est bordée par un ancien bâtiment commercial, construit en 1933 et maintenant converti en logements, au 3035 de la rue Saint-Antoine, et du côté ouest, par d’autres logements situés au 3101 de la rue Saint-Antoine.

3035 St-Antoine Westmount

3035, Saint-Antoine

L’ancien bâtiment a été transformé au fil des décennies. Il a d’abord été utilisé comme atelier de réparation pour Moreland Motors dans les années 1930, puis occupé par Bristol-Myers (aujourd’hui Bristol Myers Squibb) dans les années 1940, et plus tard comme entrepôt pour la compagnie D. W. Ogilvie.

Le dernier occupant a été l’Aviron Technical Institute dans les années 1960, qui a ensuite formé l’Aviron Security Academy. Dans les années 2000, le bâtiment a été brièvement utilisé comme studio d’art (Studio 371). Aujourd’hui, l’immeuble appartient à un résident du chemin Edgehill et est utilisé comme unité de location.

Le second bâtiment comprend deux unités de location avec des entrées sur la rue Saint-Antoine et l’avenue Brooke (numéros d’unité 4 et 6). Le propriétaire actuel de l’immeuble réside près de Kingston, en Ontario.

3031 St-Antoine Westmount

3031, Saint-Antoine

On pourrait dire que, dans son état actuel, la rue est dépourvue de charme. On pourrait transposer cette rue dans le paysage urbain de n’importe quelle ville nord-américaine sans grande difficulté. Cela n’a cependant pas toujours été le cas.

Si l’on remonte dans le temps, on constate que la rue était une communauté résidentielle dynamique où l’on trouvait toute une gamme de commerces dont beaucoup étaient liés à la proximité des voies ferrées de la divisions Atlantique et Nord-Ouest du Canadien Pacifique.

Janet Steele on Brooke Avenue circa 1924

L’avenue Brooke vers 1924 – Image : Archives du Musée McCord

Il est intéressant de noter que la rue était initialement un prolongement de l’avenue Clandeboye et portait ce nom jusqu’en 1897. Aujourd’hui, la rue Clandeboye se termine à la rue Prospect.

Le premier immeuble résidentiel, le numéro civique 8, construit en 1898, était occupé par un boulanger nommé Eugène Olivier.

En 1899, la population résidante de cette rue avait été multipliée par douze et présentait un échantillon représentatif de professions allant des couturières aux marchands de pianos.

On peut imaginer la rue bordée d’arbres, de jardins potagers et de fleurs, de vitrines de magasins exposant les dernières marchandises et le bruit des enfants jouant.

La transformation de cette communauté dynamique, pleine de potentiel, en un lieu aujourd’hui morne et stérile, s’est déroulée sur une période de quarante ans initiée par la coupure de la rue Clandeboye par les voies ferrées du CPR. Sans une traverse sûre, la rue est devenue isolée du reste de la municipalité.

Cette situation a été aggravée par le fait que les résidents ne bénéficiaient d’aucune protection de zonage, la rue étant destinée à un usage commercial. C’est ainsi que, dans les années 1950, des intérêts commerciaux se sont installés, remplaçant toutes les adresses résidentielles sauf une, le numéro civique 6.

La transformation de cette communauté dynamique, pleine de potentiel, en un lieu aujourd’hui morne et stérile, s’est déroulée sur une période de quarante ans initiée par la coupure de la rue Clandeboye par les voies ferrées du CPR.

La présence de ces commerces sur la rue a toutefois été de courte durée. En 1967, la construction d’une bretelle d’accès à l’autoroute transcanadienne (autoroute Ville-Marie) a entraîné la démolition de quatre propriétés sur la rue et de quarante-trois autres sur la rue Selby adjacente. L’effet de ces expropriations a entraîné un exode des intérêts commerciaux. En 1970, il ne restait que deux commerces : un atelier de rembourrage et une entreprise de location de machines.

map Brooke Avenue Westmount

Carte montrant l’avenue Brooke sous le nom Clandeboye, 1890 – Image : Charles Goad Atlas of Montreal

Dix ans plus tard, la rue a perdu tout intérêt commercial ou résidentiel et est restée dans sa forme actuelle jusqu’à ce jour. Une triste fin pour une rue qui avait autrefois un énorme potentiel.

A posteriori, on peut se demander comment les choses auraient pu être différentes si le Canadien Pacifique avait fourni un passage sûr au-dessus de ses voies, un élément qui n’est pas couvert par la Loi sur les chemins de fer, ou plus récemment, si le ministère des Transports avait tenu compte des solides arguments académiques opposés à l’emplacement de l’actuelle bretelle de l’autoroute Ville-Marie.

Les choses étant ce qu’elles sont, jetons un regard sur certains des anciens ocupants qui avaient élu domicile sur l’avenue Brooke et réfléchissons à ce qui aurait pu être – et aurait dû être.

bottle top Brown-Buchanan Dairy

Bouchon de bouteille de la laiterie Brown-Buchanan

8 Brooke
Eugene Olivier, boulanger (1897)

9 Brooke
George H. Brown, laiterie Brown-Buchanan Dairy Ltd. (1939)

Dépôt de récupération du corps royal de l’armée canadienne (1943)

Corporation Ideal Building Hardware (1959)

Bijouterie Jewel Sales Company (1959)

Royal Canadian Army Service Corps badge

Insigne du Corps royal de l’intendance de l’armée canadienne – Image : Creative Commons

Compagnie Dibblee Tools Limited (1959)
Fournisseur de composants pour la marine et l’industrie, aujourd’hui connu sous le nom de Dibblee Tools Ltd et situé à Pointe-Claire.

Robinson William Inc., William J. Robinson Ltd (1959)

La compagnie Wall Manufacturing (1959)

Young Brothers Stamp Works, fabrication d’outils d’estampillage (1959)

American Tack Company Limited (1959)
Fournisseur de punaises et de clous décoratifs pour meubles. Aujourd’hui connu sous le nom d’AmerTac, le siège social est situé à Breinigsville, en Pennsylvanie.

Young Brothers Stamp Works logoBrearley Company (1959)
L’un des plus grands fabricants de balances pour salles de bains

Crest Specialty (1959)

Darlaston Galvanized Company Limited (1959)

Evans Tapes ad

Publicité pour les rubans adhésifs Evans, Evans Rule Co. – Image : Popular Science, mars 1956

Simmons Eastern Manufacturing Company Limited (1959)

E. H. Tate Company (1959)
Fondée en 1875, aujourd’hui connue sous le nom de Bulldog Hardware

Capital Manufacturing Supply (1959)

Marshall Thomas and Son Company Limited (1959)

The Evans Rule Company Limited (1959)
Image: Popular Science (mars 1956)

The Exact Level and Tool Manufacturing Company Limited (1959)

Montreal Typewriter Company Limited (1959)
Incorporée en 1929 et dissoute en 2003

Exact Levels ad

Annonce d’Exact Levels – Image : Hardware Age, 22 juillet 1954

L’Institut technique Aviron (1959)
L’institut de formation fonctionne actuellement sous le nom d’Institut Technique Aviron de Montréal à Saint Laurent

Dart Marketing Services (1968)

Matheis Upholstering (1970)

locations Machines S. SLS Rentals (1970)

10 Brooke
Mlle A. Goudreau, couturière (1899)

12 Brooke
Frank Singer, Laminoirs de Montréal (1899)

« Laminoirs et usines produisant des articles tels que des clous, des outils et des chaudières établis principalement à Montréal. La plus grande entreprise est la Montreal Rolling Mills Company, fondée en 1869… Ses laminoirs sont des installations modernes équipées de machines à vapeur et emploient 400 ouvriers. Utilisant de la fonte en provenance d’Angleterre, l’entreprise réalise une variété de productions ; en 1881, elle est devenue le plus grand producteur de tuyaux de fer. »
– Quebec: A History 1867-1929

Montreal Rolling Mills - WestmountMag.ca

Laminoirs de Montréal – Image : © Musée McCord M930.50.8.285

Stelco logo13 Brooke
Walter Semple Bowden, The Steel Company of Canada (1935)
Aujourd’hui, exploitée sous le nom de Stelco à Hamilton, en Ontario.

16 Brooke
Charles William Koppel, lithographe (1899)

Charles Koppel lithograph

Lithographie de Charles Koppel, 1855 – Image : Affiliation culturelle et descendance linéaire des peuples Chumash, Musée d’histoire naturelle de Santa Barbara, décembre 1999.

18 Brooke
Thomas Dionne (1899)
Épiciers Dionne & Dionne. Épiciers et bouchers en gros et au détail, 4120, rue Sainte-Catherine. Bâtiment endommagé par un incendie, avril 1936.

Dionne and Dionne Grocers

Charrette tirée par des chevaux de Dionne et Dionne – Image : Flickr

20 Brooke
Edward James Sheppard (1929)
Service de vérification, Chemins de fer nationaux du Canada

Willis Pianos ad

Image : Montreal Gazette, 25 novembre 1912

21 Brooke
Révérend John James Willis (1913)
Recteur, église St-Jude, Montréal

« Son père était le propriétaire de la société de fabrication de pianos et d’orgues Willis & Company. L’entreprise montréalaise a été fondée en 1884 et, à son apogée, elle fabriquait 3 000 pianos par an. Elle a cessé ses activités en 1978. Les orgues Willis ont servi dans des paroisses anglicanes à Montebello, dans l’ouest du Québec ; à Stanbridge East dans les Cantons de l’Est ; dans le quartier de la Petite-Bourgogne à Montréal ; et à Hudson Heights et Como, dans Vaudreuil. »
– Bibliography on English-speaking Quebec

23 Brooke
Chemin de fer Canadien Pacifique (1899)

25 Brooke
F. H. French, conducteur, Chemin de fer Canadien Pacifique (1899)

26 Brooke
Gilbert Martin, marchand de meubles (1901)

29 Brooke
William Ross, coiffeur (1899)

Canadian Pacific logo

31 Brooke
Richard Harvey, Machinist (1899)
Bâtiment conçu par Robert Findlay.

35 Brooke
Peter McCarty, contremaître, chantier de Windsor (1900)

37 Brooke
E. S. Campbell, marchand de pianos (1900)

49 Brooke
Thomas McRobie, employé des chemins de fer (1900)

Image d’entête : Avenue Brooke, par Michael Walsh
Autres images : Michael Walsh, sauf mention contraire

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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Maintenant, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent ses parcs et ses rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked




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