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Lieux de Westmount:
La rue Stayner

L’histoire derrière le familier : les anecdotes des anciens résidents de la rue Stayner

Par Michael Walsh

24 octobre 2022

La rue Stayner – J’aimerais vous parler de ce trésor caché, comme nous appelons souvent notre petite rue nichée entre deux grands axes routiers – la rue Dorchester et l’autoroute Villa Maria, dans ce qu’on appelle « le bas-Westmount », ou, comme l’appelait Mordechai Richler… « Lower, lower Westmount ». Sa mère était propriétaire d’une maison dans notre rue pendant de nombreuses années. Nous l’appelons en plaisantant Upper Saint Henri…

– Roma Gelblum Bross, Friendly Streets: Letters from the West End, Montreal Gazette, 17 septembre 2009

J’ai toujours eu une profonde affinité pour la rue Stayner car elle me rappelle des souvenirs d’après-midi d’été passés dans le parc peu fréquenté de cette rue. En fait, ce parc, conçu par Istvan Mezes en 1970 sur le site de l’ancien Institut méthodiste français, est l’un des secrets les mieux gardés de Westmount – un autre est le parc Devon, situé sur l’avenue Upper Lansdowne.

Stayner Park Westmount

Parc Stayner • Image: Andrew Burlone

French Methodist Institute - WestmountMag.ca

Institut méthodiste français • Image: imtl.com

Le nom de la rue a également une particularité douteuse : c’est le mot le plus mal orthographié de la ville. Plus précisément, elle est appelée « Staynor » ou « Stayner », selon le contexte. La question est la suivante : quel est le nom exact ? En regardant la plaque de rue et le rôle d’évaluation, la rue est nommée « Stayner » ; cependant, les délibérations du Conseil, jusqu’en 2013, font référence à l’un ou l’autre des deux noms.

Pour résoudre cette question, il faut remonter dans le temps jusqu’au 4 mai 1896. À cette date, Edward K. Greene (auquel rend hommage l’actuelle avenue Greene) et G. A. Greene cèdent à la ville tous les droits sur Stayner (ainsi que sur les avenues Columbia, Bruce et Prospect).

La rue a été appelée Stayner jusqu’en août 1902, lorsque son nom a été changé par inadvertance pour Staynor en raison d’une erreur de transcription. Il faut se rappeler qu’à cette époque, les délibérations du Conseil étaient écrites à la main. Les corrections étaient faites en barrant les erreurs et en insérant les substitutions dans les marges de gauche.

Plus important encore, ces corrections devaient être approuvées par le maire de la ville. C’est ce qui s’est produit en août 1902 lorsque, en raison d’une erreur de transcription, le nom Prospect a dû être remplacé par Stayner. En barrant le premier nom, le nom mal orthographié Staynor a été inséré dans la marge. Le maire Lighthall a apposé ses initiales sur la correction, si bien que les noms « Staynor » ou « Stayner » sont restés dans l’usage courant jusqu’en 2013. (Une situation similaire s’est produite avec l’avenue York ; une erreur de transcription a changé le nom en Yorke pour plusieurs années).

Thomas Allen Stayner

Thomas Allen Stayner • Image : Chronologie de l’histoire de la Poste canadienne

À ce stade, on peut se demander : à qui (ou à quoi) le nom Stayner fait-il référence ? La rue Stayner rend hommage à Thomas Allen Stayner (1788-1868), parfois mal orthographié « Staynor », maître général des Postes du Haut et du Bas-Canada et juge de paix pour le district de Québec en 1838 et pour le district de Trois-Rivières en 1839. En outre, il a été directeur de la Banque de Québec (1841), membre fondateur du chemin de fer Québec et Melbourne, président de la British and Canadian School (1835) sous le patronage de Lord Aylmer et administrateur de la Royal Foundation for the Advancement of Learning, aujourd’hui l’Université McGill.

Ses propriétés foncières étaient vastes et suscitaient des questions de l’Assemblée législative quant à la façon dont elles furent acquises avec son salaire de fonctionnaire provincial. En fait, en 1851, on lui a demandé de préciser pourquoi le bureau de poste, dont les recettes annuelles se chiffraient à 400 000 $, ne présentaient aucun excédent à la fin de chaque exercice financier.

Ses possessions comprenaient des propriétés à Québec (1845), Stoneham (1845), la rue Saint-André à Montréal (1845), une propriété délimitée par l’avenue Hallowell et le chemin Upper Lachine (1845), deux fermes au sud de Montréal bordant le fleuve Saint-Laurent (1845), une ferme près de St.Lawrence (1845), une ferme près de Sainte-Foy (1836), une portion de l’avenue Dorchester attenante aux propriétés de Selby à Côte-Saint-Antoine (1845) et des propriétés dans le fief et la seigneurie de Madawaska et du lac Témisconata dans le comté de Rimouski.

19 Stayner Westmount

19 Stayner

À ce stade, la pertinence d’un nom de rue pour l’héritage de Thomas Stayner est laissée à l’appréciation du lecteur.

Quant à la genèse de la rue elle-même, son histoire est assez banale. Elle reste gravée comme un quartier résidentiel tranquille et familial, rempli de bruits d’enfants jouant dans l’un des endroits secrets les mieux gardés de Westmount.

Partons y faire une promenade et découvrons les anecdotes qui se cachent derrière les belles maisons qui constituent la rue Stayner d’aujourd’hui.

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En 1890, la résidence est utilisée comme chapelle auxiliaire par l’église St. James the Apostle pour les résidents anglicans de la Côte-Saint-Antoine.

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Joseph Rosenthal, bijoutier (1932)
Appartements Staynor (sic.) (1942)

st georges snowshoe club

Le club de raquette St-Georges Snowshoe Club aux portes de McGill, Montréal 1880 • Image : Domaine public

Order of the British Empire

Order of the British Empire

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William Squire, quincaillerie en gros (1896)
Capitaine George Sully (1900)
Relieurs Plow et Sully, surintendant de l’atelier de reliure The Gazette et premier président du club de raquetteurs St. Georges Snowshoe Club.

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Thomas Earle, décorateur de Chine (1900)

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Propriété de la Ville, démolie en 1953

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Chef d’escadron George Everett Wilson (1943)
Décoré du titre de commandeur de l’ordre de l’Empire britannique (militaire)

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James J. Taylor (1896)
William Johnson Dickson et Compagnie, et Alex Ramsay et Fils

33 Stayner Westmount

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« Les origines de la société A. Ramsay and Son remontent à la fondation d’une entreprise de peinture à Montréal, en 1842, par Alexander Ramsay et John McArthur. En 1855, le partenariat des deux hommes a pris fin lorsque Alexander a choisi de faire cavalier seul. En 1864, il prend son fils Alexander junior comme associé, et l’entreprise adopte alors le nom de A. Ramsay and Son. Elle se spécialise dans l’importation de peintures, de vernis, de verre et de matériaux pour artistes. Deux ans plus tard, après le décès du fondateur, son fils prend l’affaire en main et incorpore la société sous le nom de A. Ramsay and Son Limited. Cette transition correspond au début d’une forte phase d’expansion, qui conduit l’entreprise à devenir l’une des plus importantes sur le marché canadien de la peinture. »
– Répertoire du patrimoine culturel du Québec, 2013

Caporal G. F. Kennedy, 87e bataillon, tué au combat en 1917.

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William Rutherford, William Rutherford and Sons (1896)

« Westmount perd un citoyen éminent en la personne de W. Rutherford. L’ancien maire et conseiller municipal de la ville de banlieue est décédé à l’âge de 68 ans. Industriel de premier plan, il était directeur de l’entreprise de bois portant le nom de la famille et de diverses associations sportives. »

43 Stayner Westmount

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« Un drapeau était en berne hier au-dessus de l’hôtel de ville de Westmount. Il indiquait que la municipalité pleurait l’un de ses fils les plus distingués – William Rutherford, ancien échevin, ancien maire et homme d’affaires très connu, qui est décédé samedi soir à son domicile, 458 avenue Mount Stephen. Il était âgé de 67 ans et était malade depuis longtemps. Toujours intéressé par les affaires civiques, M. Rutherford fut élu par acclamation au poste le plus élevé que la municipalité pouvait offrir, celui de premier magistrat. Il a occupé le siège de maire pendant le mandat de 1911-1912 et, auparavant, il avait été conseiller municipal durant trois ans. Ses activités commerciales étaient essentiellement axées sur la Rutherford Lumber Company, anciennement connue sous le nom de William Rutherford and Sons, Company, Limited. Cette entreprise fut fondée par le père de M. Rutherford. Au moment de sa mort, il était directeur de cette entreprise après avoir occupé pendant de nombreuses années le poste de trésorier. »
– Montreal Gazette, 29 février 1932

71 Stayner Westmount

71 Stayner

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Le soldat Ernest A. McNown, Corps canadien de mitrailleurs, a reçu la Médaille militaire en 1920

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Henry Grant Rogers, comptable, A. Walford chartered accountants (1920)

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T. H. Blair, Intercolonial Railway (1896)
L’Intercolonial Railway a appartenu au gouvernement du Canada de 1872 à 1918. Après cette date, elle fit partie des Chemins de fer nationaux du Canada.

E. A. Mumford, courtier de licences de mariage et d’assurance (1909)

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A. Clark, Chemin de fer Canadien Pacifique (1896)

71 Stayner
Artilleur Charles H. Muckle, mort au combat en 1917

Lachine Hydroelectric Dam

Le barrage hydroélectrique de Lachine • Image : Ministère des Terres et Forêts, domaine public, via Wikimedia Commons

77 Stayner Westmount

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77 Stayner
John A. Dodds, surintendant, Lachine Rapids and Hydraulic Power Company (1913)
La centrale hydroélectrique de Lachine, inaugurée le 25 septembre 1897, est la première centrale hydroélectrique à desservir la région de Montréal, au Québec.

John Hasson Mille (1914)
Accablé par les émanations de gaz de charbon, il est mort alors qu’il supervisait les travaux de rénovation de sa résidence.

80 Stayner (aujourd’hui le parc Stayner)
Institut méthodiste français (1896)
Institution éducative pour les enfants protestants de langue française, dirigée par l’Église méthodiste.

Décrit comme l’un des points de repère religieux du Grand Montréal, l’institut fut acheté par la ville en 1936 et démoli pour l’aménagement d’un parc. En 1947, la ville a acheté six appartements du côté est du parc. Ils ont été démolis en 1953 pour faire place à un nouveau pavillon. En 1969, le parc n’était plus qu’une zone clôturée et recouverte de gravier. Il a fallu une pétition des résidents voisins pour obtenir de la ville des courts de tennis, des pataugeoires, des toilettes et un aménagement paysager.

83 Stayner Westmount

83 Stayner

83 Stayner
A. J. Whitham, The Whitham Shoe Company (1900)
James B. McKay, Bury and McDougall, connu plus tard sous le nom de Caledonia Iron Works (1919)

Image d’entête : Andrew Burlone
Autres images: Michael Walsh, sauf mention contraire

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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Maintenant, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent ses parcs et ses rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked




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