Lieux de Westmount
Personages et objets
Les anecdotes derrière le familier qui reflètent la véritable trame sociale de Westmount
Par Michael Walsh
Précédemment publié dans WestmountMag.ca
Il y a des aspects de la vie dans les petites villes que j’aime vraiment – la routine, l’idée que les gens vous connaissent, ainsi que vos goûts et vos aversions.
Cress Williams
Imaginez que vous êtes assis dans un avion, lors d’un voyage, et que la personne à côté de vous entame une conversation. « D’où venez-vous? » demande-elle. Vous répondez « de Westmount, au Québec » – ce à quoi elle réplique, « Où est-ce? » Une autre personne, dans un siège adjacent, répond: « C’est un endroit où tout le monde se connait et où il fait bon vivre ! ».
Et les raisons sont variées : c’est un endroit où les familles se sentent en sécurité et éprouvent un sentiment d’appartenance. Il y a aussi une routine réconfortante d’évènement annuels qui célèbrent l’appartenance à la communauté.
Il y a aussi l’aspect historique qui est évident à travers la ville: les maisons, les noms des rues et les plaques installées pour marquer les événements importants. Ce qui suit est un aperçu de petites histoires de lieux, de personnages qui les ont habités et d’objets qui reflètent la trame sociale de Westmount.
‘Ce qui suit est un aperçu de lieux, de personnages qui les ont habités et d’objets qui reflètent la trame sociale de Westmount.’
61, Rosemount
Andrew Rutherford, William Rutherford et fils (1900).
Tiré d’un article de la Gazette de Montréal, daté du 29 février 1932 : « Westmount a perdu un éminent citoyen, W. Rutherford, ancien maire et échevin de la ville de banlieue, décédé à l’age de 68 ans. Industriel de premier plan et dirigeant de la compagnie de bois d’oeuvre portant le nom de famille, et de diverses associations sportives.
Le drapeau était en berne hier au dessus de la mairie de Westmount. La municipalité pleurait un de ses concitoyens les plus distingués, William Rutherford, ancien échevin, ancien maire et homme d’affaires bien connu, qui est décédé samedi soir à son domicile, au 458 de l’avenue Mount Stephen. Il avait 67 ans et était souffrant depuis longtemps.
Toujours intéressé par les affaires civiques, M. Rutherford a été élu par acclamation au plus haut poste que la municipalité pouvait offrir, celui de premier magistrat. Il a occupé le poste de maire de Westmount de 1911 à 2012, et a été conseiller municipal pendant trois ans auparavant.
Ses activités commerciales étaient concentrées autour de la Rutherford Lumber Company, anciennement connue sous le nom de William Rutherford and Sons Company Limited, entreprise fondée par le père de M. Rutherford. Au moment de son décès, il était administrateur de la société, après avoir servi pendant de nombreuses années en tant que trésorier. »
44, Rosemount
Arthur Lyman, Lyman Sons & Co. (1900).
Les principales activités de l’entreprise de chimistes et droguistes se trouvaient sur la rue Saint-Paul, dans de vastes locaux construits en 1855 et qui furent incendiés en 1888. Les activités de vente en gros et au détail se sont poursuivies jusqu’à la confédération, lorsque la vente au détail a été abandonnée. La fabrication de produits pharmaceutiques, d’huile de lin, de peintures et d’huiles avait lieu dans un endroit distinct, sur le côté sud du bassin du canal de Lachine. Ces produits ont remporté des médailles lors de plusieurs expositions dont celles de Paris en 1855 et 1878. De plus, les Lyman étaient des importateurs de médicaments, de graines, d’huiles, de colorants et de couleurs de peintres. (Canadian Bibliography)
470, Strathcona
Edmond McMahon, médecin légiste (1899).
Edmond McMahon. maître de chapelle, chanteur, avocat et médecin légiste, est né à Sainte-Rose (aujourd’hui Laval), près de Montréal, le 18 octobre 1852, et est décédé à Westmount le 2 février 1942.
Il fut reçu au Barreau de Montréal en 1881 et devint ensuite médecin légiste en 1892, puis juge de paix de la ville de Westmount en 1894. Il fut successivement maître de cérémonie à l’église Saint-Joseph, à la cathédrale de Montréal (1888-93) puis à l’église Notre-Dame (1897-1906).
Edmond McMahon fut également rédacteur en chef de l’Album littéraire et musical La Minerve et collabora de 1896 à 1899 à L’Art musical. Il est l’auteur d’une méthode élémentaire de chant publiée à Montréal en 1880, dont Ernest Gagnon a vanté les mérites dans une lettre à l’auteur, datée du 25 août 1880 et publiée dans Le Canada musical, le 1er avril 1881 : « À chaque page de votre livre, on constate que vous possédez l’érudition nécessaire pour donner à votre œuvre les plus amples proportions, et que c’est bien à dessein que vous restez dans les limites du cadre que vous vous êtes tracé. Vous avez bien fait de vous en tenir à un traité élémentaire : il importe de vulgariser l’étude et la pratique du chant, et ce n’est pas avec les longs traités que l’on atteindra ce but ». (The Canadian Encylopedia)
96, Columbia
T. M. Todd – Administrateur, Allan Line (1899).
Grâce à des concepts d’ingénierie novateurs, les navires de la Allan Line prospérèrent sur l’Atlantique et sur d’autres routes commerciales. Le premier paquebot en acier à naviguer sur l’Atlantique fut le Buenos Ayrean de la Allan Line, en 1880. Au tournant du siècle, la compagnie eut de la difficulté à financer de nouveaux navires et fut vendue à la Canadian Pacific Steamships Ltd en 1909. (The Canadian Encyclopedia)
69, Columbia
C. E. Wolfkill – Dominion Bridge Co. (1899)
La Dominion Bridge Company, fondée à Toronto en 1879 sous le nom de Toronto Bridge Company, déménagea à Lachine en 1883 pour fabriquer des superstructures en fer et en acier pour les ponts et les bâtiments. Attiré par les vastes étendues de terrains peu coûteux le long du canal, l’entreprise fut directement liée au développement de Lachine. elle a progressivement agrandi son complexe en achetant plus de terres et en ajoutant un atelier d’usinage en 1897, puis en faisant plus d’ajouts entre 1925 et 1935.
Employeur important à Lachine, la Dominion Bridge a construit de nombreux gratte-ciel et ponts à travers le Canada, notamment le pont ferroviaire de Reversing Falls à Saint John, au Nouveau-Brunswick, et le pont entre Kanahwake et Lachine. L’entreprise et sa filiale, Davie Industries, ont fait faillite en 1998 et, suite aux efforts concertés et aux protestations des syndicats, les actifs ont été achetés par le Groupe ADF Inc et le Fonds de solidarité FTQ. En 2003, l’ADF a menacé de fermer les installations qui ont ensuite été aquises par Cintube, un ancien partenaire de la Dominion Bridge spécialisé dans le cintrage de précision de tubes, tuyaux, poutrelles et caniveaux. (Canada Heritage)
Les corneilles du parc Westmount
Une entrevue avec Kevin McGowan, un ornithologue de l’Université Cornell, fournit un aperçu fascinant sur le comportement de cette espèce intéressante d’oiseaux.
Pourquoi les corneilles fréquentent-elles les villes? L’environnement urbain offre plusieurs avantages aux corneilles. Les villes sont souvent de 5 à 10 degrés plus chaudes que les zones rurales, un avantage par temps froid, et peuvent offrir une protection contre les chasseurs. Les autres prédateurs, comme les grands hiboux à cornes qui se nourrissent fréquemment de corneilles, sont sans doute moins nombreux dans les zones urbaines. La lumière artificielle peut aussi aider les corneilles à observer les chouettes la nuit, et les villes offrent de grands arbres servant de hauts perchoirs.
Les corneilles ont une caractéristique attachante qui n’est apparemment pas partagée par les autres oiseaux : elles peuvent identifier les gens en tant qu’individus. Alors que des mésanges peuvent manger dans votre main, je soupçonne qu’elles ne vous reconnaissent pas en tant qu’individu. Les corneilles par contre pourront le faire. Si vous leur offrez régulièrement des cacahuètes, de préférence non salées et dans leur gousse, elles vous attendront et vous surveilleront. Et si vous le faites assez souvent, elles vous suivront dans la rue pour en avoir plus, même si vous êtes en voiture.
Je ne suis pas certain du nombre de mètres de l’emprise de la frontière de Westmount vers l’ouest sur l’avenue Claremont. Il y a cependant un immeuble à appartements intéressant qui y fait face, le Richelieu, construit en 1926 et conçu par C. P. Tetle, et situé au 418 de l’avenue Claremont.
Les escaliers sont en marbre italien, les rampes en acajou massif et les planchers des couloirs sont recouverts de carreaux de céramique française. On y trouve une œuvre d’art originale, bien que détériorée, dans les couloirs et le hall. Une anecdote rapporte qu’un locataire, il y a plusieurs années, a eu des difficultés financières et a réalisé les peintures pour payer son loyer.
65, Arlington
James Crankshaw, avocat (1897)
L’importance de la profession d’avocat ne peut être surévaluée, et parmi les membres de cette profession, M.J. Crankshaw mérite un hommage particulier. En 1883, cet avocat populaire a commencé sa pratique qui n’a cessé de croître, lui attirant une clientèle très étendue et influente. Maître Crankshaw a toujours tenu une position élevée dans sa profession et a bénéficié de nombreuses années d’expérience au pays ainsi qu’en Angleterre, où pendant de nombreuses années il a été directeur d’un cabinet d’avocats à Manchester.
Au cours de sa carrière professionnelle, il a géré avec succès de nombreux cas difficiles, et ses conseils sur toutes les questions juridiques ont fait de lui une autorité, les clients venant lui rendre visite de diverses parties de la province. Il s’est toujours assuré de bien défendre les intérêts de la ville de Westmount et a été commissaire de l’Ontario pendant de nombreuses années. Il a été admis au Barreau du Québec en 1883 et n’a jamais cessé d’être de son temps. (Gazetteer of Montreal)
Avenue Melville
On a trouvé des fossiles de brachiopodes datant des océans de l’ère paléozoïque, il y a 500 à 200 millions d’années, dans un escalier en ardoise de l’avenue Melville.
263, Melville
J. Marshall, agent manufacturier (1900)
265, Melville
George Johnston, conducteur de train de l’Intercolonial Railway (1900)
Une des premières sociétés d’État du Canada, le chemin de fer Intercolonial du Canada a été en exploitation de 1872 à 1918.
267, Melville
Alfred D Thorton, directeur adjoint de la Canadian Rubber Co. (1900)
La Canadian Consolidated Rubber Company avait son siège social à Montréal et a ouvert une succursale à Edmonton en 1911 pour servir de point de distribution pour ses produits fabriqués en Ontario et au Québec : courroies en caoutchouc, emballage, tuyaux, vêtements imperméables, chaussures en feutre, pneus d’automobiles et de chariots et articles en caoutchouc pour drogueries. (Philips Lofts)
269, Melville
Arthur Shibley, secrétaire-trésorier de la ville de Westmount (1900)
271, Melville
Louisa A. Simpson, fille de Sir George Simpson (1900).
Sir George Simpson était le gouverneur de la Compagnie de la Baie d’Hudson – CBH (1820-1860). Pour gouverner un territoire s’étendant sur une grande partie de l’Amérique du Nord britannique, Simpson se devait d’être plus qu’un homme d’affaires efficace; il devait aussi être un politicien, et, comme une partie du territoire de la CBH était contestée par les États-Unis et la Russie, un diplomate également. Suite à un désaccord avec une compagnie russo-américaine concernant le territoire commercial de la côte nord-ouest, après la réorganisation de la CBH au moment de sa fusion avec la North West Company en 1821, Simpson et John Henry Pelly se rendirent à Saint-Pétersbourg en août 1838 pour négocier un accord avec le baron von Wrangel, directeur le plus influent du conseil d’administration de la société russe.
‘Pour gouverner un territoire s’étendant sur une grande partie de l’Amérique du Nord britannique, Simpson se devait d’être plus qu’un homme d’affaires efficace; il devait aussi être un politicien, et, comme une partie du territoire de la CBH était contestée par les États-Unis et la Russie, un diplomate également.’
Ces pourparlers furent à la base d’un contrat entre les deux sociétés, signé en 1839 par Simpson et Wrangel, par lequel les Russes louèrent l’enclave de l’Alaska à la CBH. En retour, la société britannique s’engagea à fournir aux Russes, basés à Sitka, des denrées alimentaires à des prix favorables. La résilience de cette entente, qui céda de facto le contrôle du territoire russe à la CBH, fut telle qu’en 1854-1855, pendant la guerre de Crimée, les conditions furent respectées et, à la suggestion de Simpson, les gouvernements britannique et russe acceptèrent d’exclure la côte nord-ouest du théâtre de la guerre. (Encyclopédie canadienne)
27, Chesterfield
Charles Redlich, fabricant de cigares – Reliance Cigar Factory, 5 et 7, rue de Brésoles (1900).
Plaque commémorative – Westmount et Grosvenor
Une plaque largement délabrée dédiée au sergent-major Walter Leja, grièvement blessé en désamorçant une bombe plantée par des membres du FLQ dans une boîte à lettres au coin des avenues Westmount et Lansdowne, le 17 mai 1963.
Parc Westmount – Mémorial à Diana, princesse de Galles
Une plaque commémorative à la mémoire de la princesse Diana fut apposée à un arbre Gingko du parc, situé à côté de l’étang pour enfants, par la Ligue monarchiste du Canada.
Images : Michael Walsh
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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Aujourd’hui, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent ses parcs et ses rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked
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