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Obsession : la collection
de sir William Van Horne

Une collection sans commune mesure résultant de la passion d’un homme pour les céramiques japonaises

Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) invite le public à plonger au cœur d’une collection sans commune mesure résultant de la passion d’un homme pour d’intrigants objets asiatiques. L’exposition Obsession : la collection de céramiques japonaises de sir William Van Horne présente près de 150 céramiques issues de la collection aujourd’hui dispersée de cet éminent Montréalais et appartenant maintenant au MBAM et au Musée royal de l’Ontario (ROM). Tasses, bols et pots sont accompagnés de plusieurs documents d’archives rédigés avec soin et parfois même d’aquarelles réalisées par sir William Van Horne (1843-1915) lui-même.

… une collection sans commune mesure résultant de la passion d’un homme pour d’intrigants objets asiatiques.

Pour ceux et celles qui souhaitent accroître leur connaissance de l’art nippon, plusieurs autres céramiques de cette collection sont exposées dans la salle consacrée au Japon de la nouvelle aile Stéphan Crétier et Stéphany Maillery présentant la collection des arts du Tout-Monde du MBAM.

Un collectionneur montréalais passionné

Kinkodō Kamesuke (1765-1837), figure représentant le poète Hitomaro , céramique de Sanda, Hyōgo, époque Edo, début 19e s., porcelaine, couverte céladon. Musée royal de l’Ontario, don de sir William Van Horne. Photo : Brian Boyle © Musée royal de l’Ontario.

Kinkodō Kamesuke (1765-1837), figure représentant le poète Hitomaro , céramique de Sanda, Hyōgo, époque Edo, début 19e s., porcelaine, couverte céladon. Musée royal de l’Ontario, don de sir William Van Horne. Photo : Brian Boyle © Musée royal de l’Ontario.

Sir William Van Horne, dont la demeure se situait au 1139 de la rue Sherbrooke Ouest, à quelques pas du Musée, a réussi plusieurs exploits dans sa vie. Non seulement on lui doit la réalisation du chemin de fer transcanadien alors qu’il était président du Canadien Pacifique, mais il a également assemblé une collection d’exception d’œuvres d’art et de céramiques japonaises. Entre 1883 et 1893, il fait l’acquisition de près de 1200 spécimens de céramiques nippones réalisées pour le marché domestique, et cette collection connaît une renommée mondiale du vivant du collectionneur.

Mais ce n’est pas la quantité d’objets qui fait de cet ensemble une collection à part, mais bien la compulsion taxonomique et l’assiduité avec laquelle Van Horne a documenté sa passion. Il entretenait une relation individuelle avec chacun des articles de sa collection, qu’il connaissait par cœur. Chaque bol, bouteille, vase et article utilitaire en grès ou en terre cuite a été classifié dans plusieurs carnets — présentés dans cette exposition — en plus d’être soigneusement illustré et parfois reproduits dans de grandes aquarelles. À titre d’exemple, l’exposition présente d’ailleurs plusieurs « études de cas », où un objet, sa description, son esquisse et son aquarelle apparaissent côte à côte.

Pied de paravent en forme de canard mandarin

Pied de paravent en forme de canard mandarin, four d’Uzurayama, Kyōto, ère Meiji, fin du 19e s., grès. Musée royal de l’Ontario, don de sir William Van Horne. Photo : Brian Boyle © Musée royal de l’Ontario.

Âge d’or de la collection

Bouteille à saké carrée à décor paysager, four de Kyōto, Kyōto, époque Edo, deuxième moitié du 18e s., grès. Musée des beaux-arts de Montréal, legs Adaline Van Horne. Photo MBAM, Christine Guest.

Bouteille à saké carrée à décor paysager, four de Kyōto, Kyōto, époque Edo, deuxième moitié du 18e s., grès. Musée des beaux-arts de Montréal, legs Adaline Van Horne. Photo MBAM, Christine Guest.

La seconde moitié du XIXe siècle est l’âge d’or de la collection d’œuvres d’art en Europe et en Amérique du Nord. Au Canada, l’épicentre de cette tendance se trouve à Montréal, alors moteur économique du pays. Pendant cette période d’expansion coloniale, les hommes d’affaires fortunés collectionnent et exposent leurs œuvres d’art et des objets européens et asiatiques, afin d’appuyer leur pouvoir et leur statut social. Sir William Van Horne est l’un d’eux. De temps à autre, il ouvre les portes de sa demeure au public, où les œuvres de sa collection sont disposées comme dans un musée.

Plus scientifique que quantitative, son obsession pour ces objets répond à un désir de mieux comprendre la culture japonaise, bien qu’il n’ait jamais mis les pieds en sol nippon. Obsession : la collection de céramiques japonaises de sir William Van Horne est l’occasion de découvrir cette collection amassée lorsque l’orientalisme et la conquête coloniale teintaient les goûts des collectionneurs, inscrivant la céramique dans un contexte élargi et présentant les éléments historiques de manière nuancée.

Sir William Van Horne

Wm. Notman & Son, Portrait de Sir William Van Horne, vers 1905, plaque sèche à la gélatine. Achat de l'Associated Screen News Ltd. © Musée McCord, Montréal

Wm. Notman & Son, Portrait de Sir William Van Horne, vers 1905, plaque sèche à la gélatine. Achat de l’Associated Screen News Ltd. © Musée McCord, Montréal

William Cornelius Van Horne est né en 1843, en Illinois. Très jeune, il s’intéresse à la paléontologie et à la classification des fossiles. Il quitte les bancs de l’école à 13 ans et trouve un emploi au sein de l’Illinois Central Railway, puis à la compagnie de chemin de fer Chicago & Alton, où il devient surintendant général à l’âge de 29 ans. Plus tard, il est nommé président de la Southern Minnesota Railroad, où, dès sa première année de direction, il redresse les finances de l’entreprise mal en point en raison de ses innovations.

En 1881, la compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique fait face à un défi de taille : elle rêve de relier par rail la côte ouest à la côte est du pays en 10 ans. L’entreprise fait appel au talent de Van Horne qui a pour mandat d’installer 4 665 kilomètres de rail manquants sur un continent à peine arpenté. Il relève le défi haut la main, en 1885, malgré de nombreux obstacles. Van Horne est le président du Canadien Pacifique pendant 11 ans. Sous sa gouverne, l’entreprise retrouve sa santé financière et devient le plus grand système de transport au monde. Par la suite, il quitte son poste pour lancer un chemin de fer à Cuba. Son succès et son implication auprès d’une quarantaine de conseils d’administration d’entreprises et d’organismes canadiens — dont l’Art Association of Montreal, l’ancêtre du MBAM — font de lui l’un des hommes d’affaires les plus influents au pays. À sa mort, en 1915, il est citoyen canadien, chevalier britannique et multimillionnaire.

En 1944, sa fille fait don à l’Art Association of Montreal d’un ensemble de 595 œuvres — parmi lesquelles figurent des toiles de Canaletto, de Cézanne, de Daumier, de Greco, de Guardi, de Monet et de Tiepolo — et de 217 céramiques japonaises. Ainsi naissait la collection d’art asiatique du MBAM. De son vivant, Van Horne a aussi donné 150 autres de ses céramiques au Musée royal de l’Ontario.

Discussion Obsession : Sir William Van Horne and his art collection
Mercredi 20 novembre 2019, à 17 h 30, en anglais
À l’Auditorium Maxwell-Cummings, au 1379-A de la rue Sherbrooke Ouest
Activité gratuite. (Réservation optionnelle de laissez-passer : grand public : 5 $ / VIP : 4 $)

Le public est invité à assister à une discussion entre Akiko Takesue, co-commissaire indépendante de l’exposition, Laura Vigo, commissaire de la présentation montréalaise et conservatrice de l’art asiatique au MBAM, et Janet M. Brooke, chercheure indépendante et spécialiste de l’histoire des collections.

Obsession, catalogue de l’expositionPublication accompagnant l’exposition

L’exposition s’accompagne d’un catalogue, publié en français et en anglais, réalisé sous la direction de Ron Graham, commissaire indépendant et co-commissaire de l’exposition. L’ouvrage de 195 pages rassemble des essais et des textes scientifiques signés par Nathalie Bondil, Janet M. Brooke, Kelvin Browne, Ron Graham, Peter C. Newman, Akiko Takesue et Laura Vigo.

Crédits et commissariat

Cette exposition a été organisée par le Musée Gardiner de Toronto en partenariat avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Ce projet est financé par le gouvernement du Canada. L’exposition est organisée avec la collaboration du Musée royal de l’Ontario et du Musée des beaux-arts de l’Ontario. Le commissariat est assuré par Ron Graham et Akiko Takesue, commissaires indépendants. Laura Vigo, conservatrice de l’art asiatique du MBAM, est commissaire de la présentation montréalaise.

Obsession : la collection de céramiques japonaises de sir William Van Horne
Musée des beaux-arts de Montréal
Pavillon Liliane et David M. Stewart, niveau 2
20 novembre 2019 – 1er mars 2020

Images courtoisie du Musée des beaux-arts de Montréal

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Avec 1,3 million de visiteurs par année, le MBAM est l’un des musées les plus fréquentés au Canada. Il se classe au 8e rang des musées les plus visités en Amérique du Nord. Ses expositions temporaires aux scénographies originales croisent les disciplines artistiques (beaux-arts, musique, cinéma, mode, design) et sont exportées aux quatre coins du monde, tandis que sa riche collection encyclopédique, répartie dans cinq pavillons, comprend l’art international, les cultures du monde, l’art contemporain, les arts décoratifs et le design, ainsi que l’art québécois et canadien. Pour plus d’information, consultez le site mbam.qc.ca

 



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