Des endroits secrets
et des trésors cachés / 1

Les étudiants des écoles de Westmount affichent leur créativité littéraire lors du concours d’écriture McEntyre 2017

Une tradition annuelle à travers les écoles de Westmount, le concours d’écriture McEntyre Writing Competition révèle une grande variété créative, et la compétition de 2017 ne fait pas exception.

Fondé par le regretté Peter McEntyre, maire de Westmount de 1969 à 1971, le concours encourage les jeunes écrivains à s’exprimer sur des thèmes imposés, chacun choisi pour faire mousser la créativité. Il est coordonné chaque année par la Bibliothèque publique de Westmount.

En 2017, le thème « Des endroits secrets et des trésors cachés » a été attribué aux élèves de la 1re à la 11e année. Westmount Magazine publie les textes des gagnants dans chaque catégorie.

Nous présentons ici un texte en français de Juliette Cadotte, sixième année.

SIXIÈME ANNÉE | PREMIER PRIX | VILLA SAINTE-MARCELLINE

Juliette Cadotte

L’épopée au Nouveau-Monde

L’air était glacial. Une faible neige tombait sur le sol. Anne avait les joues rosies par le froid. Elle allait à la bibliothèque municipale sur la rue Atwater, à Montréal. La jeune écolière fut soulagée d’atteindre les grandes portes en bois de la bibliothèque. Anne secoua ses bottes et salua la bibliothécaire. Avant de s’assoir à une table, elle avait sélectionné, parmi les rangées de livres, un grand ouvrage rouge. Il avait les pages jaunies par le temps et un titre figurait en lettres dorées sur la couverture : Journal du Nouveau-Monde. Anne tourna le livre entre ses doigts et vit son nom de famille inscrit dessus! Elle se précipita pour l’ouvrir à la première page, mais dès qu’elle le fit, le livre s’éleva dans les airs. La jeune fille sentit son corps s’élever et se faire aspirer par le livre. Elle perdit connaissance.

Lorsqu’Anne se réveilla, elle était étendue sur le pont d’un navire à voiles blanches qui tanguait à cause de la tempête. Le ciel, chargé de nuages, lançait des éclairs. La mer paraissait prête à engloutir le navire de bois. La pluie tombait sur son visage et lui mouillait les cheveux. En regardant alentour, Anne distingua un homme appuyé sur le bastinguage, qui paraissait anxieux. Elle s’approche de l’homme au chapeau à plume et lui demanda ce qui n’allait pas. Lorsqu’il se tourna vers elle, ses yeux étaient chargés de larmes. Il expliqua qu’il s’appelait Jacques Desjardins et qu’il faisait un voyage pour le commerce des fourrures. Mais sa femme était tombée très malade au début de la traversée. Anne fut surprise qu’il ait le même nom qu’elle-même. Cependant, la vraie question était : à quelle époque s’était-elle retrouvée? Elle trouva vite la réponse. La date était inscrite sur la coque du navire : 1790. Anne se tourna vers Jacques, affolée. « Suis-je en train de rêver? » Jacques lui confirma que non, en lui pinçant la joue. Ils sursautèrent en entendant la vigie crier : « Terre en vue, terre à tribord! » Les marins s’activaient, ils tiraient les cordes, rentraient les rames et dressaient la passerelle qui permettrait aux passagers de descendre. Quelques instants plus tard, le nouveau monde était sous leurs pieds.

L’immense forêt sombre les entourait. Sans issue. Anne fut soulagée lorsqu’on lui annonça qu’elle ferait le chemin jusqu’à Québec en barque et non pas à pied.
La chaleur régnait sur Québec. Les rues étaient bondées. Les calèches parcouraient la chaussée brûlante. Des animaux se promenaient ici et là. Les égouts à ciel ouvert dégageaient une telle puanteur qu’Anne faillit s’évanouir. Jacques regrettait la France. Le cocher leur montra un immeuble de pierre à quatre étages et leur indiqua qu’ils logeraient au quatrième. « Quelle horreur! » songea Anne. Aucune change qu’Isabelle la femme malade de Jacques, ne se remette en forme dans des conditions pareilles! Ils entrèrent cependant au logis en espérant trouver calme et repos. Malheureusement, au cœur de la nuit, Anne se fit réveiller par l’odeur des égouts et les gens qui criaient dehors. Visiblement, elle n’était pas la seule. Jacques se retournait de tous côtés et Isabelle gémissait à l’autre bout de la pièce. Anne se lebva d’un bond, décidée à agir. Elle alla trouver Jacques et lui dit qu’il fallait partir immédiatement. Heureusement, il était d’accord.

Le ciel était noir, mais les étoiles scintillaient. Une brise légère souleva une mèche des cheveux d’Anne. La calèche avait quitté la ville depuis une heure et la jeune fille appréciait la beauté secrète des lieux. Le cocher les déposa dans une plaine près du fleuve. La paix les attendait loin de la ville. Il n’y avait rien, ils passeraient la nuit à la belle étoile. Dans quelques jours, sûrement, on viendrait aider Jacques à se bâtir une maison. Pour le moment, on s’installerait sur le sol sec et doux, et demain, Anne aiderait son aïeul à se construire une cabane de bois. Le soleil qui se levait annonça l’aube.Les jours avançaient et la maison était presque terminée. Isabelle allait mieux grâce au soleil et à l’air pur. Certes, Anne voulait revenir à son époque pour raconter son aventure, mais la tranquillité et la beauté des lieux allaient lui manquer. Elle avait tellement appris au cours de ce voyage! Peut-être même ce qu’elle n’aurait jamais pu apprendre à l’école, ou dans un live d’histoire : le trésor de la Nouvelle-France était ses richesses naturelles. Pas les mines d’or dans le Bouclier Canadien mais la sérénité du pays, le soleil, la nature et les prairies. Elle le vivait présentement et le comprenait mieux ainsi. Mais maintenant, à cause de la pollution, ce calme ne pourrait pas revenir. Et ce n’était pas pour rien qu’elle avait vécu cela avec Jacques. Il était son ancêtre, le premier Desjardins. Le livre s’était ouvert à elle, car l’histoire des premiers Desjardins devait être sue par ses descendants. La quête des Desjardins n’était pas d’être riche et célèbre. C’était l’aventure qu’ils avaient vécue. Anne sentit le soleil qui l’attirait vers lui. Elle sut qu’il était temps pour elle de se retirer. Bientôt, elle serait à Montréal en 2017.