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Comment sauver la face :
Peiwu Cong au CORIM

L’ambassadeur de Chine discute des relations Chine-Canada avec Pierre Marc Johnson

Par Luc Archambault

Montréal, le 15 avril 2021

Le mardi 13 avril dernier, l’ambassadeur de la République Populaire de Chine au Canada, Peiwu Cong, était reçu à la tribune du Conseil des Relations Internationales de Montréal (CORIM), à la demande même de l’ambassadeur, selon le CORIM. À quoi devions-nous nous attendre ? À une remise à l’ordre des dossiers contentieux entre la Chine et le Canada ? Face à la langue de bois des représentants Chinois par le passé, qu’attendre d’une telle intervention : Un discours à sens unique, une leçon point par point, sans aucune possibilité de répartie ?

Un piège que le CORIM, avec le président de son conseil d’administration, Pierre Marc Johnson, a su éviter. Monsieur Johnson a donc animé de main de maître cette discussion, cet échange où il a pu poser des questions à l’ambassadeur. Voire même le presser par moment (notamment sur la question des deux Michael et de leurs conditions de détention, tout comme leurs droits à une représentation légale). Mais l’ambassadeur a su éviter des réponses directes, pataugeant dans le marécage du discours officiel du PCC au pouvoir (en lançant, comme une boutade : entre 90% et 95% de la population approuve les initiatives du gouvernement!), et en s’enfonçant dans le marasme idéologique d’un discours à sens unique.

Face à la langue de bois des représentants Chinois par le passé, qu’attendre d’une telle intervention : Un discours à sens unique, une leçon point par point, sans aucune possibilité de répartie ?

M. Cong a ainsi défendu l’intervention de la Chine continentale à Hong Kong, accusant les manifestants d’opter pour le chaos, et rappelant aux pauvres occidentaux plein de naïveté que nous sommes qu’il n’y existait pas de démocratie sous les Britanniques, mais que celle-ci a fleuri depuis la rétrocession de 1999. Et pour contrer ce chaos, la Chine, en respectant la liberté d’expression de tous ses citoyens, a repris le contrôle de la situation par l’implémentation de sa loi de sécurité nationale.

Questionné sur les deux Michael, l’ambassadeur a maintenu que l’Empire du Milieu est loin d’un état autoritaire, mais bien un état respectant l’autorité de la loi (rule of law), un État de Droit, quoique faisant abstraction de la jurisprudence internationale, qui est perçue par Beijing comme autant d’interférence étrangère dans ses affaires internes. Mais, au sujet des deux Michael, en bon diplomate, il a terminé par une entourloupe plutôt habile : « voyons comment la situation évoluera » … malgré le prononcé de la sentence par la cour chinoise, comme quoi rien n’est impossible sous une dictature du peuple.

Navire de commerce / Trade ship

Image : Tony Fischer via StockPholio.net

La Chine espère toujours construire des relations bilatérales avec le Canada, développer les divers intérêts communs partagés par les deux pays, et poursuivre l’échange d’étudiants internationaux (bien que le nombre de Canadiens étudiant en Chine ne soit qu’une fraction des étudiants Chinois au Canada). La Chine, selon l’ambassadeur, ne cherche pas à étendre son hégémonie. Elle ne perçoit pas son rôle historique sous l’angle de l’impérialisme. Elle promeut la démocratie, elle vient en aide aux pays les plus démunis par ses casques bleus, elle cherche à promouvoir un niveau de développement durable et elle veut défendre l’ordre international.

Il a conclu son exercice de relation publique par l’évocation du danger d’un découplage de nos économies respectives, le risque d’une montée de protectionnisme et de la déchéance du libre-échange à l’échelle mondial. Il n’a toutefois pas été question de nos interrogations sur l’effondrement du taux de natalité en Chine, ni de l’apport alimentaire de plus en plus fragilisé par la pollution des nappes phréatiques des terres agricoles (et de l’achat massif de fermes et porcheries d’ici pour palier à ce manque grandissant).

Somme toute, une exploration intéressante, menée un tant soit peu par un Pierre Marc Johnson se voulant incisif par moment, mais se butant à la langue de bois d’un maître dans l’art de tourner en rond.

 

Avis : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.

Images : Courtoisie du Conseil des Relations Internationales de Montréal (CORIM)

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Luc Archambault WestmountMag.ca

Luc Archambault, écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, est revenu s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.

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