Quand l’environnement
devient un jeu
Comprendre les véritables motivations corporatives en matière d’environnement
Par Georges R. Dupras
9 mars 2019
L’obsession humaine pour la croissance économique et la domination politique va bien au-delà de sa croyance en la procédure démocratique, de son souci des autres cultures ou de sa défense de l’environnement naturel.
Lorsque les décisions environnementales font l’objet d’un examen critique, la procédure officielle habituelle consiste à argumenter l’économie et une science « politisée ». Faute de quoi, une position de repli consiste à remettre en question la compétence des critiques. Tout comme ils défendent l’abattage des animaux sauvages*, les partisans cherchent à diaboliser les espèces ou les individus ciblés. Cette approche a bien fonctionné, non seulement avec les loups, les coyotes, les cormorans, les phoques et les bisons des bois, mais aussi avec les humains.
Conservation contre conservation politique
Il est important de comprendre d’emblée la différence entre « conservation réelle » et « conservation politique» 1. En termes simples, la véritable conservation repose sur trois principes : la préservation, la protection et la restauration de l’environnement naturel et de la faune. L’objectif est double : rechercher à comprendre et à préserver.
Dans le cas de la conservation politique, les mêmes principes s’appliquent, mais l’approche est souvent biaisée par les intérêts politiques et corporatifs 2. Il s’agit d’une configuration particulière où les avantages économiques ou politiques sont utilisés, non pas pour la connaissance ou la préservation, mais pour légitimer une fin souhaitée 2.
Cela peut se faire de diverses manières sans modifier les faits présentés dans le rapport final ou leur véracité. La façon la plus courante est d’utiliser « l’écriture créative » – ce n’est pas ce que vous dites, c’est la façon dont vous le dites.
Lorsque les décisions environnementales font l’objet d’un examen critique, la procédure officielle standard consiste à argumenter en faveur de l’économie et d’une science « politisée ».
Les rapports sont-ils biaisés ?
C’est aussi une bonne idée de savoir comment lire un rapport du gouvernement ou d’une entreprise. Si possible, évitez l’étude publiée et optez pour un fac-similé de l’ébauche originale de l’auteur. La plupart des biologistes de la faune hésitent à renoncer à leurs ébauches, mais il est impératif d’obtenir un fac-similé qui n’a pas été politisé. J’entends par là un rapport qui n’a pas été homogénéisé, pasteurisé ou désinfecté. Notez qui finance les travaux et examinez attentivement les termes de référence 9. L’étude a-t-elle fait l’objet d’un examen par les pairs ? Ces suggestions visent l’objectivité.
L’objectivité scientifique
Quant à l’objectivité scientifique, je vous rappelle qu’il n’y a rien de plus objectif qu’un train ferroviaire. Il est fait d’acier, de bois et d’autres composés – il n’a aucune orientation politique, aucune histoire et aucun programme. Il suivra cependant la voie tracée, et dans le domaine de la conservation politique, ces voies sont connues sous le nom de « termes de référence ».
D’autres moyens efficaces pour permettre aux autorités de protéger leurs intérêts en toute impunité consistent à contrôler la manière dont la recherche doit être financée ainsi que le calendrier. Pour ce faire, ils s’assurent d’une date d’achèvement irréaliste et n’engagent qu’une partie des fonds nécessaires. C’est une intention délibérée qui oblige les chercheurs à demander de l’aide financière aux seules autres sources susceptibles d’être intéressées – en d’autres termes, les industries qui risquent d’être touchées par l’étude.
La participation de l’industrie a un coût, et cela peut leur permettre d’exercer leur influence sur le « mandat ». Ils pourraient aussi s’attendre à contrôler la façon dont le synopsis est rédigé. Cela peut être fait efficacement, sans changer l’essentiel de l’étude, par la façon dont le résumé est rédigé.
Si le travail ne reflète pas leurs objectifs, les fonctionnaires prétendront simplement que des ressources insuffisantes et des contraintes de temps n’ont pas permis une analyse plus complète. Dépendant de la personne qui dirige l’étude, il est possible que le document de recherche ne voie jamais le jour.
Tout cela n’est qu’un jeu
C’est un jeu qui ressemble beaucoup aux échecs, et il se joue avec finesse, ruse et parfois dans l’anonymat, comme celui du caucus clandestin du plein air Outdoor Caucus of Canada, un groupe secret de députés élus et de sénateurs non élus dont le mandat est de bloquer tout projet de loi qui vise à protéger les animaux. Ce caucus non élu a récemment rejeté le projet de loi C-246, déposé par député libéral Nathaniel Erskine-Smith appelé Loi modernisant la protection des animaux.
Le mépris envers l’électorat
Une tactique fréquemment utilisée pour décourager les gens qui cherchent à obtenir de l’information auprès du gouvernement consiste à les forcer à passer par l’accès à l’information. La personne qui fait la demande fait face à une multitude de documents à remplir dans le cadre de la demande.
Quant aux politiciens, ils apprennent très vite comment le jeu se joue, et même les plus expérimentés d’entre eux peuvent être entraînés dans un dédale de manœuvres et de faveurs politiques. Ils apprennent vite comment les gens votent et la différence entre électeurs urbains et ruraux. Pour cette raison, de nombreux électeurs sont privés de leurs droits et ne se donnent même pas la peine d’exercer leur droit de vote.
L’Institut Broadbent prétend qu’en une seule élection, le Parti libéral a remporté une majorité de 184 sièges sur 338. On ne peut pas dire qu’il s’agisse d’une véritable majorité, car 60% des électeurs préfèrent l’un des autres partis (un bon argument en faveur de la représentation proportionnelle), mais le système actuel donne au parti au pouvoir le contrôle écrasant de la Chambre des communes. Il ne faut pas longtemps aux politiciens pour comprendre qui est important et qui ne l’est pas..
Lors de la dernière campagne fédérale, Justin Trudeau a promis que ce serait la dernière élection fédérale selon le principe de la majorité simple de voix. Il a changé d’avis quand il a compris comment le jeu se jouait. Donald Trump a remporté la course présidentielle parce qu’il a compris le stratagème et a rapidement maîtrisé les tactiques électorales.
Le jeu va beaucoup plus loin et a infiltré certains départements comme le ministère des Ressources naturelles 10. Ce dernier ne représente que 30% des Canadiens 8 au détriment des 70% qui ne considèrent pas la faune comme une ressource à exploiter 1. Il s’agit là d’un cas évident de stratagème malavisé pour des fins politiques.
‘Une tactique fréquemment utilisée pour décourager les gens qui cherchent à obtenir de l’information auprès du gouvernement consiste à les forcer à passer par l’accès à l’information.’
Le grand public
Avant de poursuivre, je dois souligner qu’il est égoïste et hypocrite de cibler uniquement le gouvernement et l’industrie pour des questions animales ou environnementales controversées. Le grand public, y compris moi-même, doit accepter la part du lion de la responsabilité. Notre pouvoir d’achat et notre conditionnement social sont à l’origine de ce cancer que nous appelons le consumérisme. Nous sommes convaincus que nous devons avoir ce que la technologie a de plus récent et de meilleur à offrir, que nous en ayons besoin ou non.
Nous connaissons nos contradictions éthiques, qu’il s’agisse de nos transactions commerciales au niveau fédéral (équipement militaire) ou de l’exploitation institutionnalisée des animaux, mais nous sommes loin d’exiger des changements. Combien d’entre nous connaissent l’impact de notre propre empreinte carbone ou la capacité de charge humaine du pays où nous vivons ? Combien d’entre nous, qui prétendons nous soucier du bien-être des animaux, assistons à des événements annuels comme les rodéos où les chevaux sont tués 3 et les Derbies de pêche au requin (en Nouvelle-Écosse) commandités par Pêches et Océans Canada ?
Il n’y a pas si longtemps, lorsque le projet hydroélectrique de la Baie James était en plein développement, quelque 10 000 caribous se sont noyés en tentant de traverser une rivière. Cela s’est produit alors qu’Hydro-Québec avait dévié le débit de l’eau. Interrogé sur cette hécatombe, un représentant du Québec a répondu que les caribous étaient « stupides » 4.
Notre conditionnement nous rend-t-il aveugle face à ces réalités ? Notre compassion est-elle limitée par notre capacité de rationalisation ? Les paramètres de l’éthique humaine sont-ils dictés par nos préférences alimentaires ? Le caucus clandestin Outdoor Caucus of Canada a été exposé, mais combien d’entre nous exigeront la transparence, l’ouverture gouvernementale et la représentation proportionnelle ?
Croissance ou développement ?
Au fil des ans, nous avons entendu parler du changement climatique, de l’impact des combustibles fossiles (pétrole, bitume, gaz, fracturation, charbon et même bois) sur l’environnement naturel et économique. Nous savons maintenant que le secteur agricole contribue davantage aux changements climatiques que les combustibles fossiles.
On ne peut nier l’importance du développement économique durable, mais ne confondons pas le développement et la croissance qui a ses limites. Ce n’est pas une question de sémantique, mais plutôt d’évidence.
Une approche déficiente
Comme tous les arguments, celui de l’économie est imparfait. Si votre principale raison de protéger quelque chose est d’ordre économique et que quelqu’un vous offre une plus grande incitation financière à renoncer à cette protection, où cela vous mènera-t-il ?
Nous en voyons un exemple dans la Réserve nationale de la faune de l’Alaska, mise de l’avant par le président Jimmy Carter. Cette initiative présidentielle était faite dans un véritable but de conservation : rechercher à connaitre et à préserver pour les générations futures. L’Alaska abrite environ 70% des ours bruns du monde et une grande variété d’autres espèces de faune et de flore sauvages. Les retombées économiques provenant de l’augmentation du tourisme, des bourses de recherche pour les étudiants du monde entier et des emplois saisonniers ont été un facteur décisif qui a fait progresser l’héritage du président Carter.
Malheureusement, lorsque les compagnies pétrolières ont pu montrer un meilleur rendement économique en développement la zone 1002, le facteur décisif dans la fragmentation du refuge est devenu économique et donc politique.
Depuis, Donald Trump a supprimé bon nombre, sinon la totalité, des mesures de protection de l’environnement mises en œuvre pour protéger la faune dans les sites du patrimoine national 11. L’argent, la politique, le pouvoir l’ont emporté sur toute question n’ayant qu’une valeur intrinsèque. Même la science peut être manipulée pour satisfaire n’importe quelles fins que les puissances se sont fixées comme objectif.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – C.I.T.E.S.S.
C.I.T.E.S.S, aussi connue sous le nom de « La Convention », et d’autres groupes d’exploiteurs (chasseurs commerciaux, pêcheurs, trappeurs, fourreurs, etc.) ont fondé leurs arguments sur une conservation économique et politique.
Bien que le texte convenu pour la C.I.T.E.S.C. ait été ratifié en 1973, la convention n’est entrée en vigueur qu’en 1975 (il y a 43 ans). Ironiquement, le monde a perdu plus d’espèces au cours des 40 dernières années qu’à tout autre moment de notre histoire. Voilà la dichotomie; sans cette convention, nous serions dans une situation bien pire encore.
‘Si votre principale raison de protéger quelque chose est d’ordre économique et que quelqu’un vous offre une plus grande incitation financière à renoncer à cette protection, où cela vous mènera-t-il ?’
Conflit d’intérêts
Malgré tous ses efforts et sa bonne volonté, la C.I.T.E.E.S. est paralysée par des conflits d’intérêts. Sa maxime est de protéger afin d’exploiter. Un avocat ne peut pas simultanément défendre et poursuivre le même suspect dans une affaire pénale que la C.I.T.E.S.S. ne peut défendre et exploiter des animaux en même temps – la Convention est un organisme politique qui protège les intérêts économiques. Étant donné la façon dont la C.I.T.E.S.S. est configurée, la conservation politique ne peut pas fonctionner, mais étant donné nos mentalités établies de longue date, la conservation politique est la seule application qui puisse fonctionner.
Quant à Kinder Morgan
Nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi nous ne devrions pas tirer pleinement parti des ressources pétrlières disponibles. Parce que le nous va bien au-delà de l’humanité et parce que la récompense ne justifient pas les conséquences.
L’Alberta et la Norvège
Des comparaisons ont été faites quant à la façon dont ces deux gouvernements ont géré leurs fonds du patrimoine. A première vue, il semblerait que le plan de la Norvège a donné un meilleur rendement avec un fonds national actuel d’un billion de dollars, soit 177 000 $ par Norvégien. La population de la Norvège en 2017 était de 5,282 millions de citoyens 8. En comparaison, le rendement du fond Albertain est de 4 300 $ par citoyen, avec une population en 2017 de 4,306 millions de personnes. Il existe bien sûr d’autres données expliquant le rendement économique global au fil des ans (bien que ce dernier semble favoriser le plan norvégien). Si je n’ai pas inclus cette information, c’est parce que je ne considère pas l’environnement comme une rubrique au compte des pertes et profits.
En dollars et en cents, cela a-t-il du sens ?
Le problème souvent négligé de l’utilisation de l’économie dans des questions comme celle-ci est qu’elle diminue la valeur du milieu de vie en dollars, en euros, en livres ou en yens. Beaucoup d’entre nous voient leur cadre de vie de façon plus large – en tenant compte des problèmes mondiaux, y compris les famines, les guerres, les déplacements de population, la perte ou la fragmentation de l’habitat 5, la disparition d’espèces, la santé et oui, le développement économique durable comme partie intégrante de notre cadre de vie.
Peuples autochtones
D’autres soutiennent que le produit du pipeline Kinder Morgan profitera aux autochtones dont les territoires seront traversées par l’oléoduc.
En gardant à l’esprit les pensionnats aborigènes, les réinstallations forcées et la suppression culturelle, vous comprendrez mon scepticisme face à cet argument. Quant aux traités, ce n’est que récemment qu’ils ont été reconnus par les tribunaux comme étant contratuels. Cela dit, il sera intéressant de voir comment cela affectera les revendications territoriales qui sont actuellement en cours de négociation, et comment cela aura une incidence sur tous les règlements fonciers antérieurs. Pour ce qui est de l’oléoduc qui profiterait aux autochtones du Canada, le jury n’a pas encore tranché.
Déjà vu
J’ai écouté le plaidoyer de sociétés corporatives concernant le projet Kinder Morgan, ainsi que ceux d’autres projets de même nature, et je me demande où ai-je déjà entendu ces arguments ?
Souvenez-vous du lobby du tabac. Il avançait lui-aussi l’avis d’experts; Il avait aussi des économistes, des scientifiques et même des médecins qui témoignaient en sa faveur. Il s’est lui aussi disputé au sujet des emplois – mais même les emplois ont un coût. Le Québec a utilisé l’argent des contribuables pour défendre la production d’amiante, un produit qui était (à l’époque) sous un interdit de vente au Canada. Le fait que l’amiante soit toujours commercialisé sur le marché international et qu’elle soit cancérigène ne semble pas préoccuper le gouvernement, bien plus soucieux de l’économie.
Le Canada vend des véhicules blindés légers (L.A.V.) à des pays soi-disant alliés qui les utilisent contre leurs propres citoyens. Lorsqu’on nous a demandé pourquoi le Canada avait changé ses lois pour permettre ce commerce, on nous a répondu : « à cause des des emplois ». Je ne peux m’empêcher de me demander combien d’emplois justifient le meurtre d’innocents. Un autre de nos élus a osé dire, « Si nous ne leurs vendons pas les L.A.V., quelqu’un d’autre le fera ».
Toujours la même rengaine
Le thème récurrent de l’entreprise est basé sur une économie en croissance, mais il en dit peu sur ce qui traite du coût – lire les conséquences – de cette croissance. Il y a d’autres considérations qui ont et continueront d’avoir un impact sur le monde naturel, incluant l’humanité.
‘Le bitume contient 102 fois plus de cuivre, 21 fois plus de vanadium, 11 fois plus de soufre, 11 fois plus de nickel, 6 fois plus d’azote et 5 fois plus de plomb que le pétrole brut classique.’
Le bitume
Le bitume contient 102 fois plus de cuivre, 21 fois plus de vanadium, 11 fois plus de soufre, 11 fois plus de nickel, 6 fois plus d’azote et 5 fois plus de plomb que le pétrole brut classique. Son efficacité de combustion est considérablement réduite en raison du fait que le bitume a un rapport hydrogène/carbone beaucoup plus faible. L’excès de carbone et les niveaux de soufre, d’azote et de métaux lourds contaminants sont des polluants qui ne sont pas détruits mais dispersés par la transformation. En ce qui concerne les sables bitumineux, on dit que sur les 173 milliards de barils de pétrole contenus dans les gisements de sables bitumineux, ceux-ci contiennent également quelque 8 milliards de barils de soufre et des résidus similaires d’azote et de métaux lourds toxiques.
Le bitume représente 10% des gisements de pétrole des sables bitumineux et nécessite la combustion de beaucoup plus de combustibles fossiles pendant l’extraction et le traitement. Cela est nécessaire pour convertir des milliards de tonnes d’une substance noire, épaisse et trouble pour la rendre suffisamment fluide pour être transportée par oléoduc. Les 820 kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre émis par l’extraction, la valorisation et le raffinage d’un baril de Syncrude, sont parmi les plus élevés au monde. 6
Une obscénité économique
Quand huit personnes contrôlent autant de richesse que la moitié la plus pauvre de la population mondiale (Oxfam – Forum économique mondial, 2017), et que 1% (70 000 000 personnes) contrôle 50% de la richesse mondiale, vous pouvez comprendre pourquoi beaucoup regarde vers un contexte plus large.
Le plaidoyer des entreprises repose sur un bien-fondé économique et ne peut être rejeté du revers de la main, mais il manque de pondération, comme en témoignent notre inefficacité, les perturbations climatiques et la perte dramatique d’habitats et d’espèces. Peut-être que, si nous avions investi les fonds de Kinder Morgan dans les nouvelles technologies énergétiques, cela aurait été plus bénéfique pour la planète et les générations futures.
De nombreuses perspectives
Je me pose la question : faut-il risquer notre environnement sur le bitume (mélange visqueux d’hydrocarbures), sur un oléoduc vieux de 60 ans, voire sur les énergies fossiles non renouvelables, alors que les climatologues et d’autres estiment que nous devrions nous engager dans les énergies renouvelables (Accord sur le climat – Paris France) ? Quant au grand public, j’admets que la plupart se soucient moins de l’environnement, préférant les avantages personnels du consumérisme, tandis que d’autres sont trop occupés à essayer de survivre et ont aveuglement foi dans ceux qui ont des visées politiques ou économiques.
Les bénéfices réels de l’initiative Kinder Morgan iront aux personnes dont les options d’achat d’actions et les placements en actions différés gonfleront leurs comptes à l’étranger et dépasseront de loin ce que les cols bleus moyens empocheront.
Les dangers des déversements sont-ils surestimés ?
Considérez ceci : bien que le nombre de déversements ait diminué au cours des trois dernières décennies, quelque 28 666 déversements de pétrole ont été signalés en Alberta seulement (Leslie Young, Global News). Les données ne font pas état de 31 453 autres déversements, allant de l’eau salée au pétrole liquide. Quant à l’Office national de l’Énergie, 53% des déversements provenant des puits, des stations de pompage (moins de 2 mètres cubes) ne sont pas comptabilisés 7. Bien que ces déversements soient très petits, ils causent quand même des dommages et devraient être inclus dans le total. L’Alberta compte environ 400 000 kilomètres d’oléoducs et pompe 2,5 millions de barils par jour 7.
Envisager d’autres points de vue
En fait, je me demande si je ne devrais pas essayer de comprendre les promoteurs de ce projet, dont certains font peu ou pas d’efforts pour comprendre que l’approche économique a un coût, et que ce coût est un risque de plus que notre environnement ne peut se permettre de prendre ?
Soyons fidèle à nous-même
Pourquoi cette controverse au sujet du pipeline Kinder Morgan ?
- Parce qu’il est temps que nous nous distancions des combustibles fossiles.
. - Parce que l’impact d’un accident sur la faune est peu ou pas pris en compte. Malgré ce que vous pensez, les effets de l’accident de l’Exxon Valdez en Alaska et du déversement de British Petroleum dans le golfe du Mexique se font toujours sentir.
. - Parce que l’utilisation du bitume 9 aura un impact plus important sur l’environnement que le pétrole conventionnel – et ce, qu’il y ait un accident ou non.
. - Parce que le gouvernement fédéral n’agit pas de manière transparente en ce qui concerne le financement de ce projet. Il faut tenir compte du coût d’expansion et de la mise à niveau d’un système vieillissant.
Quant à moi, j’essaie de considérer d’autres points de vue et je suis le premier à admettre que je suis souvent en contradiction avec moi-même, mais je n’ai jamais rencontré personne qui ne l’était pas. Je suis profondément préoccupé par l’industrie nucléaire, je m’inquiète du nombre d’oiseaux décimés par l’énergie éolienne et de l’impact de la combustion du bois sur l’environnement. Je profite de tous les avantages de l’industrie pétrochimique, y compris le mazout. À ceux qui estiment que ces contradictions diminuent la validité de mes préoccupations, je leur demande de se rappeler d’où je viens. À tort ou à raison, je suis un défenseur des animaux, un défenseur des innocents, y compris les êtres humains.
Les entreprises ont leurs avocats, leurs conseillers fiscaux et leurs comptes à l’étranger. Les économistes ont leur jeu de fléchettes et les politiciens, leurs quangos, leur immunité parlementaire, leurs pensions indexées, leurs whip de parti et leurs aspirations au sénat. La population en général, elle, s’appuie sur sa capacité à rationaliser pour convoiter le confort temporaire de la consommation. Quant à ceux et celles qui défendent les animaux, on s’attend à ce que nous portions des cilices et que nous plaidions toujours la cause des animaux à partir d’une position de compromis extrême. Le regretté révérend Martin Luther King a un jour dit : « Nos vies commencent à s’épuiser le jour où nous nous taisons sur ce qui compte. »
‘Nos vies commencent à s’épuiser le jour où nous nous taisons sur ce qui compte.’
Une question de définition
Comme pour la plupart des désaccords, il s’agit d’une question de définition : croissance économique contre développement économique; conservation politique contre conservation réelle. C’est une question de valeurs, une question de provenance de l’information et, plus important encore, de la façon dont on la filtre.
Il ne fait aucun doute que les partisans de l’industrie l’emporteront, car l’argent l’emporte toujours. Quant à moi, je ne nierai pas ce qui me définit et je ne tournerai pas le dos à 52 ans de défense d’innocents au nom de l’emploi, du gain politique à court terme ou du profit des grosses corporations. .
*Première soumission en août 2018
- La véritable conservation s’applique de la même manière à toutes les espèces de flore et de faune. La conservation politique s’applique aux espèces ayant une certaine valeur en capital ou aux espèces ayant un impact sur celles ayant une valeur en capital.
- La véritable conservation signifie rechercher la connaissance et préserver. La conservation politique signifie légitimer une fin. Le gouvernement du Canada prétend qu’il y a plus de 5 millions de phoques du Groenland au large de la côte Est, mais refuse de préciser d’où proviennent ces chiffres. Ils refusent également d’indiquer clairement le coût annuel pour les Canadiens de la subvention de la chasse commerciale au phoque annuelle.
- Nombre de chevaux sont tués durant les rodéos. Entre 1986 et 2011, la Société protectrice des animaux du Canada a documenté plus de 40 morts animales liées au Stampede de Calgary. En 2008, huit chevaux sont morts dans une course de chariots à mandrins à l’Exposition de Saskatoon et quatre autres chevaux sont morts dans un rodéo dans le nord de l’Alberta (également des courses de chariots à mandrins). En 2009, quatre autres chevaux ont été tués au Stampede de Calgary, suivis de six autres en 2006. Il y a des décès presque chaque année, soit sur le parcours, soit à la suite de blessures subies pendant l’entraînement pour la course ou pendant la course elle-même.
- Les médias au Québec et la National Geographic Society.
- La question du déplacement concerne les victimes de la guerre déracinées de leur pays d’origine et contraintes de vivre en tant que réfugiés. La perte d’habitat est la même chose, mais elle concerne la faune. Les résultats sont les mêmes.
- Paul McKay Outside the Bitumen Bubble, 10 avril 2018, The Energy Mix
- Je fais référence à deux sources concernant le nombre de déversements de pétrole qui se sont produits en Alberta : l’Energy Resources Conservation Board et l’Office national de l’énergie qui régit les grands oléoducs transfrontaliers.
- La Norvège n’est pas le seul pays à avoir géré ses ressources différemment de l’Alberta. Les Émirats arabes unis, la Russie et le Kazakhstan, ainsi que le Koweït, comptent parmi les autres pays.
- Le mandat de la Commission royale d’enquête sur la chasse au phoque et l’industrie de la chasse au phoque au Canada demandait que l’on apporte la preuve de l’impact négatif des phoques sur l’industrie. Aucune mention de l’impact positif qu’ils pourraient avoir au sein du système.
- Seulement 8,4% des Canadiens pratiquent la chasse et 85,5% préfèrent les activités non cynégétiques (Nature Canada). Les 85,5% qui ne chassent pas ne sont pas invités aux séances de consultation du MRN. Voir un sondage du gouvernement du Canada intitulé L’importance que les Canadiens accordent à la faune.
- L’Alaska National Wildlife Refuge, et bientôt peut-être le Yellowstone National Park entre autres, ont été ou seront retirés de la liste par le président Donald Trump.
- Les abattages d’animaux sauvages sont un exemple flagrant de l’incapacité de l’homme à vivre en harmonie avec la nature. C’est la confirmation que nous gérons la faune non pas pour les besoins mais pour notre propre bénéfice.
Image vedette : Sables bithimineux, courtoisie de Greenpeace
À lire aussi : Autres articles par Georges Dupras
Georges R. Dupras se fait le champion et le défenseur des animaux depuis plus de 50 ans. Il est membre de l’International Association for Bear Research and Management (IBA), un directeur de l’Alliance pour les animaux du Canada (AAC), le représentant du Québec de Zoocheck Canada, et un ancien directeur de la Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (CSPCA). En 1966, il s’est impliqué dans la campagne initiale pour sauver les phoques qui a mené à la fondation de l’International Fund for Animal Welfare (IFAW) en 1969. Il a publié deux livres : Values in Conflict et Ethics, A Human Condition. Georges demeure à Montréal, Québec, Canada.
There are no comments
Ajouter le vôtre