Recettes végétaliennes
pour le temps du carême

Les fidèles de religion orthodoxe grecque suivent un régime végane à plusieurs moments de l’année

Par Penny Arsenault

23 mars 2023 • Traduit de l’anglais

De nombreux chrétiens entament une période de préparation à Pâques durant cette époque de l’année, appelée Carême. Ces préparatifs comprennent des cérémonies et des pratiques de jeûne, dont certaines sont observées depuis l’époque apostolique.

Si les églises occidentales ont assoupli de nombreuses règles en matière de jeûne, les églises orientales pratiquent encore certaines restrictions strictes. Dans les églises grecques orthodoxes ou orientales, ces restrictions comprennent un grand carême de 40 jours, mais aussi de nombreux autres jours de jeûne tout au long de l’année.

Bien qu’un régime à base de plantes semble encore bizarre ou difficile pour certains, dans la foi orthodoxe grecque il y a des périodes tout au long de l’année pendant lesquelles de nombreux adeptes adhèrent essentiellement à un régime végétalien.

On dit qu’en Grèce, même le jeûne est synonyme de bonne gastronomie ! Les cuisiniers grecs sont donc tout à fait capables de préparer de délicieux repas sans aucun produit d’origine animale. La période de jeûne la plus longue de l’année est le carême, qui cette année a commencé le 27 février et durera jusqu’au 6 avril.

Je me suis récemment entretenu avec le père Venediktos, un pope montréalais de l’église orthodoxe grecque Saint-Nicolas de Sudbury, en Ontario. À la veille de cette période de vacances, je l’ai interrogé sur la signification et le raisonnement qui sous-tend cette pratique religieuse, ainsi que sur ses implications morales et théologiques.

« La croyance chrétienne estime que l’être humain, par essence, est à la fois physique et spirituel, et que ces deux natures existent en unité et en synergie, et que l’une peut affecter l’autre. Il existe un équilibre entre les deux, et lorsque l’on se concentre uniquement sur l’une de ces deux natures, on affaiblit l’autre. »

« Par exemple, si une personne se concentre uniquement sur le monde matériel qui l’entoure et sur ses besoins physiques en priorité, l’esprit qui n’est pas nourri s’affaiblira. Les chrétiens croient que l’âme est la nature prédominante et éternelle de l’être humain et que notre attention doit se porter d’abord sur notre esprit et non sur notre corps. »

À l’origine, le jeûne était bien plus que cela. La forme originelle du jeûne impliquait que l’on ne pouvait pas manger de repas cuit pendant une journée de jeûne.

Selon le père Venediktos, c’est la raison pour laquelle les Pères de l’Église, au cours des premiers siècles du christianisme et avant le Grand Schisme de l’Église catholique et de l’Église orthodoxe, ont prêché sur l’importance de la croissance spirituelle par le biais d’exercices spirituels. Ces pratiques comprennent la prière, la charité et l’abstinence. L’une des formes d’abstinence est en fait le jeûne. Le jeûne est l’abstinence de tout produit animal dans notre alimentation : viande, poisson, produits laitiers, œufs, huile et vin.

De nos jours, le jeûne est perçu comme un simple processus d’élimination de ces éléments de nos repas quotidiens, mais à l’origine, le jeûne était bien plus que cela. La forme originelle du jeûne impliquait que l’on ne pouvait pas manger de repas cuit pendant une journée de jeûne (d’où l’exclusion de l’huile et du vin, deux des principaux ingrédients de la cuisine de l’époque). Un seul repas était autorisé pour toute la journée, le plus modeste possible et non cuit – on préférait une collation sèche, juste de quoi tenir le coup.

D’après le père Venediktos, le temps gagné par l’individu dans la préparation des repas quotidiens était consacré à la prière, et l’argent économisé pendant cette période était donné en aumône aux pauvres. Le jeûne ne sous-tendait pas seulement la pratique de l’abstinence, mais il était lié à l’exercice spirituel de la prière et à la pratique de la charité, qu’il renforçait. Ainsi, une période de jeûne signifiait que l’on se concentrait véritablement sur notre nature spirituelle et sur la croissance et l’épanouissement de notre esprit.

« Le christianisme plaçant notre nature spirituelle au-dessus de notre être physique, l’Église orthodoxe compte près de 200 jours de jeûne par an, ce qui signifie qu’environ 55 % des jours sont des jours de jeûne et que l’accent doit être mis sur notre âme. » poursuit le religieux de foi orthodoxe.

Selon lui, le jeûne a aussi une autre raison d’être. Les Pères de l’Église comprenaient l’importance de l’être humain dans l’écosystème et la responsabilité que nous avons de maintenir l’équilibre naturel. C’est pourquoi les 200 jours de jeûne sont répartis tout au long de l’année, en fonction des fêtes célébrées mais aussi dans le respect des autres créatures vivantes avec lesquelles nous partageons notre planète.

Prenons l’exemple de la période de jeûne la plus longue de l’année, celle précédant Pâques au début du printemps, au cours de laquelle les troupeaux ont leurs petits. Si nous buvions leur lait, il n’en resterait plus pour leur progéniture. De même, pendant le jeûne de Noël, la consommation de poisson est autorisée, car la fin de l’automne est la saison où la pêche est la plus abondante.

‘Les Pères de l’Église comprenaient l’importance de l’être humain dans l’écosystème et la responsabilité que nous avons de maintenir l’équilibre naturel.’

« Le jeûne n’était pas seulement destiné à aider les humains à atteindre leurs objectifs spirituels, mais aussi à souligner leur responsabilité à l’égard des autres espèces avec lesquelles nous partageons notre planète ; une façon humble de rappeler que 200 jours par an, nous sommes au service de la planète, et que le reste du l’année nous en sommes maître et en tirons profit. » poursuit le père Venediktos.

Selon lui, en tant que chrétien orthodoxe, il est beaucoup plus facile de suivre les périodes de jeûne à notre époque, car nous disposons d’un grand choix de produits alimentaires. La plupart de ceux qui pratiquent le jeûne ne se privent pas de grand-chose et trouvent cela facile et sans impact négatif sur leur santé. « C’est comme une habitude, et une fois qu’on l’a prise, c’est assez simple à suivre. Et je crois même que c’est une habitude très saine à prendre ».

Le pope précise que la sévérité du jeûne peut être ajustée par le père spirituel (le confesseur) du croyant en fonction de ses besoins et limites. « Il y a beaucoup de souplesse dans cette pratique, car tous les exercices spirituels sont destinés à faire épanouir l’âme et non à faire souffrir le corps. Chacun doit se pousser selon ses justes limites ».

Dans la pratique orthodoxe, le grand carême de Pâques est la période la plus longue et la plus difficile de toutes les périodes de jeûne du calendrier (allant d’un jour à quelques semaines à la fois). Pâques étant la fête la plus importante du calendrier pour les chrétiens orthodoxes, il dure 50 jours, dont 48 sont consécutifs, et la préparation spirituelle à cette grande fête est également importante. « L’Église souhaite que ses fidèles se concentrent sur la prière, l’abstinence et les actions caritatives durant cette période. C’est un rappel que nous devrions viser à être comme le Christ si nous voulons passer l’éternité avec Lui. »

Le concept de jeûne spirituel et religieux est une idéologie répandue dans tout le monde orthodoxe, et toutes les communautés orthodoxes suivent et prêchent une certaine forme d’abstinence alimentaire. Il en va de même pour l’Église catholique romaine. L’ampleur de la pratique parmi les adeptes dépend de nombreux facteurs, mais l’idéologie est toujours présente.

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Le père Venediktos ayant partagé ses connaissances et ses réflexions avec nous, sa mère et sa sœur ont aussi partagé avec nous quelques-unes de leurs recettes de carême éprouvées : deux plats principaux, deux trempettes et deux recettes de sucreries.

Petits pois et pommes de terre à la grecque – Image : Uwe Conrad – Pixabay

Petits pois et pommes de terre à la grecque

Donne 6 grandes portions

Ingrédients

• 4 grandes pommes de terre jaunes ou dorées
• 1 kg de petits pois surgelés
• 1 carotte
• 1 branche de céleri, avec les feuilles
• 1 oignon haché
• 2 gousses d’ail hachées
• ½ tasse d’huile (canola ou autre)
• le jus de ½ citron
• jus de ½ orange
• 3 tasses d’eau chauffée

Herbes et épices

• 2 feuilles de sauge
• 1 tige d’aneth, hachée
• ½ bâton de cannelle
• 1 cuillère à café de moutarde en poudre
• ¼ de cuillère à café de gingembre en poudre
• 1 cuillère à soupe de paprika
• 1 cuillère à soupe de persil haché
• ½ cuillère à soupe de chacun des ingrédients suivants : menthe, thym, romarin et marjolaine

Préparation

• Décongeler les petits pois à température ambiante pendant 30 minutes dans une passoire.
• Éplucher et couper les pommes de terre en morceaux de taille moyenne. Les conserver dans l’eau pour l’instant.
• Dans une casserole, mettre les ingrédients hachés : céleri, oignon, ail, aneth et carotte. Ajouter toutes les herbes et les épices.
• Placer les petits pois en tas, d’un seul côté de la casserole.
• Placer les pommes de terre dans le reste de la poêle, sur les herbes et les épices.
• Ajouter les jus de citron et d’orange et l’huile sur les pommes de terre et les petits pois.
• Verser l’eau chauffée dans la casserole jusqu’à ce que les pommes de terre soient légèrement recouvertes.
• Placer une feuille de papier d’aluminium sur la partie de la casserole où se trouvent les petits pois (pour créer un couvercle afin que les petits pois ne cuisent pas trop vite !
• Placer la casserole à moitié couverte dans le four à 360 degrés pendant 1 heure. Remuer les petits pois au bout d’une heure.
• Goûter un morceau de pomme de terre pour en connaître l’état de cuisson.
• Remettre le papier d’aluminium pour protéger les petits pois sensibles. Remettre la casserole au four pour 30 à 40 minutes supplémentaires.
• Éteindre le four – vous pouvez laisser la casserole à l’intérieur pendant 20 minutes supplémentaires pour permettre aux pommes de terre de rôtir un peu plus, selon le degré de tendreté que vous souhaitez.

Les astuces pas si secrètes de la cuisinière :

• Utiliser des pommes de terre jaunes ou dorées – elles sont très savoureuses. (Les pommes de terre blanches rondes cuisent beaucoup plus lentement).
• Le temps de cuisson varie en fonction de la poêle et du four utilisés – continuer à prendre des échantillons

Moussaka végétalienne aux lentilles et aux champignons – Image : courtoisie de MyGreekDish.com

Moussaka végétalienne aux lentilles et aux champignons

Cette recette est un peu plus ambitieuse, mais elle en vaut la peine – recette en anglais

Skordalie – Trempette traditionnelle à l’ail

Skordali2 – Image : Hebi B. – Pixabay

Ingrédients

• 1 livre de pommes de terre dorées, pelées et coupées en dés
  sel casher
• 3 onces d’amandes blanchies*
• 3 à 6 gousses d’ail
• ¼ tasse plus 2 cuillères à soupe de jus de citron frais
• ¾ tasse d’huile d’olive extra vierge grecque
• 1 oignon vert, paré et tranché finement, pour la garniture
• persil frais haché, pour la garniture
• 1 zeste d’un citron, pour la garniture* optionel

Préparation

• Préparer et cuire les pommes de terre jusqu’à ce qu’elles soient très tendres et les laisser refroidir.
• Préparer la pâte d’ail. Pendant que les pommes de terre refroidissent, mélanger les amandes (le cas échéant), l’ail, une grosse pincée de sel casher et le jus de citron dans un robot culinaire.
• Mélanger jusqu’à l’obtention d’une pâte lisse.
• Bien écraser les pommes de terre.
• Mélanger la purée de pommes de terre avec l’huile d’olive extra vierge et la pâte d’ail et d’amandes.
• Ajouter la moitié de l’huile, petit à petit, tout en mélangeant.
• Ajouter la pâte d’ail et bien mélanger.
• Ajouter le reste de l’huile d’olive, de nouveau petit à petit, en mélangeant bien avec votre cuillère en bois.
• Ajoutez du sel selon votre goût.
• Transférer dans un plat de service, arroser d’huile d’olive
• Garnir d’oignons verts hachés, de persil et de zeste de citron.
• Déguster avec du pain pita, des crackers ou des légumes.

Tzatziki végétalien – Image : courtoisie de MyGreekDish.com

Tzatziki végétalien

Une délicieuse recette de sauce tzatziki végétalienne de MyGreekDish.com – recette en anglais

Biscotti grec traditionnel Paximadia

Ingrédients

• 2 tasses d’huile végétale, comme l’huile de canola
• 2 tasses de jus d’orange
• 2 tasses de sucre
• 5 cuillères à café de levure chimique
• 3 cuillères à café de cannelle
• 7 tasses de farine
• 2 cuillères à soupe de graines de sésame

Biscotti grec traditionnel Paximadia – Image : Rachel Claire– Pexels

Préparation

• Préchauffer le four à 350 degrés Fahrenheit.
• Ajouter tous les ingrédients, sauf la farine, dans un bol et mélanger. Ajouter lentement la farine au mélange jusqu’à l’obtention d’une pâte souple et malléable.
• Faire de longues bandes de pâte arrondies et les presser sur un moule pour les aplatir.
• Faire des entailles tous les trois quarts de pouce environ. Saupoudrer de graines de sésame
• Cuire au four à 350 degrés jusqu’à ce qu’ils soient légèrement dorés, soit environ 30 minutes.
• Sortir le moule du four et baisser le four à 250 degrés.
• Retirer les bandes de biscotti du moule et coupez-les à l’endroit où elles ont été marquées.
• Déplacer les biscuits sur la plaque de cuisson pour que tous les côtés du biscotti puissent sécher correctement.
• Poursuivre la cuisson à 250 degrés pendant 20 à 30 minutes, selon le degré de cuisson souhaité.

Crêpes végétaliennes – Image : courtoisie de NoraCooks.com

À propos du mardi gras

Le mardi précédant le carême est connu sous le noms de Mardi gras, ou mardi des crêpes. Malheureusement, le mardi des crêpes est déjà passé, mais pourquoi ne pas inclure ici une recette de crêpes végétaliennes ? Voici donc une recette pour ces crêpes simple et délicieuse pour toute l’année, proposée par Nora Cooks – recette en anglais

Que vous soyez végane ou non, que vous observiez le carême ou non, essayez l’un de ces plats et faite-nous part de vos réflexions.

Image d’entête : Paximadia – Biscotti traditionnel grec, par Rachel Claire – pexels.com

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Entraîneuse de patinage artistique et danseuse de ballet, Penny Arsenault est une amie des chats, des chiens et de tous les animaux, dévouée à la forme physique et à la nutrition, et infatigable dans sa quête optimiste de l’amélioration des jardins urbains et de la préservation des espaces sauvages.