Split, la particularité des différences
Une histoire où le pluriel prend toute son importance
Par Luc Archambault
M. Night Shyamalan a eu une carrière cinématographique faite de hauts et de bas. Suite à une série de films sans trop d’intérêt, il nous sort Split, mettant en vedette James McAvoy, Anya Taylor-Joy et Betty Buckley. L’histoire orbite autour des personnages interprétés par McAvoy. Ici, le pluriel prend toute son importance, parce que le comédien incarne un homme souffrant de personnalités multiples, Kevin, qui est l’hôte de 23 identités différentes, allant du contrôlant Barry, la très féminine Patricia, le jeune Hedwig, Dennis le harceleur, et la « Bête », une autre personnalité qui veut délivrer le monde des « intouchables », ceux et celles qui ont des cœurs impurs. Lors d’un épisode de prise de contrôle du corps de Kevin, après les avoir longuement observées et traquées, Dennis kidnappe trois jeunes adolescentes.
Kevin se terre dans un labyrinthe de corridors et de pièces fermées à clé. On reconnaît ici la technique usuelle de Shyamalan qui consiste à désorienter tant ses personnages que l’auditoire. Nous n’apprendrons qu’à la toute fin la véritable nature de son repère. Les trois adolescentes sont enfermées dans une petite pièce, et leur unique contact avec le monde extérieur est Kevin, par l’entremise de ses multiples personnalités. Le seul décor extérieur dans ce huis clos est le bureau de la psychiatre de Kevin, la Dr. Fletcher (jouée par Betty Buckley). Car il y a une lutte pour le contrôle entre les différentes personnalités de Kevin, et c’est l’une d’entre elles, Barry, qui décide laquelle obtiendra la permission de se manifester.
On reconnaît ici la technique usuelle de Shyamalan qui consiste à désorienter tant ses personnages que l’auditoire.
Pris de panique par les actions de Kevin, Barry enverra une volée de courriels au Dr. Fletcher, exigeant un rendez-vous d’urgence. Mais ce ne sera pas Barry qui ira au rendez-vous, ce sera Dennis, qui minimisera l’importance des courriels. La Dr. Fletcher comprendra alors les remous dans la vie intérieure de Kevin. Dennis ira même jusqu’à évoquer l’existence de la Bête à sa psychiatre. Alarmée, celle-ci rendra visite à Kevin, pour être capturée puis droguée. Elle sera tuée par la suite par la Bête, qui portera alors son attention sur les trois jeunes femmes.
L’une d’entre elles s’appelle Casey. Avec l’usage de flashbacks, nous apprenons qu’elle est devenue orpheline en bas âge et a été prise en charge par son oncle, qui a abusé d’elle. Les cicatrices de ces abus sont remarquées par la Bête, qui la déclare pure. Elle tirera avantage de ce moment pour prendre la fuite. Kevin disparaîtra, et Casey sera retournée à son oncle. Imaginez ma surprise quand, dans la scène finale, un personnage tiré tout droit de l’un des films précédents de Shyamalan, Unbreakable, apparaît, ouvrant ainsi la porte à une autre suite.
Avec Split, Shyamalan se fie au talent exceptionnel de James McAvoy qui joue toutes les personnalités dissociées à la perfection.
Je me suis alors souvenu que Shyamalan voulait tourner deux suites à son film Unbreakable, et la fin inattendue du film ne m’a donc pas déconcerté. Mais il me semble que le talent narratif de Shyamalan est desservi par son insistance à développer une ligne scénarique trop longue. Avec Split, il se fie au talent exceptionnel de James McAvoy qui joue toutes les personnalités dissociées à la perfection. C’est pour l’acteur un pari à haut risque mais qu’il parvient à remporter avec une performance rendue crédible grâce à un jeu subtil, illustrant à merveille chacun des traits de personnalité des différentes incarnations de Kevin. Et d’avoir accepté un rôle si sombre, lui qui nous avait habitué à des rôles de héros positifs, démontre tout son engagement, en dépit de l’histoire un brin étriquée.
Courrez voir ce film pour cette performance d’acteur extraordinaire. Elle vaut à elle seule le prix d’entrée.
Images: courtoisie de Universal Pictures
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Luc Archambault
Écrivain et journaliste, globe-trotter invétéré, passionné de cinéma, de musique, de littérature et de danse contemporaine, il revient s’installer dans la métropole pour y poursuivre sa quête de sens au niveau artistique.
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