Éliminer les obstacles
Quatre ans de recherche pour aider les personnes handicapées à vivre pleinement
Par Caroline Arbour
De simples tâches du quotidien peuvent devenir de véritables épreuves pour ceux qui vivent avec un handicap. En plus de certaines limites fonctionnelles, ils ont souvent à composer avec des obstacles physiques et sociaux qui les empêchent de s’épanouir. Et si on pouvait cerner ces barrières, les éliminer et bâtir des collectivités et une société plus inclusives?
C’est dans ce but qu’est né un projet sans précédent : le Laboratoire vivant de réadaptation dans un centre commercial, ou RehabMall. Sous la direction des Dres Bonnie Swaine et Eva Kehayia, des équipes du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR) ont entrepris de tester leurs idées et de nouvelles technologies afin susciter le changement.
La direction d’Alexis Nihon, qui prévoyait de rénover le centre commercial, a ouvert toutes grandes les portes aux chercheurs pour que leurs travaux guident les changements à venir. Avec l’aide d’étudiants, des dizaines d’experts ont analysé l’expérience de magasinage de personnes avec des handicaps. Plus de 60 projets ont été menés dans ce premier laboratoire nord-américain nouveau genre en collaboration avec des cliniciens, des décideurs, des organisations communautaires et des membres du grand public.
Plus de 60 projets ont été menés dans ce premier laboratoire nord-américain nouveau genre en collaboration avec des cliniciens, des décideurs, des organisations communautaires et des membres du grand public.
Comprendre les défis
Avant de pouvoir mettre au point des outils pour faciliter la vie des personnes handicapées et pour apporter des modifications adéquates à leur environnement, il importe de connaître leurs besoins précis. Ainsi, plusieurs projets visaient d’abord à sonder les principaux intéressés, soit les personnes handicapées, mais aussi les commerçants et des cliniciens et des marchands pour déterminer quels étaient les éléments positifs rencontrés et les obstacles physiques et sociaux. Certains projets se sont intéressés aux perceptions des adultes handicapés, d’autres, à celles des adolescents ou de leurs parents.
Pour qu’un environnement soit réellement inclusif, il faut par ailleurs éliminer les entraves à la communication. Cela passe par la sensibilisation des commerçants et de la collectivité dans son ensemble à la réalité des personnes handicapées. Des projets ont donc été conçus pour former le personnel d’Alexis Nihon sur les façons d’interagir avec cette clientèle.
Pour qu’un environnement soit réellement inclusif, il faut par ailleurs éliminer les entraves à la communication.
La technologie pour mieux vivre
Environ 65 millions de personnes dans le monde utilisent un fauteuil roulant au quotidien pour se déplacer chez eux ou à l’extérieur. Si les fauteuils roulants motorisés sont nettement plus pratiques, ils ont leurs limites, en particulier pour les personnes qui présentent aussi des déficiences visuelles, motrices ou cognitives. Une équipe de chercheurs, de techniciens et de cliniciens a donc conçu un prototype de fauteuil roulant intelligent capable d’établir et de suivre un trajet, d’éviter les obstacles immobiles ou en mouvement et qui peut être contrôlé par reconnaissance vocale, par manette ou encore par écran tactile. Puisqu’il réagit par lui-même aux changements dans l’environnement, le fauteuil offre une indépendance que les modèles courants ne peuvent égaler.
D’autres chercheurs ont mis au point de nouvelles technologies qui pourront servir aux handicapés sensoriels qui souffrent, par exemple, de cécité ou de surdité, afin qu’ils puissent se déplacer sans danger et sans assistance. Comme nos sens nous renseignent constamment sur ce qui se passe autour de nous, ces personnes peuvent avoir du mal à s’orienter et à naviguer, surtout dans un environnement peu familier. Et demander des indications? Pas toujours facile pour l’aveugle qui s’adresse à une personne voyante, car un même trajet peut être perçu et remémoré de façons bien différentes.
Et puis, comment profiter de la technologie que nous avons tous au bout des doigts? Un groupe s’est penché sur cette question, effectuant des essais sur diverses applications mobiles qui fourniraient des informations sur l’accessibilité d’un lieu.
Réadaptation et répétition virtuelle
L’un des projets les plus novateurs du RehabMall a été développé pour que les professionnels en réadaptation puissent mieux préparer les personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien et présentent des séquelles cognitives à reprendre leur vie. À cette fin, des chercheurs du CRIR et d’Israël ont recréé dans un monde virtuel une partie du centre commercial pour aider les patients à circuler dans des environnements complexes. Dans ce cadre contrôlé, les cliniciens et les chercheurs ont pu évaluer la capacité des patients à accomplir des tâches « réelles ».
Ce ne sont là que quelques exemples des activités menées dans le laboratoire vivant qu’est Alexis Nihon. Après quatre années de recherche interdisciplinaire de pointe, le CRIR dévoilera et partagera les résultats de ces efforts le 3 novembre prochain au centre commercial, dans le cadre d’une journée spéciale portes ouvertes. De 14 h 30 à 17 h 30, le public aura l’occasion de s’entretenir avec les chercheurs et les étudiants qui ont participé aux projets, de découvrir leurs réalisations et d’obtenir un aperçu de l’avenir des sciences de la réadaptation. Des kiosques seront répartis sur les trois étages.
Pour plus d’information sur le projet RehabMALL et la Journée scientifique – portes ouvertes, consultez le crir-livinglabvivant.com ou communiquez avec la gestionnaire du projet à info@crir-livinglabvivant.com
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