Rivière Saint-Pierre :
trop altérée pour être classée

Le ministère de la Culture et des Communications refuse son classement en tant que site patrimonial

Par Louise Legault

8 août 2024

Les lecteurs de Westmount Magazine ont suivi dans ces pages le dossier de la rivière Saint-Pierre, ce ruisseau de 200 mètres qui traversait le terrain de golf Meadowbrook à Lachine, seule section encore visible de l’historique rivière Saint-Pierre.

La rivière Saint-Pierre courait autrefois du pied du Mont-Royal au fleuve Saint-Laurent sur une distance de 43 km. Elle drainait un vaste bassin, d’ailleurs reconnu pour l’excellence de ses produits agricoles (on pense notamment au melon de Montréal). Avec l’industrialisation et la population croissante de Montréal, la rivière est devenue polluée et insalubre et a été petit à petit enfouie sur presque tout son parcours, sauf pour un méandre qui persistait à Lachine.

Canalisé à l’hiver 2022 à la suite d’une malencontreuse décision de la cour, ce dernier survivant, têtu, n’en a pas moins débordé au printemps suivant. Ceci a amené Les amis du parc Meadowbrook à tenter le tout pour le tout et à demander le classement du ruisseau en tant que site patrimonial par le ministère de la Culture et des Communications. Nous avons alors fait valoir les valeurs historique, emblématique, environnementale et paysagère de cet écosystème, question de préserver son lit, sujet à l’érosion et avec le temps au remblaiement, et ce, dans l’éventualité d’une remise en eau.

‘Il nous reste à espérer que la rivière Saint-Pierre sera le dernier cours d’eau montréalais à subir pareil sort et qu’un jour on reconnaitra les services que rendait ce petit ruisseau…’

C’était sans compter cependant sur une dernière salve de travaux à l’hiver 2024, ordonnés par la cour pour décontaminer les abords et le fond du ruisseau. La section sur Meadowbrook avait été contaminée par le collecteur pluvial qui l’alimentait, lui-même contaminé par des raccords inversés, c’est-à-dire des raccordements d’égouts domestiques qui auraient dû être faits à l’égout sanitaire plutôt qu’à l’égout pluvial. En élargissant et en approfondissant le ruisseau, ces derniers travaux ont à ce point altéré l’aspect naturel du cours d’eau que le ministère en a refusé le classement.

Il nous reste à espérer que la rivière Saint-Pierre sera le dernier cours d’eau montréalais à subir pareil sort et qu’un jour on reconnaitra les services que rendait ce petit ruisseau en rafraichissant l’air, en absorbant le trop plein lors de fortes pluies et de la fonte des neiges et en abreuvant les oiseaux de passage, sans oublier le charme qu’il ajoutait au lieu.

Image d’entête : la rivière Saint-Pierre à Meadowbrook en 2018, gracieuseté des Amis du parc Meadowbrook.

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Louise Legault est membre du comité d’orientation de Les Amis du Parc Meadowbrook. Le groupe  défend la rivière Saint-Pierre et le terrain de golf Meadowbrook du développement résidentiel depuis trente ans afin d’en faire un parc nature relié à la falaise Saint-Jacques et au Sud-Ouest par la dalle-parc. lesamisdemeadowbrook.org