Un détour cruel vers l’abattoir
Un rodéo inhumain serait-il la dernière trouvaille de Montréal en guise de divertissement?
Par Anne Streeter
22 juillet 2017
L’idée dépasse l’entendement. Cette année, Montréal célèbre son 375e anniversaire et parmi les événements prévus, un rodéo aura lieu durant l’été en plein cœur historique de la ville, au Vieux Port.
La question se pose : qu’est-ce qui ne tourne pas rond dans cette histoire ? Qu’est-ce qu’un rodéo? Un tel divertissement a-t-il sa place ici? Ou même dans l’Ouest? Ses partisans affirment qu’il fait partie des traditions des cowboys. Mais la réalité est tout autre… Courses de wagons de ranch, luttes contre les bouvillons, montes de taureaux sans selle, courses entre barils – ces activités n’ont jamais fait partie de la vie sur un ranch. La seule activité vaguement susceptible d’être associée à la vie au ranch serait la prise du veau au lasso pour le marquage. Et cela n’a jamais été vu comme un divertissement.
Courses de wagons de ranch, luttes contre les bouvillons, montes de taureaux sans selle, courses entre barils – ces activités n’ont jamais fait partie de la vie sur un ranch.
Aujourd’hui, le rodéo est purement un divertissement, au dépens de l’animal. Quoi qu’en disent les promoteurs, les animaux souffrent dans les rodéos. Le Stampe de Calgary se termine rarement sans la mort d’un animal. Certains meurent instantanément alors que d’autres doivent être euthanasiés en raison de blessures graves. Les statistiques sont accablantes.
Revenons à Montréal. On pourrait imaginer un tas d’événements formidables pour une ville aussi remarquable et spéciale que Montréal. Pourquoi les autorités ont-elles choisi une activité aussi brutale et potentiellement cruelle? À la surprise du maire, des promoteurs et des commanditaires, l’idée a été très mal reçue par pratiquement tous les segments de la société – les résidents, la presse, les sociétés humanitaires, le parti d’opposition de la ville, les vétérinaires et techniciens vétérinaires.
Pourquoi les autorités ont-elles choisi une activité aussi brutale et potentiellement cruelle alors qu’on pourrait imaginer un tas d’événements formidables pour une ville aussi remarquable et spéciale que Montréal
En fait, Projet Montréal a manifesté son opposition au projet. La SPCA canadienne, la Vancouver Humane Society, l’Animal Alliance du Canada et la Humane Society International/Canada ont toutes présenté des pétitions avec des milliers de signatures. Une pétition comptant 600 signatures de vétérinaires et techniciens vétérinaires a aussi été présentée avec un avis à l’Hôtel de Ville de Montréal. Vingt-trois organisations nationales et internationales pour la protection des animaux ont déclaré leur opposition à la tenue de l’événement. Deux grands commanditaires des Fêtes du 375e se sont dissociés de cette partie du NomadFest.Pourtant le maire Denis Coderre semble maintenir sa décision, et il s’avère difficile de trouver d’autres moyens d’empêcher la tenue de cet événement. Il y aura bien sûr des manifestations durant le programme de trois jours, mais il aurait été préférable de l’interdire absolument dès le début. Maintenant, il faut s’assurer que le rodéo ne reviendra plus jamais dans notre ville.
En conclusion, je constate que Montréal, particulièrement sous l’administration du maire Denis Coderre, n’est pas une ville respectueuse du bien-être des animaux. Le rodéo et la règlementation selon les races sont nos premières préoccupations. Nous avons aussi de sérieuses réserves
concernant les chevaux de calèche. En dépit de l’information sur les problèmes auxquels sont confrontés les chevaux de travail urbains, le maire est déterminé à les garder dans les rues de la ville. Fait intéressant, Projet Montréal, le parti d’opposition, dénonce l’utilisation de chevaux de calèche en ville, la règlementation selon les races et le rodéo.
À Montréal, il est temps de reconnaître que nous sommes en retard sur l’évolution des préoccupations concernant le bien-être des animaux. Nous devons nous assurer que nos préoccupations se traduisent maintenant par de l’action.
Image vedette avec l’aimable autorisation de Animal Alliance du Canada
Lire aussi Lettre ouverte de la CPSPC
Anne Streeter a travaillé comme bénévole avec le Fonds international pour le bien-être des animaux. Elle a été l’une des premières à aller avec Brian Davies sur la glace aux Îles-de-la-Madeleine pour voir si le tourisme pourrait être une alternative à la chasse au phoque en 1970. Elle a ensuite rejoint l’International Wildlife Coalition (USA) pour diriger leur campagne contre la fourrure. Elle a siégé au conseil d’administration de la SPCA canadienne de 1990 à 1993. Elle siège parmi les Directeurs de l’Animal Alliance du Canada depuis 1990.
There are no comments
Ajouter le vôtre