La Résidence de la Canardière
Un lieu pour les rencontres humaines et de ressourcement contemplatif en nature
Via v2com
17 mars 2018
La Résidence de la Canardière devait permettre à une sœur et un frère habitant Montréal et Paris de se réunir en famille, entourés de leurs parents et de leurs enfants lors d’occasions spéciales ou encore de profiter de la nature en famille plus restreinte, loin des centres urbains. Un lieu pour les rencontres humaines aussi bien qu’un endroit de ressourcement contemplatif en nature. Ce projet a pris racine en bordure du paisible lac de la Canardière, dans les Laurentides, sur un terrain boisé de plus de 52 000 pi2 ayant une pente régulière de près de 30 %.
Ce projet a pris racine en bordure du paisible lac de la Canardière, dans les Laurentides…
Ce dénivelé offre une vue plongeante sur le lac à travers les sous-bois et le sentier qui mène au quai. Cette caractéristique du terrain est l’axe principal de développement du concept architectural qui vise à tirer profit de ce dénivelé en s’accrochant au terrain par l’assemblage de deux volumes se déposant l’un sur l’autre tout en s’entrecroisant. Le morcellement de la volumétrie permet de minimiser l’impact et d’harmoniser son intégration au paysage. Rappelant le bâtiment fermier, les deux blocs longitudinaux ajoutent à l’impression de connexion avec la nature. L’implantation de ce chalet s’inscrit également dans un parcours à travers le site ou les sentiers en forêt se prolongent en circulation intérieure tout en créant des vues, à la manière de postes d’observation sur le paysage environnant.
Le volume supérieur se projette vers le lac par un porte-à-faux tandis que le volume inférieur s’ancre à la pente. Le volume supérieur adopte la morphologie de la maison typique avec un toit à deux versants et les pignons aux extrémités. Le volume est simplifié, les lignes sont épurées, afin de voir en pignon une forme simple de 5 arrêtes, un pentagone irrégulier, duquel la toiture ne déborde pas et dont les gouttières sont dissimulées. Ce volume qui abrite les chambres est tranché au croisement du volume inférieur pour laisser place à la circulation verticale et au hall d’entrée en contrebas. Cet espace pivot organise toute la circulation intérieure et permet de connecter le cœur du bâtiment avec l’extérieur sur les façades NORD et SUD, chacune ayant un mur-rideau offrant des vues qui traversent le chalet et découpent le volume.
L’étage inférieur a une volumétrie plus contemporaine avec ses toits plats et de très grandes ouvertures laissant la beauté du paysage pénétrer au cœur du projet. En s’accrochant parallèlement aux courbes de niveau, cet ouvrage sert d’appui au volume supérieur. La cuisine, la salle à manger et le séjour qui y sont aménagés profitent de la vue en plongée sur le lac. Les ouvertures cadrent le scintillement de l’eau, aperçu au bout du quai ou à travers les boisés.
Les espaces de l’étage inférieur sont aménagés sur trois niveaux différents qui épousent la topologie du site ce qui permet un accès facile et direct au terrain et au lac. Le foyer au bois est installé à la limite du palier de la salle à manger et du salon, plus bas, et aide à définir les fonctions de l’espace ouvert des aires de vie. À l’une des extrémités un grand abri moustiquaire complète le volume inférieur tout près de la cuisine. Une généreuse terrasse est aménagée sur le toit à l’autre extrémité et profite d’un ensoleillement durant toute la journée.
À l’extérieur, les couleurs sobres et les matériaux bruts permettent au projet de s’imposer tout en nuances, comme s’il avait surgi du sol généré à partir des matières premières environnantes, respectueux du paysage. Le revêtement extérieur en bois noir vient unifier la composition sous un toit de zinc. Les espaces techniques et le garage ont un traitement de façade distinct par l’utilisation d’un bloc de béton brut qui se démarque du niveau de raffinement du reste de l’ensemble.
Le bois est présent dans le bâtiment un peu comme si la nature s’invitait à l’intérieur. Vu du lac, on a l’impression d’une petite maison, un refuge. Les sections de bois clair qui viennent illuminer l’ensemble sombre peuvent faire penser aux pieds de vent qui percent à travers les nuages après la tempête. Imposante sur son assise rocailleuse, l’habitation inspire force et stabilité.
À la genèse du projet, les visites du terrain procuraient une impression de vertige prenante. Le concept en deux volumes s’inspire du dénivelé et suggère un endroit où l’on vient se nicher dans un lieu improbable.
L’impression de quiétude qui se dégage des lieux, par la cohabitation des textures froides du béton et du zinc avec celles plus chaudes du bois est ressentie dès l’approche du bâtiment. De l’enveloppante véranda moustiquaire à la cuisine blanche et épurée, au salon invitant à la détente, toutes les sensations sont réunies dans ce projet qui se veut tant une représentation du lieu de villégiature que de la ville moderne et cosmopolite, comme un écho aux réalités de la vie quotidienne des résidents. Bien que raffiné et épuré, on sent que l’endroit est habité. Le raffinement des clients ainsi que leur générosité et leur désir d’être entouré de leurs proches se ressent bien. La luminosité des lieux vient structurer le décor de manière différente selon les heures du jour. La vue à partir des larges ouvertures du salon donne une impression d’être suspendus dans le vide. À l’étage, les bandes de bois sur le mur de la cage d’escalier rappellent la verticalité des arbres de la forêt.
Au gré des saisons, le projet aura une allure qui étonnera par sa différence et c’est dans la blancheur éblouissante de l’hiver que le bloc noir prendra un éclat tout particulier, mis en valeur par le contraste frappant.
C’est dans la blancheur éblouissante de l’hiver que le bloc noir prendra un éclat tout particulier, mis en valeur par le contraste frappant.
À propos de l’atelier BOOMTOWN
Dirigé par l’architecte Eric Joseph Tremblay, l’atelier BOOMTOWN propose une relecture de l’architecture des bâtiments d’échelle humaine en travaillant l’espace, la lumière et la matière, sur la base des principes d’origine des immeubles boom-town, créés en périphérie des usines et des industries minières dans les villes champignons des années 1890-1920. Ils se distinguaient par leurs façades simples et leurs volumes carrés ainsi que leurs toits plats ou presque plats, ce qui était une innovation à l’époque. Aujourd’hui la simplicité et l’efficience de ces réalisations inspirent la conception de projets contemporains qui, par leur architecture aussi innovante que contextuelle, valorisent leur environnement et l’expérience de leurs usagers.
Images : Steve Monpetit
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