Les buissons ardents
du parc Westmount
Une espèce envahissante qui contribue à l’impact environnemental négatif du parc
Par Michael Walsh
27 octobre 2024
Les plantes indigènes ont évolué sur des milliers d’années dans une région ou un écosystème particulier. Elles sont adaptées au climat local et aux conditions du sol, nécessitant souvent moins d’apports comme les engrais et l’irrigation par rapport aux plantes non indigènes. Les plantes invasives non indigènes sont capables de prospérer dans diverses conditions, de croître rapidement et de se propager au point de perturber les communautés végétales ou les écosystèmes.
Les plantes invasives non indigènes sont capables de prospérer dans diverses conditions, de croître rapidement et de se propager au point de perturber les communautés végétales ou les écosystèmes.
Il existe dans le parc Westmount une zone isolée qui, jusqu’à récemment, était négligée. Elle avait été conçue à l’origine comme un espace pour les jeunes, avec des sièges semi-circulaires pour des spectacles. Plus tard, elle est devenue une aire de loisirs, offrant un espace pour les dames et un terrain de shuffleboard. En été, un préposé fournissait du matériel de jeu aux visiteurs. Probablement en raison de contraintes budgétaires, ces activités ont été abandonnées, tout comme la fermeture du mini-golf adjacent.
Toutefois il y a eu quelques tentatives pour revitaliser la zone, incluant l’installation d’équipements d’exercice, une table de ping-pong et des sièges avec des tables d’échecs. De plus, le sous-bois des arbustes a été dégagé et une jardinière négligée a été remplie d’une variété de conifères juvéniles. Les jardinières adjacentes, en revanche, montrent des signes d’années de négligence.
Ce qui rend cette zone unique ne réside pas dans son apparence négligée, mais dans une longue rangée de buissons touffus adjacents au sentier piétonnier. Au début de l’automne, les visiteurs sont accueillis par un spectacle impressionnant de feuillage cramoisi lorsque les buissons se préparent à perdre leurs feuilles.

Feuilles du buisson ardent en été
Ces buissons, connus sous le nom d’Euonymus alatus (communément appelés Buissons Ardents), sont des plantes médicinales (et non ornementales) originaires de Chine et d’Asie, et c’est là que réside notre histoire.En fait, en Chine, la première utilisation clinique documentée de cette plante pour soulager la douleur remonte à 300 av. J.-C. Son usage médicinal se poursuit jusqu’à nos jours, associé à des recherches cliniques en cours montrant que les centaines de composés chimiques trouvés dans le cambium subéreux des branches contribuent à son efficacité dans le traitement de l’hyperglycémie, de la polyarthrite rhumatoïde et des maladies de la prostate. De plus, d’autres études démontrent le potentiel de la plante dans le traitement de l’ostéoporose sans les effets secondaires sévères associés à d’autres régimes pharmaceutiques.Ces arbustes ont été introduits en Amérique du Nord avec les meilleures intentions en raison de leur valeur ornementale – c’est là que réside le problème.
Leurs graines sont largement dispersées par les oiseaux et les animaux dans l’environnement local. Associé à leur taux élevé de germination, ils forment des fourrés denses qui surpassent les plantes indigènes. De plus, en l’absence de prédateurs herbivores nord-américains, ces arbustes poussent sans contrôle, formant de vastes bosquets, particulièrement dans les zones perturbées.
Leur croissance incontrôlée et leurs effets néfastes sur les espèces végétales locales ont suscité beaucoup d’inquiétude au Canada et aux États-Unis. Ils sont répertoriés comme “envahissants” par le Programme des espèces envahissantes de l’Ontario et la Coalition canadienne pour la réglementation des plantes envahissantes. Bien que ces plantes ne soient pas interdites, les pépinières canadiennes réputées encouragent les consommateurs à acheter des arbustes alternatifs à des fins ornementales.
Aux États-Unis, la vente de ces arbustes est interdite par le Département de l’Agriculture de Pennsylvanie, le Conseil des plantes envahissantes du Connecticut, le Massachusetts et l’État du New Hampshire. Dans vingt autres États, ils sont répertoriés comme envahissants et leur achat est déconseillé.
Cela nous amène à la question plus large : les espèces de plantes envahissantes méritent-elles une place dans les parcs publics ? La propagation de ces espèces leur permet de se répandre dans le paysage indigène de la région, causant ainsi un impact négatif. Des études ont montré que les parcs publics qui présentent des espèces reconnues comme envahissantes constituent une menace pour la biodiversité de la région.
De plus, les recherches montrent que 85 % des espèces ligneuses envahissantes reconnues ont été introduites par des moyens horticoles. Bien que la plupart des jardins et parcs publics contiennent un faible nombre d’espèces envahissantes, il est clair que celles-ci représentent une menace pour la biodiversité locale.
‘Bien que ces plantes ne soient pas interdites, les pépinières canadiennes réputées encouragent les consommateurs à acheter des arbustes alternatifs à des fins ornementales.’
Pour résoudre ce problème, l’Association américaine des jardins publics suggère à ses membres de surveiller activement leur collection botanique pour détecter l’invasivité. Dans une démarche similaire, le Code de conduite européen pour les jardins botaniques sur les espèces invasives stipule que les collections de plantes existantes, ainsi que les nouvelles acquisitions, doivent être examinées pour leur caractère invasif et que leurs conclusions soient partagées entre tous les pays membres.
De plus, les Codes de conduite volontaires américains pour les jardins botaniques et les arboretums appellent à la suppression de toutes les espèces invasives de toute collection de jardin public. Au Canada, à l’exception du Conseil canadien du jardin, le signalement et la surveillance des espèces invasives relèvent de la responsabilité fédérale. Ceux-ci sont surveillés par le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles et réglementés par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.
Collectivement, ces organisations fournissent un ensemble de données partagées qui peut être utilisé pour prédire l’impact des espèces non indigènes et fournir un cadre réglementaire pour contrôler les espèces potentiellement invasives. Cela nous amène au cadre réglementaire, en termes d’espèces botaniques, plantées pour l’exposition dans le parc Westmount. Ces directives (si elles existent) ont été établies il y a des décennies, et en tant que telles, nous vivons avec leurs conséquences à long terme.
À ce stade, la Ville devrait décider de l’orientation de son inventaire végétal existant et futur. Le parc devrait-il continuer à exposer des espèces qui contribuent à l’impact environnemental négatif de la zone ou servir d’exemple, aux visiteurs, avec une collection locale, unique et ornementale qui ne pose aucune menace pour les espèces indigènes ? Cette question, malheureusement, ne peut être ignorée.
Images : Michael Walsh
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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Aujourd’hui, il aime se balader avec son chien tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent ses parcs et ses rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked
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