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Faites ce qui est approprié
et implantez l’usine ailleurs

L’emplacement proposé pour le projet de Meltech Canada n’est pas approprié et il y a plusieurs alternatives possibles

Par Patrick Barnard

15 Juillet 2021

Une consultation est en cours afin d’évaluer le projet proposé par Meltech Canada, une société affiliée au groupe Medicom, visant à construire une usine de fabrication de masques médicaux sur la partie nord du lot 5 599 104 du chemin de l’Aviation à Dorval.

Mon nom est Patrick Barnard. Je suis membre du conseil d’administration de la Coalition verte, et j’écris et réalise des vidéos sur l’environnement. Comme un certain nombre d’autres citoyens, je souhaite indiquer pourquoi l’emplacement proposé pour ce projet, situé dans les champs de papillons monarques de Dorval – est si peu approprié et comment on peut trouver une solution au dilemme actuel.

Au cours des deux dernières générations, le Canada et le Québec ont perdu 90 % de leurs milieux humides urbains. Les principales raisons de ce bilan dévastateur sont l’étalement urbain et la fragmentation des habitats.

Radio-Canada, le Journal de Montréal et le quotidien Métro ont tous parlé des champs de monarques et des 29 millions de dollars provenant des contribuables qui seront utilisés pour les détruire si le site proposé est choisi. Au cœur detoute l’attention médiatique, le meilleur résumé des enjeux environnementaux est probablement la récente description du problème par Allison Hanes dans la Gazette de Montréal (en anglais).

Prairie du Technoparc - Image : Jim Harris

Champs de monarques – Image: Jim Harris

Avec cette contribution à la consultation, je souhaite mettre l’accent sur trois réalités interdépendantes :

  1. La perte des milieux humides urbains
    Au cours des deux dernières générations, le Canada et le Québec ont perdu 90 % de leurs milieux humides urbains. Les principales raisons de ce bilan dévastateur sont l’étalement urbain et la fragmentation des habitats. (Je viens de publier une histoire de Montréal et de la perte de ses espaces naturels dans la première partie du livre A Citizen’s Guide To City Politics: Montréal, Black Rose Books, 2021.)
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  2. La renaturalisation
    Le réseau hydrographique du Technoparc, qui comprend les champs de papillons monarques, regorge de zones qui ont été renaturalisées. Par exemple, le lot 5 599 104 fait partie d’un terrain de golf maintenant inutilisé, mais cette zone est devenue une prairie florissante avec des campagnols et des insectes, et des plantes d’asclépiade.

    ‘Le gouvernement fédéral est propriétaire des terrains où se trouvent les champs de monarques, et, comme la ville de Montréal, il devrait faire preuve de la même appréciation environnementale de l’ensemble du système de zones humides au nord de l’aéroport. Il est clair que, pour des raisons écologiques, l’usine Medicom devrait être construite ailleurs.’

  3. Les planificateurs locaux ont eu tendance à sous-estimer les zones renaturalisées. Mais ce préjugé est gravement erroné. En plus de la crise climatique mondiale, le Canada a déjà perdu la plupart de ses zones humides urbaines et les 20 dernières années ont conduit à une réévaluation complète des territoires renaturalisés et de leur importance. Les 144 hectares de prairies humides au centre du nouveau Grand parc de l’Ouest à Montréal en sont un exemple. Ils étaient autrefois utilisés pour la fenaison ; ce sont maintenant des champs de haies appréciés par les oiseaux, et des recherches menées en Allemagne ont montré l’extrême importance de ces champs renaturalisés comme habitat pour les oiseaux. La Ville de Montréal a fait preuve d’une perception avisée des prairies humides lorsqu’elle a décidé de les acheter pour le Grand parc de l’Ouest.
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    Le gouvernement fédéral est propriétaire des terrains où se trouvent les champs de monarques, et, comme la ville de Montréal, il devrait faire preuve de la même appréciation environnementale de l’ensemble du système de zones humides au nord de l’aéroport. Il est clair que, pour des raisons écologiques, l’usine Medicom devrait être construite ailleurs.
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    Le groupe d’ornithologie Technoparc Oiseaux a sensibilisé la population montréalaise à l’écosystème situé au nord de l’aéroport. Les oiseaux ont afflué dans cette zone, en en faisant le site ornithologique numéro un de l’île deMontréal. Et la valeur environnementale du terrain a augmenté en conséquence. « L’effet Central Park » signifie que dans les zones urbaines où les espaces naturels sont réduits, les oiseaux trouvent leur chemin vers des zones clés – et c’est exactement ce qu’ils ont fait avec ce qu’on appelle les terrains du Technoparc.
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  4. Le lot 5 599 104 se trouve dans un système intégré de zones humides et de rivières
    La fragmentation constitue la plus grande menace pour de tels systèmes écologiques. C’est une raison primordiale pour ne pas construire l’usine industrielle proposée sur une quelconque partie des champs de monarques… pour les monarques, pour la faune, pour les papillons et pour les citoyens.

‘Le peuple canadien a promis 29 millions de dollars provenant des contribuables à Medicom et à sa filiale Meltech Innovation. Cet argent public devrait être utilisé judicieusement et non pour la destruction de l’environnement.’

D’autres options existent

Heureusement, il existe des solutions alternatives. Il y a de nombreux sites disponibles et appropriés pour l’usine dans la région voisine. Le peuple canadien a promis 29 millions de dollars provenant des contribuables à Medicom et à sa filiale Meltech Innovation. Cet argent public devrait être utilisé judicieusement et non pour la destruction de l’environnement.

L’argent est là. Faites ce qui est approprié et implantez l’usine ailleurs

Avertissement : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.

Image d’entête : Daniel Hamel

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Patrick Barnard - WestmountMag.ca

Patrick Barnard est membre du conseil d’administration de la Coalition verte, un groupe environnemental non partisan à Montréal. Il est également rédacteur en chef du blog vidéo The Pimento report/Le Piment et journaliste indépendant. Il a travaillé par le passé pour CBC Radio, Radio Netherlands et Dawson College où il a enseigné la littérature anglaise. Il est également l’un des 20 environnementalistes et experts du transport qui ont signé une lettre ouverte à Montréal demandant la fin du REM.

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