Galerie photo :
La rue Muiz au Caire

Une promenade fascinante dans la Mère des villes – photographie par Roy M. Gunnels

Texte de Nancy Messieh, traduit de l’anglais

16 septembre 2017

Le beige des bâtiments anciens, taillés dans l’histoire de l’Egypte, est partout ici, au coeur du Caire. Al Muiz li-Din Allah. Le nom complet, de consonnance gutturale, est réduit à un seul mot: Muiz. C’est tout ce qu’il faut savoir pour arriver ici. Dites juste ce seul mot à tout chauffeur de taxi, et il saura où vous ammener.

Cette rue, que j’ai marché à plusieurs reprises, a décliné, prospéré puis décliné à nouveau. Il y a des siècles, elle était le souffle, la veine palpitante du Caire, la mère des villes, la ville victorieuse. Vous trouverez ici des écoles, des hôpitaux et des mosquées vieilles de plus de mille ans. Ici, vous trouvez l’histoire.

photo: Muiz Street, Cairo, by Roy Gunnels

Le sable, l’odeur des voitures, l’eau que les commerçants aspergent en été pour refroidir la pierre brûlante, les chats émergeant des coins de bâtiments, se contorsionnant autour des jambes d’hommes debout, fumant, regardant les gens qui passent devant leurs marchandises, cette rue est un cliché sans vergogne qui vous incite à toujours plus de curiosité.

Il y a des siècles, c’était le souffle, la veine palpitante du Caire, la Mère des villes, la ville victorieuse.

Coupée en son milieu par une des principales artères du Caire, il y a en fait deux rues Muiz. Le côté plus connu des touristes est bordé de boutiques vendant des parfums capiteux et des épices odorantes, de faux bibelots égyptiens anciens qu’aucun égyptien n’acheterait. On y trouve des tapis opulents, des sculptures en laiton, et des narguilés reluisants. Des pavées bordent ce chemin où l’on ne peut circuler qu’à pied.

photo: Muiz Street, Cairo, by Roy GunnelsEn 2011, quand des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue lors de la chute d’un président qui a entrainé avec lui le pays dans la tourmente, la rue a changé. Les automobiles se sont frayé un chemin et Muiz est devenue un peu plus comme toutes les autres rues de la ville, avec ses conducteurs agressifs, klaxonnant pour que les gens dégagent la voie, ses jeunes hommes à moto conduisant plus vite qu’ils ne devraient, et qui, vrombissants, vous passent à toute allure.

Continuez à marcher dans la rue et elle vous en révèlera plus. Un petit hôtel caché dans un coin inattendu. Continuez à marcher et la rue s’élargit. Ici vous trouverez des boutiques de jus et un magasin vendant de grandes sculptures en métal, le genre que vous trouveriez au sommet du minaret d’une mosquée. Vous trouverez des enfants plein de joie de l’enfance jouant sur de grandes balançoires rouillées sur le côté d’une rue.

En 2011, quand des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue lors de la chute d’un président qui a entrainé avec lui le pays dans la tourmente, la rue a changé.

De l’autre côté, la voie n’est guère plus qu’un chemin de sable bien foulé. Les boutiques sont plus banales, plus utilitaires. Vêtements, couvertures, chaussures. C’est un marché pour les gens qui vivent dans le quartier, et non pas ceux qui le visitent. L’entrée est spacieuse, flanquée de bâtiments anciens, puis la rue rétrécit à mesure que vous avancez. Ici, où les gens vivent et respirent la poussière et où l’eau qui s’y mélange se transforme en boue, il n’y a pas de bibelots, pas d’hommes qui vous vendent leurs marchandises à la criée. Voici tout simplement la vie quotidienne d’Égyptiens ordinaires.

photo: Muiz Street, Cairo, by Roy Gunnels

Dans les petites rues secondaires, il y a des hommes qui ouvrent d’anciennes portes décrépites qui révèlent de petits ateliers. Quelques marches descendent vers une pièce sombre et révèlent un homme à côté d’une vieille machine à coudre, cousant soigneusement des morceaux de cuir ensemble. Dans une autre pièce, un jeune garçon aiguise un métal sur la pierre, dans un jaillissement d’étincelles.

Et en continuant plus loin, la rue change encore, avec de vieilles mosquées parsemées de fidèles, hommes et femmes. Vous atteignez alors ce qui semble être le bout de la rue. Et ce l’était autrefois. Ici, au coeur de la ville, on trouve les murs qui délimitaient l’enceinte du Caire. Bab Zuweila. Ici, les guerriers berbères montaient la garde. Ici la ville était verrouillée et sécure.

Aujourd’hui, nous sommes sur un toit et regardons une ville, le Caire. Debout sur ce toit, nous observons la beauté pleine de vie et d’amour, et de malheurs, l’histoire de Oum al Donia, la Mère du Monde.

photo: Muiz Street, Cairo, by Roy Gunnels

Vous pouvez voir d’autre séries photographiques de Roy sur son site web roygunnels.com, maintenant divisé en trois galeries distinctes: œuvres du monde entier; œuvres provennant du projet en progression, Texas Gothic, et la galerie qui est la plus proche de son cœur, Obscure Poésie.

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Roy M Gunnels

Roy M. Gunnels a étudié à la Texas Christian University et est un membre professionnel de la National Press Photographers Association des États-Unis, du Frontline Freelance Registry à Londres, et du Blink Media Listing à New York. Photographe artistique, documentariste et photojournaliste, il a vécu et travaillé à travers le Moyen-Orient, l’Afrique de l’Est et en Europe et a été publié à l’échelle internationale. roygunnels.com

 



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