Catch Step vibre au
rythme du street dance
Quand des chaises ordinaires se transforment en aire de jeu
Par Sophie Jama
26 avril 2025
Entre humour, virtuosité et spontanéité, Catch Step transforme l’ordinaire en extraordinaire. Dès l’entrée dans la salle, le ton est donné : huit chaises noires, pliables, d’une banalité familière, attendent, prêtes à se métamorphoser sous nos yeux. Ce sont ces objets du quotidien, souvent relégués au rang d’accessoires pratiques, qui deviennent ici le terrain de jeu jubilatoire d’Anaïs RISE Gilles et Delande DJUNGLE Dorsaint.
Chaque chaise devient le point de départ d’une aventure chorégraphique où le rythme est roi.
Le duo, habité par une musicalité viscérale, fait vibrer l’espace avant même que le spectacle ne commence vraiment. Les spectateurs s’installent à peine que déjà, les danseurs investissent la scène, portés par une pulsation électronique en direct, tissant un dialogue complice avec les musiciens présents. Chaque chaise devient alors le point de départ d’une aventure chorégraphique où le rythme est roi.
Car le rythme pulse littéralement dans chaque geste de ce duo hors norme de la street dance. Sur scène, ils déploient une virtuosité saisissante, magnifiée par la souplesse de leurs pantalons clairs et la fluidité de leurs chandails à manches longues. Leurs corps, élastiques et habités, semblent épouser chaque pulsation musicale, jusqu’à s’abandonner au rythme même dans le sommeil.
Dès la première scène, on plonge dans une atmosphère onirique : les deux artistes, assis sur une chaise, yeux clos, laissent la musique ou la vibration du son guider le moindre frémissement de leur corps. Les mouvements, d’abord lents, s’intensifient progressivement, atteignant par moments une frénésie vertigineuse.
‘Le rythme pulse littéralement dans chaque geste de ce duo hors norme de la street dance.’
La bande-son, résolument rythmée et souvent improvisée en direct, s’enrichit parfois d’une voix féminine. Impossible de rester de marbre : le public est irrésistiblement entraîné, partagé entre l’envie de rejoindre la danse et celle de savourer, fasciné, la beauté de leur performance.
Dans la continuité de leur univers, les séquences chorégraphiées nous offrent d’abord de magnifiques duos, qui peu à peu se désarticulent, chacun prenant sa liberté dans des solos où l’on sent poindre l’improvisation. Les huit chaises, déplacées sans cesse, imposent des contraintes ludiques : ce sont elles qui dessinent le terrain de jeu, ce sol imaginaire où il ne faut surtout pas poser le pied, sous peine d’être englouti. On retrouve l’esprit des jeux d’enfants, mais ici transcendé par des acrobaties, des déhanchements fulgurants et une précision rythmique saisissante.
À l’arrière-scène, les projections vidéo épousent le rythme de la danse : motifs électroniques, clins d’œil à l’univers du jeu vidéo, Tetris, où les corps deviennent robots ou avatars, évoluant dans un ballet pixelisé. Les danseurs, tout en frappant le sol ou en claquant des mains, enrichissent la trame sonore, ne cessant jamais de danser.
La beauté visuelle est au rendez-vous : éclairages soignés, générosité sur scène, plaisir évident d’être là, sans jamais se prendre au sérieux. Pour eux, la danse et la musique sont un jeu sans fin, une source d’énergie qu’ils partagent jusqu’à l’épuisement, voire au-delà. Ce spectacle est une bouffée de joie, un moment ludique et communicatif qui donne envie de célébrer le talent et la complicité de ces deux artistes remarquables.
Catch Step
HYA remix feat Lunice avec EENO T & Magnanimous
Danse : Anaïs RISE Gilles, Delande DJUNGLE Dorsaint
Musique : Lunice, EENO T, Magnanimous
Chorégraphie : Handy HYA Yacinthe
Direction musicale et composition : Lunice
Éclairages et direction technique : Jon Cleveland
Jusqu’au 26 avril 2025 au théâtre La Chapelle à Montréal
Images : Clémence Clara Faure
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