Salman-Rushdie–Blue-Metropolis–Rachel-Eliza-Griffiths_1024

Metropolis Bleu de retour
avec Salman Rushdie

La rencontre littéraire célèbre les auteurs et poètes qui donnent vie à la parole écrite

Par Irwin Rapoport

26 avril 2025 • Traduit de l’anglais

Un signe infaillible du printemps à Montréal, c’est bien le Festival littéraire international Metropolis bleu, l’un des plus grands rendez-vous littéraires multilingues en Amérique du Nord. Ce festival réunit cette année plus de 160 auteurs et artistes lors de 120 événements, dont plusieurs sont gratuits, et ce, en pas moins de huit langues. Des auteurs de renom tels que Salman Rushdie, Peter Wohlleben et Simon Sebag Montefiore seront parmi les figures littéraires à l’honneur.

Le Festival littéraire international Metropolis bleu est l’un des plus grands rendez-vous littéraires multilingues en Amérique du Nord.

Jusqu’au 27 avril, les festivaliers auront le plaisir d’assister à des entrevues en direct, des tables rondes, des lectures publiques, des performances, des ateliers d’écriture et des soirées cocktails. Voilà une véritable célébration de la littérature, de la diversité et de la créativité, au cœur même de la vie culturelle montréalaise.

La Fondation Metropolis bleu, un organisme de bienfaisance, a pour mission de rassembler des personnes de toutes langues et cultures autour du plaisir de lire et d’écrire, encourageant ainsi la créativité et la compréhension interculturelle. La fondation organise chaque année un festival littéraire international à Montréal, réunissant des écrivains, poètes et penseurs de divers horizons, et propose tout au long de l’année des programmes éducatifs et sociaux qui utilisent la lecture et l’écriture comme leviers de persévérance scolaire, d’inclusion sociale et de lutte contre la pauvreté.

Festival Metropolis bleu

Le volet francophone du Festival Metropolis bleu occupe une place de choix dans la programmation, offrant une vitrine exceptionnelle à la littérature d’expression française. Il met en avant des auteurs, poètes et artistes francophones du Québec, du Canada et de la francophonie internationale, à travers une série d’activités variées et conviviales. Le festival se tiend principalement à la Grande Bibliothèque, au 475, boulevard de Maisonneuve est, ainsi qu’à divers lieux partenaires à travers Montréal. Le volet francophone sera présent tout au long du festival, avec des activités pour tous les publics, de jour comme de soir.

Le Festival Metropolis bleu offre également des volets consacrés à la littérature et aux voix autochtones, à la paix et la guerre, aux voix queer, à l’Almemar (littérature et culture juives), aux femmes et aux mots, à l’écologie et la littérature, à l’Azul (littératures espagnole et portugaise), ainsi que la remise de prestigieux prix littéraires à des auteurs étrangers et canadiens. Des auteurs anglophones de renom tels que Salman Rushdie, Peter Wohlleben et Simon Sebag Montefiore seront parmi les figures littéraires à l’honneur.

Marie-Andrée Lamontagne, directrice de la programmation et des communications, se réjouit des nouvelles initiatives qui viennent enrichir la programmation. « Nous sommes ravis de la série Romance, Fantasy, ainsi que de la série Serenity, qui propose entre autres du yoga, de la poésie et des bols tibétains pour trouver le calme intérieur », explique-t-elle. « La série propose aussi un brunch littéraire sous forme d’atelier gratuit explorant la santé mentale chez les enfants et ceux qui ont su garder leur cœur d’enfant. » D’autres nouveautés s’ajoutent, dont les séries Littérature de notre temps et Prix du Gouverneur général.

Simon Sebag Montefiore

Simon Sebag Montefiore – Image : Marcus Leoni

Le Festival Metropolis bleu s’articule autour de thèmes forts, témoignant d’une profonde conscience sociale et d’une passion pour la littérature dans toute sa diversité. Cette année, le thème choisi est « Le Temps, l’Arbre, la Page ». Se demander combien de temps il faut à un arbre pour pousser, c’est questionner notre rapport au temps. L’écriture demande du temps, tout comme la lecture. Les arbres occupent une place centrale dans cette édition : ils nous en apprennent autant sur nous-mêmes que sur l’état de notre climat. Cette grande plante, riche de nombreuses espèces, reflète la diversité humaine, chacun devant pouvoir coexister et grandir en harmonie dans notre forêt-monde.

‘Dans son plus récent ouvrage, Salman Rushdie affirme que la littérature est la seule arme qu’il ait jamais possédée.’

L’historien, romancier et essayiste britannique de renommée internationale Simon Sebag Montefiore sera honoré pour ses romans et essais consacrés à la Russie, à Staline, à l’impératrice Catherine et à la ville de Jérusalem et qui figurent parmi les best-sellers mondiaux. Dans son ouvrage le plus récent, il retrace l’histoire de l’humanité, des Néandertaliens à l’époque contemporaine, à travers le prisme des grandes familles qui ont marqué notre histoire : les Césars, les Médicis, les Bonaparte, les Habsbourg, les Rothschild, les Rockefeller, les Kennedy.

Le Festival Metropolis bleu inaugure également l’édition internationale du Prix des Premiers Peuples, qui met en lumière la vitalité des cultures autochtones à travers le monde. Le premier lauréat est Stephen Graham Jones, un auteur américain, membre de la nation Pikuni (Pieds-Noirs), dont l’œuvre comprend une trentaine de romans policiers, nouvelles, romans graphiques et récits d’horreur, explorant des thèmes puissants et contemporains.

Des premiers romanciers issus du Rendez-vous du Premier roman et du Festival du Premier Roman de Chambéry seront aussi présents, dont une autrice québécoise et un romancier franco-marocain, lauréat d’un prix littéraire soulignant l’excellence et la diversité des voix émergentes.

   *    *     *     *     *

Peter Wohlleben

Peter Wohlleben – Image : Tobias Wohlleben

L’auteur allemand Peter Wohlleben partage sa passion pour la nature et tous les êtres vivants en rendant ses connaissances scientifiques accessibles au grand public. Il s’engage activement dans la préservation des forêts et des arbres en Allemagne et à travers le monde. Lors du Festival Metropolis bleu, il participera notamment à un échange avec l’auteur anishinaabe, journaliste et professeur à l’Université du Manitoba, Niigaan Sinclair, autour des visions autochtones et non autochtones de la forêt. Peter Wohlleben recevra à cette occasion le Prix littéraire Planète de Metropolis bleu.

Peter Wohlleben a bien voulu répondre à quelques questions :

WM : « La vie secrète des arbres : Ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent : Découvertes d’un monde caché » a été critiqué par des biologistes et chercheurs forestiers lors de sa parution. Dans quelle mesure vos détracteurs ont-ils changé d’avis, et pensez-vous que le message est aujourd’hui mieux accepté ?

Wohlleben : Les critiques viennent principalement du lobby forestier – les agences forestières d’État sont souvent composées de scientifiques spécialisés en foresterie, et dans de nombreux pays, ces agences sont les principaux vendeurs de bois. Ils n’apprécient guère que l’on s’apitoie sur le sort des arbres et des forêts et que l’on défende une approche plus douce, comme l’abandon des coupes à blanc. Les recherches ont tellement progressé que même ces personnes ne peuvent plus nier l’existence du « wood-wide-web » ou des relations sociales entre les arbres. D’ailleurs, les étonnantes capacités des plantes sont connues depuis longtemps. Charles Darwin, par exemple, a consacré un livre entier à leurs facultés, notamment au fait que le « cerveau » d’une plante se trouve à l’extrémité de ses racines.

WM : Il va de soi que les animaux sont sensibles et ressentent toute une gamme d’émotions – demandez à n’importe qui ayant un chat ou un chien, ou à ceux qui étudient différentes espèces animales. « La vie intérieure des animaux : Amour, deuil et compassion – Observations surprenantes d’un monde caché » a joué un rôle clé dans la prise de conscience concernant les millions de créatures avec lesquelles nous partageons la Terre. Comment décririez-vous l’impact de ce livre ?

Wohlleben : Je pense que, d’une part, les gens traitent les animaux avec plus de respect, et d’autre part, ils redécouvrent tout simplement leur capacité d’émerveillement et de joie face à nos compagnons du vivant. Pendant longtemps, l’être humain a fait preuve d’arrogance et considérait les animaux comme de simples automates. Aujourd’hui, nous savons par exemple que même les araignées sauteuses peuvent rêver. Ce genre d’informations nous fait davantage apprécier le monde qui nous entoure. Et nous protégeons ce que nous apprécions.

‘L’auteur allemand Peter Wohlleben partage sa passion pour la nature et tous les êtres vivants en rendant ses connaissances scientifiques accessibles au grand public.’

WM : Le message de « The Power of Trees » s’adresse à toute l’humanité. Est-il entendu par les dirigeants mondiaux et le grand public, et y a-t-il de l’espoir pour la survie à long terme des forêts de Sumatra, Bornéo, Nouvelle-Guinée, Afrique centrale, Amazonie, Australie, Canada, Russie et d’autres pays ?

Wohlleben : Le message peine à percer dans le monde politique. La protection des forêts est encore trop souvent considérée comme un « luxe », alors même que l’on sait qu’elles sont essentielles dans la lutte contre le changement climatique. Les forêts produisent des nuages bas qui, à l’image de la neige, réfléchissent les rayons du soleil vers l’espace. La déforestation réduit cette couverture nuageuse, ce qui explique en partie la forte hausse des températures en 2023 et 2024. Heureusement, il est toujours possible d’augmenter la surface forestière (et non celle des plantations) – il suffit de s’y mettre enfin.

WM : Pourquoi est-il si important de protéger chaque arbre, les grandes et petites forêts, et de planter des arbres partout où c’est possible, surtout face au changement climatique ?

Wohlleben : Les arbres ne se contentent pas de produire des nuages, ils rafraîchissent aussi leur environnement. Un seul grand arbre peut refroidir autant que mille réfrigérateurs fonctionnant simultanément grâce à l’évaporation de l’eau en été. Dans un jardin, un grand feuillu peut faire baisser la température estivale de 1 à 6°C – et cela ne tient pas seulement à l’ombre. Faites-en l’expérience : asseyez-vous sous un parasol, puis sous un grand arbre ancien – vous sentirez immédiatement la différence de fraîcheur.

WM : Comment décririez-vous votre style d’écriture, et quel sera le sujet de votre prochain livre ?

Wohlleben : Je n’explique pas la nature, je la raconte et la décris. Des études montrent que l’on retient mieux les faits lorsqu’ils sont racontés, car ils touchent le cœur plutôt que le cerveau.

Mon prochain livre tournera autour de la question suivante : sommes-nous, nous aussi, une partie normale de la nature, au même titre que les arbres et les animaux de la forêt, et sommes-nous davantage guidés par l’instinct que par la raison ? Si nous fonctionnons surtout par émotions (et cela semble bien être le cas), alors nous devrions aussi mener une politique environnementale beaucoup plus émotionnelle. Je proposerai des solutions en ce sens.

Festival littéraire international Metropolis bleu

Achetez votre laissez-passer professionnel pour accéder à la Journée professionnelle du Festival littéraire international Metropolis bleu en visitant le site officiel du festival Metropolis bleu. Ce laissez-passer vous donne accès à l’ensemble des activités prévues pour les professionnels, y compris les conférences, les ateliers et les occasions de réseautage.

La programmation en salle se déroule jusqu’au 27 avril 2025, à l’Hotel 10, au 10 Sherbrooke ouest, à Montreal. Pour plus d’informations ou pour effectuer votre achat, rendez-vous sur le site du festival ou contactez directement l’organisation.


Image d’entête : Salman Rushdie, par Rachel Eliza Griffiths

Button Sign up to newsletter – WestmountMag.caAutres articles par Irwin Rapoport
Autres articles récents


Irwin RapoportIrwin Rapoport, journaliste indépendant, a obtenu une maîtrise en histoire et en sciences politiques à l’Université Concordia.

 



Il n'y a aucun commentaire

Ajouter le vôtre