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Cruauté envers les animaux
sans aucune conséquence

Où était le MAPAQ durant les dix ans de maltraitance chez Expédition Mi-Loup?

Par Georges R. Dupras

26 juin 2025 • Traduit de l’anglais

Je félicite nos autorités provinciales pour leur initiative de désigner les animaux comme des êtres sensibles.

C’est une mesure attendue depuis longtemps, mais elle est loin de suffire à résoudre le problème de la maltraitance animale institutionnalisée et la tolérance des autorités qui ferment les yeux sur des opérations telles que Expédition Mi-Loup. Les cruautés ont été commises sous la direction de l’ancien propriétaire, M. Antoine Simard, sur une période de 10 ans. Certains anciens employés ont témoigné que des chiens avaient été pendus, asphyxiés dans une chambre à gaz improvisée et certains avaient été retrouvés morts dans des congélateurs.

Bien que des cas de maltraitance animale surviennent dans des installations pour animaux « à but lucratif », ils se prolongent rarement sur une période de dix ans avant d’être signalés par des personnes qui s’en soucient.

Les autorités étaient au courant depuis 2014-2015

Des témoignages, sous serment, d’anciens employés on fait état de nombreuses visites par le MAPAQ (Le Ministère de l’agriculture du Québec). Un employé était présent lors de l’arrivée de chiots vers la fin de son quart de travail. Le lendemain, à son retour au travail, il a trouvé les chiots morts dans un congélateur.

Lors d’un autre incident, sans rapport avec Expédition Mi-Loup, un fermier laissa son troupeau de vaches mourir de faim dans une grange. A son arrivée, le MAPAQ a constaté qu’une seule vache était à peine vivante. Le MAPAQ a alors demandé au propriétaire d’appeler le vétérinaire et de faire euthanasier la vache. Selon les rapports, le propriétaire a refusé et n’a appelé le vétérinaire que deux jours plus tard. Étant donné les circonstances évidentes, pourquoi le responsable du MAPAQ n’a-t-il pas appelé lui-même le vétérinaire ?

La liste des négligences et des abus est longue. Le mépris total des représentants du MAPAQ est frappant.

L’une des raisons pour lesquelles les animaux sont vulnérables aux abus et à la négligence est qu’ils sont toujours considérés comme des biens, des objets pas très différents, ni plus importants qu’un grille-pain.

L’une des raisons pour lesquelles les animaux sont vulnérables aux abus et à la négligence est qu’ils sont toujours considérés comme des biens, des objets pas très différents, ni plus importants qu’un grille-pain. Une autre raison est qu’ils relèvent de la compétence du Ministre de l’agriculture plutôt que du Ministre de la justice.

Au lieu de harceler les sociétés légalement enregistrées et jouissant d’une réputation solide et de longue date, les citant avec des omissions mineures, pourquoi le Ministère de l’agriculture ne soutient-il pas les efforts des défenseurs des animaux en interdisant l’enchaînement des chiens? Pourquoi s’oppose-t-il fermement à tous nos efforts? Serait-il pour servir l’industrie du traîneau à chiens?

Une réunion décevante

Il y a quelques années, les défenseurs des animaux se sont réunis à Trois-Rivières avec un délégué du gouvernement, dans l’espoir d’établir un front commun pour faire face à la croissance des abus et de la négligence envers les animaux. J’étais présent à cette réunion et, avec d’autres défenseurs des animaux, nous espérions qu’à l’avenir, toutes les réglementations et leur application relèveraient du Ministère de la justice (justice et compassion pour tous).

Nous nous sommes opposés à l’idée que les soins et la protection des animaux relèvent d’un ministère (Agriculture) qui considère les animaux comme des choses utilitaires et qui semble s’adresser à l’industrie plutôt qu’au bien-être animal. Autant dire que nous avons échoué dans nos objectifs à cause de notre naiveté.

Les droits des animaux, les droits de la propriété, les droits des êtres sensibles

Il y a environ 20 ou 30 ans, lorsque nous avons finalement réalisé que nos efforts pour faire progresser une loi adéquate sur la protection des animaux étaient en vain, une Fondation en Suisse, la Fondation Weibert, a eu l’idée novatrice selon laquelle le public pourrait accepter une approche différente. Ils ont suggéré que les animaux soient reclassés de propriété à « propriété vivante ». Cette même approche, calquée sur l’initiative Suisse, a été défendue par la Fondation Beulac à Montréal. Nous pensions que cette approche serait acceptable, même si ce n’était qu’en principe dans un premier temps. De cette façon, une personne pourrait toujours posséder un animal, mais ne pourrait pas le maltraiter ni le négliger s’il ne lui plaisait pas.

Nos espoirs les plus prudents ont été rapidement anéantis par le poids et l’influence de l’Industrie animale.

‘Il y a quelques années, les défenseurs des animaux se sont réunis à Trois-Rivières avec un délégué du gouvernement, dans l’espoir d’établir un front commun pour faire face à la croissance des abus et de la négligence envers les animaux.’

Le changement est une constante

Aucun changement significatif ne se produira dans ce pays dans le cadre du système électoral actuel régi par un scrutin uninominal majoritaire à un tour.

Le changement ne pourra se réaliser que si les Canadiens exigent une représentation équitable dans la prise de décision à tous les niveaux du gouvernement. La majorité ne peut plus être écartée au profit de circonscriptions marginales ou d’intérêts particuliers, pas plus que les intérêts minoritaires ne peuvent être étouffés par une majorité. Tous les intérêts doivent être pris en compte.

MAPAQ

Le MAPAQ a eu amplement l’occasion d’écouter et de respecter les points de vue des défenseurs des animaux et des milliers de personnes qui exigent des changements. Dix ans de maltraitance chez Expédition Mi-Loup. Où était le MAPAQ?

Si vous êtes insatisfait et frustré, exprimez votre colère auprès du Premier ministre du Québec et du Ministre de la justice de cette province.


Note : Grâce à un groupe de défenseurs des droits des animaux, à un lanceur d’alerte, aux anciens employés, et à un juge du Québec, l’ancien exploitant du chenil à chiens de traîneaux, (Expédition Mi-Loup), Antoine Simard, a été condamné à 23 mois de prison. 

Avis : Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.


Image d’entête : Pixabay

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Georges Dupras

Georges R. Dupras se fait le champion et le défenseur des animaux depuis plus de 50 ans. Membre de l’International Association for Bear Research and Management (IBA) et ancien directeur de la Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (CSPCA), il s’est impliqué en 1966 dans la campagne initiale pour sauver les phoques qui a mené à la fondation de l’International Fund for Animal Welfare (IFAW) en 1969. Il a publié deux livres : Values in Conflict et Ethics, A Human Condition. Georges demeure à Montréal, Québec, Canada.


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