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Protéger l’écosystème
du lac Tamaracouta

Idéalement situé pour sensibiliser le monde aux espèces, aux fonctions et à la beauté de la nature

Par Carole Reed

7 août 2025

La lutte pour protéger l’ancienne réserve scoute de Tamaracouta (TSR).

Tel qu’annoncé lors d’une réunion publique tenue à Mille-Îles le 19 juillet, Conservation de la nature Canada et la ville de Mille-Îles (Québec) sont désormais propriétaires de 82 % de ce qui était autrefois la TSR. Le terrain de camping et les bâtiments situés près de la plage appartiennent désormais à Eric Desroches, qui est également propriétaire de Cocrea et du Camp Bruchési, près de Saint-Hippolyte, à environ 35 km de là.

Conservation de la nature Canada et la ville de Mille-Îles (Québec) sont désormais propriétaires de 82 % de ce qui était autrefois la TSR.

Conservation de la nature Canada ouvrira les sentiers au public tout en maintenant un statut de conservation strict. Karinne Peloffy, présidente de Les Partenaires de Tamaracouta et ses environs, espère que les enfants pourront accéder au campement au bord du lac, au cœur de ce trésor environnemental.

Le camp Tamaracouta, situé dans la municipalité de Mille-Îles, combine plusieurs écosystèmes, notamment des forêts anciennes et secondaires, des prairies, des lacs, des ruisseaux, des zones humides et des chutes d’eau à couper le souffle. Il est au cœur d’un magnifique corridor faunique, à la source de la rivière Bonniebrook qui se jette finalement dans la rivière du Nord, près de Mirabel.

Lake Tamaracouta region map

Le lac Tamaracouta est la principale source du réseau hydrographique de Bonniebrook. Ce réseau prend sa source dans quatre grands lacs : le lac Kanawana, situé plein nord, qui alimente le lac Wilson ; le lac des-Becs-Scie, au nord-ouest ; et le lac Ivan, à l’ouest. La rivière Bonniebrook s’écoule du lac Tamaracouta directement dans le lac Dawson situé en contrebas, puis se dirige vers le sud jusqu’à la rivière du Nord, juste au-dessus de Mirabel.

En plus d’être un magnifique camp d’été, Tamaracouta est idéalement situé pour sensibiliser les enfants et les adultes aux espèces, aux fonctions et à la beauté de la nature.

C’est le rêve de Charlie MacLeod depuis 2010, lorsque la directrice du camp, Alison Bentley, l’a embauché comme directeur de l’écologie à TSR. Lorsqu’il a découvert que le camp était en proie à de graves difficultés financières, Charlie a proposé la création d’un centre public d’éducation aux sciences de l’environnement afin d’augmenter les revenus.

Pour préparer sa proposition, Charlie a commandé et mené des études environnementales et de préfaisabilité, sans aucun frais pour Scouts Canada.

Bill Pollack, ingénieur forestier semi-retraité, travaillant bénévolement et aidé par Charlie, a rédigé un plan de gestion forestière de Tamaracouta de 213 pages. Ce plan fournit des conseils avisés en matière de conservation et répertorie toutes les espèces présentes sur l’ancienne réserve scoute.

Matt Madison, qui était à l’époque inspecteur environnemental pour la ville de Gore, a collaboré avec Charlie pour créer un rapport d’évaluation environnementale de la topologie, de l’hydrologie, des communautés végétales et de l’habitat faunique du camp.

De plus, Matt a suggéré que les étudiants inscrits au programme de maîtrise en sciences de l’environnement de l’Université de Sherbrooke puissent, dans le cadre du volet indépendant de leur diplôme, mener une étude de préfaisabilité du projet Tamaracouta Environmental Science Camp (TESC). Les étudiants ont produit une excellente étude détaillant les coûts, les modalités de communication et de relations publiques, les sources de revenus et les activités de conservation.

La proposition de Charlie a été approuvée par les neuf municipalités de la MRC d’Argenteuil ainsi que par plusieurs institutions environnementales et éducatives.

‘Le 1er décembre 2018, le plus ancien camp scout au monde encore en activité, la réserve scoute de Tamaracouta, a été fermé et mis en vente.’

La proposition du TESC a été soumise en 2013.

Pendant que Charlie effectuait ses recherches et rédigeait sa proposition, le camp était déjà devenu une source de revenus à sens unique pour le siège social de Scouts Canada à Ottawa, avec seulement une petite partie reversée au personnel de soutien, aux campeurs et aux programmes.

La directrice du camp, Alison Bentley, était une fervente défenseure du TESC, tant pour ses possibilités éducatives que pour l’aide financière qu’il pouvait apporter au camp en difficulté. Mais en 2014, la proposition n’avait même pas été prise en compte par Scouts Canada. En 2015, Charlie a rejoint le conseil d’administration de la Coalition Verte et a quitté le mouvement scout.

Le 1er décembre 2018, le plus ancien camp scout au monde encore en activité, la réserve scoute de Tamaracouta, a été fermé et mis en vente.

Avec le recul, il semble que Scouts Canada ait depuis le début l’intention de vendre TSR au plus offrant. Scouts Canada perdait de l’argent en raison de la baisse du nombre de ses membres et des règlements liés aux poursuites judiciaires pour abus sur des enfants. À ce jour, l’organisation a fermé plus de 90 camps à travers le Canada et en a vendu dix.

Les scouts et les anciens scouts étaient dévastés. Les habitants de la région des Laurentides s’inquiétaient de ce qu’il adviendrait de la zone. Et la Coalition Verte, ainsi que d’autres groupes environnementaux du sud du Québec, ne voulait pas voir un écosystème aussi précieux détruit par le développement.

À ce stade, Tom Mulcair, résident local et ancien ministre de l’Environnement du Québec, a contacté Charlie, qui siège au conseil d’administration de la Coalition Verte, pour lui faire part de ses préoccupations concernant le développement immobilier effréné dans les Basses-Laurentides. Son appel a encouragé Charlie, qui était tellement épuisé par ses démarches auprès de Scouts Canada qu’il était sur le point d’abandonner ses efforts pour empêcher la vente du terrain de camping à des promoteurs immobiliers.

Charlie a réuni une équipe solide pour protéger le terrain, dont le premier ministre de l’Environnement du Québec, Clifford Lincoln.

‘En tant qu’adjointe de Charlie, j’ai observé avec admiration comment il a convaincu la municipalité de Mille-Îles de reclasser certaines parties de Tamaracouta afin de protéger l’environnement et le patrimoine, et de conserver certaines zones pour le camping et les loisirs.’

J’ai travaillé pour la première fois avec Charlie dans le cadre d’un camp sur les écosystèmes hivernaux organisé pour les Venturer Scouts. Depuis, je travaille avec lui en tant que membre du conseil d’administration et désormais coprésident de la Coalition Verte. Ainsi, en 2019, afin de préserver un écosystème précieux et d’honorer la mémoire de mon défunt père, qui était King’s Scout à Tamaracouta dans les années 1930, j’ai promis d’aider Charlie à protéger Tamaracouta.

En tant qu’adjointe de Charlie, j’ai observé avec admiration comment il a convaincu la municipalité de Mille-Îles de reclasser certaines parties de Tamaracouta afin de protéger l’environnement et le patrimoine, et de conserver certaines zones pour le camping et les loisirs.

J’ai vu Charlie réunir les maires des municipalités et contacter les politiciens provinciaux afin d’obtenir des fonds pour la conservation du camp. Il s’est également tourné vers les propriétaires fonciers voisins, dont l’un, la famille Groome, avait fait don d’un terrain situé au nord-ouest du camp à Conservation de la nature Canada. Il a également contacté directement Conservation de la nature Canada.

J’ai aidé à l’organisation d’un groupe fondé par Charlie, appelé « Les Partenaires de Tamaracouta et ses environs ». Ce groupe est principalement composé de membres des communautés laurentiennes environnantes, de scouts et d’anciens scouts, ainsi que de Charlie et de moi, qui représentons la Coalition Verte. Notre présidente est Karinne Peloffy, une avocate spécialisée dans l’environnement, ancienne directrice du Centre québécois du droit de l’environnement et responsable du projet de financement durable d’Eco Justice.

J’ai travaillé avec la Coalition Verte pour demander à Scouts Canada de prendre ses responsabilités en matière de conservation des terres et de garantir l’accès des enfants locaux à celles-ci.

J’ai accueilli favorablement l’Association du lac Tamaracouta lorsque Charlie lui a demandé de devenir membre de la Coalition Verte. La présidente Lyne Lanthier et son équipe ont collaboré avec Les Partenaires pour participer aux réunions du conseil et obtenir le soutien de la communauté. De plus, l’Association du lac, en collaboration avec d’autres résidents locaux, faisait de son mieux pour patrouiller le camp. Mais sans l’aide de Scouts Canada, elle ne pouvait pas empêcher les envahisseurs de voler, vandaliser et incendier le camp.

J’ai lu l’article poignant sur la détérioration du camp écrit par Rick Moffat, ancien rédacteur en chef de CJAD, journaliste et membre de la patrouille du camp.

‘… j’ai vu tout le monde se lever et applaudir Charlie MacLeod lors de la réunion du 19 juillet, lorsque nous avons appris que cet écosystème précieux était protégé et que le camp Tamaracouta allait continuer d’exister.’

J’ai enduré le déchirement causé par l’effondrement du Jubilee Hall, le vandalisme et les dégâts causés par l’eau aux bâtiments patrimoniaux, les dommages causés aux oiseaux et animaux empaillés du centre écologique, la destruction de la maison longue par un incendie criminel et le vol de notre totem sculpté pour les scouts en 1947 par le célèbre artiste kwakiutl Chef Mungo Martin.

J’ai été consterné lorsque Scouts Canada a rejeté une offre conjointe de la municipalité de Mille-Îles, de la famille Groome et de Conservation de la nature Canada qui aurait permis d’ouvrir le camp aux jeunes de la région et à d’autres organisations de camping, y compris Scouts Canada.

J’ai vécu les nombreux mois de suspense qui ont suivi la décision de Scouts Canada de mener des négociations à huis clos.

Et j’ai vu tout le monde se lever et applaudir Charlie MacLeod lors de la réunion du 19 juillet, lorsque nous avons appris que cet écosystème précieux était protégé et que le camp Tamaracouta allait continuer d’exister.

Les scouts et anciens scouts ont espéré jusqu’au bout que le camp et son long héritage puissent également être conservés. Eric Desroches a promis de préserver la chapelle forestière et les bâtiments patrimoniaux, ainsi que le cairn plus ancien où mon père a placé une pierre dans les années 1930 lorsqu’il est devenu chevalier de Tamara et le cairn plus récent où mon petit-fils a placé sa pierre lorsqu’il est devenu chevalier de Tamara quatre-vingts ans plus tard.

Mon souhait est que les jeunes et les adultes puissent découvrir notre environnement au Camp Tamaracouta à travers le regard de certains de nos écologistes les plus expérimentés.

Et mon rêve est que le Camp Tamaracouta devienne le cœur d’un corridor écologique protégé, l’ensemble du système fluvial de Bonniebrook.

Image d’entête: Lac Tamaracouta, gracieuseté de Friends of Tamaracouta

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Carole Reed - WestmountMag.caCarole Reed a passé son enfance à Pointe Claire à grimper aux arbres, à jouer dans les bois et à faire du vélo dans les champs. Elle est devenue écologiste en 1972 après avoir lu Silent Spring. Aujourd’hui retraitée de l’enseignement, elle consacre le reste de sa vie à sauver la planète pour ses arrières-petits-enfants.



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