head sticking out could get caught

Arrêtons les exportations
de chevaux vivants

Un enjeu important qui sommeille dans les dossiers du ministre actuel de l’Agriculture

Par Georges R. Dupras

25 septembre 2025

Comme beaucoup d’autres, j’ai mes préférences dans le monde équestre. Je suis attiré par les chevaux de trait, mais non forcément par les races les plus populaires comme les Clydesdales, les Belges et les Percherons. Je me sens redevable envers ces grands chevaux croisés qui peinaient dans nos champs et tiraient du charbon, des bûches, de la glace, et même des charrettes à chiffons dans les rues de nos villes. Après des années de travaux, par tous les temps, lorsqu’ils n’étaient plus en état de servir, ils étaient récompensés par un voyage à l’abattoir.

Certains prétendent que le « quarter horse » a ouvert l’ouest du pays. Je pourrais contrer cela en affirmant que le cheval lourd américain a ouvert ce continent aux envahisseurs européens.

Je remercie Sinikka Crossland de l’organisation Canadian Horse Defense Coalition, et Jann Arden pour leur expertise et leur engagement. Je me concentrerai sur les chevaux lourds élevés et expédiés « vivant » au Japon pour le commerce de la viande. Cette pratique représente non seulement une trahison de la part de certains consommateurs mais également une grave violation de confiance de la part de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

Cette pratique représente non seulement une trahison de la part de certains consommateurs mais également une grave violation de confiance de la part de l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

Arrière-plan

Depuis quelques années, des chevaux de trait sont élevés dans des parcs d’engraissement canadien (comme les bovins). Ces chevaux sont ensuite expédiés, vivants, au Japon où ils sont abattus. L’objectif est de satisfaire au marché exigeant de viande cru, finement tranchée, pour en faire un plat appelé « basashi », servi dans les restaurants haut de gamme. Les chevaux vivants sont sélectionnés dans des parcs d’engraissement de quarantaine par des acheteurs japonais.

Exports Bouvery

Par le passé, les chevaux non sélectionnés étaient abattus au pays, chez Exports Bouvery à Fort Macleod, en Alberta. Il est possible que certains chevaux soient gardés dans des parcs d’engraissement locaux ou expédiés chez Les viandes Richelieu au Québec.

Le transport

À l’heure actuelle, les chevaux sont transportés par avion depuis Edmonton et Winnipeg, mais Calgary était un aéroport populaire pour l’expédition de chevaux vivants.

En général, les chevaux ont entre 1 an et 1 ½. Ils peuvent peser jusqu’à 2,000 livres et mesurer 64 à 68 pouces au garrot. On y loge 3 à 4 chevaux par cage. Il est à noter que ces cages sont plus petites qu’un box individuel classique.

Ils peuvent passer 28 heures sans nourriture, sans eau, ni repos. Des problèmes avec l’avion ou la planification ont entraîné des retards qui dépassent ce qui est autorisé par la loi. En juin 2021, le temps pendant lequel les chevaux sont restés sans nourriture, sans eau ni repos, lors d’un vol retardé, était de 31 ¾ heures.

La loi prévoit que les chevaux auraient dû être libérés de leurs cages pour se reposer, manger et boire dès que le retard avait été anticipé. Cela n’a pas été le cas. On a simplement dit qu’il y avait un « retard au départ » et que la situation était « hors de leur contrôle ».

‘Ils [les chevaux] peuvent passer 28 heures sans nourriture, sans eau, ni repos. Des problèmes avec l’avion ou la planification ont entraîné des retards qui dépassent ce qui est autorisé par la loi.’

Joint investigation

Récemment, une enquête conjointe menée par Animal Justice en collaboration avec un groupe japonais de protection des animaux, et complétée par des documents d’accès à l’information obtenus par Canadian Horse Defense Coalition a révélé que de nombreuses expéditions violaient le délai maximum autorisé par la loi. Elle a également confirmé que les décès, les blessures et les maladies étaient plus répandus que ce qui avait été signalé précédemment par l’Agence canadienne d’inspection des aliments.

L’accès à l’information

Des documents d’accès à l’information ont révélé un incident au cours duquel un cheval agonisant a percé la cage de confinement et endommagé le fuselage de l’avion. Chaque vol peut contenir 33 cages, contenant 90 à 120 chevaux. À leur arrivée, les chevaux sont engraissés dans des parcs d’engraissement japonais.

Les lois et règlements canadiens ne s’appliquent ni au Japon, ni à aucun autre pays recevant des chevaux vivants.

Inquiétudes – les parcs d’engraissement

Contrairement à ce que les sites web consacrés à la viande de cheval dépeignent souvent, montrant des chevaux broutant dans des pâturages idylliques, les chevaux destinés à l’abattoir vivent dans des parcs d’engraissement désolés et stériles où ils sont nourris jusqu’à l’obésité. En règle générale, on ne consulte pas le vétérinaire en cas de maladie ou de blessure, ni le maréchal-ferrant en cas de sabots trop longs. En raison des règlementations sanitaires, certains médicaments sont refusés aux chevaux blessés et malades destinés à la consommation humaine.

Exposé aux éléments

Une vidéo d’enquête a capturé des poulains morts laissés sans protection contre le froid dans des parcs d’engraissement

‘Des documents d’accès à l’information ont révélé un incident au cours duquel un cheval agonisant a percé la cage de confinement et endommagé le fuselage de l’avion. Chaque vol peut contenir 33 cages, contenant 90 à 120 chevaux.’

Histoire du transport des chevaux vivants vers la France

Bien que j’aie depuis longtemps abandonné mes filières, je me souviens des efforts de Tom Hughes de la Ontario Humane Society qui a travaillé sur de nombreux dossiers en tant que directeur de cette organisation au cours des années 60. Ses efforts pour arrêter le transport de chevaux vivants par cargos étaient ce pour quoi il était connu.

À cette époque, les chevaux étaient transportés vivants dans les cales des cargos. On les entassait dans des caisses pour les empêcher de tomber en mer démontée. Je ne suis certainement pas un expert, mais l’infiltration des fumées de diesel, associée au tangage et au mouvement du navire, a sûrement dû avoir un impact nauséabond sérieux sur ces chevaux. Les archives montrent que les chevaux plus petits et plus faibles tombaient et étaient piétinés par ceux qui étaient encore debout. Les marins qui servaient sur ces cargos racontaient que certains chevaux malades ou blessés étaient simplement hissés et jetés par-dessus bord alors qu’ils étaient encore vivants.

Quelle différence y-a-t-il entre les turbulences aériennes au-dessus du Pacific et les mers agitées traversant l’Atlantique? Le Gouvernement du Canada, en grande partie grâce aux efforts soutenus de Tom Hughes et d’autres, a finalement interdit cette pratique.

La trahison du gouvernement

L’honorable premier-ministre, Justin Trudeau, grâce aux efforts du député libéral fédéral, Nathaniel Erskine-Smith, et d’autres, a promis de mettre fin aux expéditions aériennes de chevaux vivants.

Malheureusement, en raison de la bureaucratie politique, d’un changement de direction, d’une élection, cette question importante accumule désormais la poussière dans les dossiers de l’actuel ministre de l’agriculture.

Les priorités du ministre de l’agriculture

Quelles sont les priorités de ce ministère? L’Agence canadienne d’inspection des aliments a failli à ses responsabilités. Les compressions budgétaires et le manque d’inspecteurs qualifiés ne constituent pas une excuse. Aucun engagement de confidentialité ne justifie le silence et la défense acharnée du Ministère. L’Agence canadienne d’inspection des aliments doit prioriser sa première obligation envers la vérité et envers le peuple canadien.

Les canadiens s’attendent à ce que cette trahison cesse. Il n’est pas nécessaire de réinventer la roue lorsque le bon sens la fait tourner dans la bonne direction.

Nous pouvons tous mettre la main à la pâte en écrivant à nos représentants élus, aux médias, et au cabinet du Premier Ministre insistant sur une action immédiate, sans excuses.


Avis : Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.


Image d’entête : Vickie Colgan

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Georges Dupras

Georges R. Dupras se fait le champion et le défenseur des animaux depuis plus de 50 ans. Membre de l’International Association for Bear Research and Management (IBA) et ancien directeur de la Société canadienne pour la prévention de la cruauté envers les animaux (CSPCA), il s’est impliqué en 1966 dans la campagne initiale pour sauver les phoques qui a mené à la fondation de l’International Fund for Animal Welfare (IFAW) en 1969. Il a publié deux livres : Values in Conflict et Ethics, A Human Condition. Georges demeure à Montréal, Québec, Canada.

 



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