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54e édition du Festival
du nouveau cinéma

Plus qu’un simple rendez-vous de cinéphiles : un carrefour de visions et de voix

Par Andrew Burlone

2 octobre 2025

Chaque automne à Montréal, le Festival du nouveau cinéma (FNC) devient plus qu’un simple rendez-vous de cinéphiles : il se transforme en observatoire fragile et incandescent des images en mouvement. La majorité des activités se déroulent dans plusieurs salles partenaires à travers la ville, incluant le Quartier Latin, le Cinéma du Musée et l’Agora du Cœur des sciences de l’UQAM. La programmation détaillée est disponible sur le site officiel du Festival du nouveau cinéma.

La 54e édition, qui se déroule du 8 au 19 octobre 2025, prolonge la vocation première de ce festival : faire résonner les voix multiples des cinéastes, scénaristes et interprètes qui inventent de nouveaux langages à l’écran. Et cette année, le FNC ne se contente pas d’une simple sélection ; il propose une véritable mosaïque de présences artistiques, venues d’ici et d’ailleurs, qui donneront chair et souffle à une programmation déjà riche.

Ouverture et clôture :
le geste inaugural

Le festival s’ouvre – et se referme – avec des formes audacieuses signées d’artistes d’ici. Kid Koala, ce musicien et créateur atypique, transpose son univers sonore et visuel dans Space Cadet, une œuvre qui incarne bien la manière dont le FNC honore l’hybridité des genres. Du côté de la clôture, la metteure en scène Marie Brassard propose Le Train, porté par une distribution à la fois intime et éclatée : Larissa Corriveau, Lennikim et Electra Codina Morelli. La richesse de ces rencontres tient surtout à la présence des artistes, venus à Montréal pour échanger directement avec leur public.

Compétition internationale :
les désirs et blessures du monde

Chaque édition du FNC est l’occasion d’explorer les territoires cinématographiques étrangers. Cette année, la compétition internationale se déploie comme un inventaire d’émotions et de tensions. Le Mexicain Ernesto Martínez Bucio viendra présenter son énigmatique El Diablo Fuma, dont le titre serpentin laisse deviner une œuvre hallucinée. De Croatie, Igor Bezinović apporte Fiume o morte!, une œuvre politique et maritime, à la croisée de la fable et de la chronique.

La France sera également à l’honneur : Maxime Matray et Alexia Walther arrivent avec Affection Affection, accompagnés d’Agathe Bonitzer. Au-delà de son titre redondant, le film convoque le double, la répétition et la variation, autant de motifs qui obsèdent le cinéma contemporain. La présence sur place des réalisateurs et des comédiens atteste une fois de plus de la volonté du festival de créer une conversation fluide entre les films et la salle.

Compétition nationale :
le cinéma comme chronique intime

La section nationale reflète la diversité des perspectives canadiennes. Sophy Romvari signe avec Blue Heron une méditation poétique née des rives de la Colombie-Britannique et de la Hongrie. Lina Rodriguez, avec Puntos de fuga, tisse des passages entre l’Ontario et la Colombie. Ces films, inscrits dans une trame transnationale, élargissent l’idée même de cinéma canadien.

Plusieurs cinéastes établis et émergents du Québec seront également des nôtres. Julien Elie (Shifting Baselines) confirme son engagement envers les images documentaires et sociales. Yan Giroux sera sous le feu des projecteurs avec Mon fils ne revint que sept jours, dans une section spéciale qui souligne son parcours artistique. Et Marianne Métivier, avec Ailleurs la nuit, expose la fragilité d’un monde nocturne et intime. Ces noms témoignent d’une relève bien ancrée et d’un champ créatif en pleine effervescence.

Section Temps Ø :
Audaces et fictions débridées

La section Temps Ø est depuis longtemps le laboratoire le plus incandescent du FNC, là où les genres se bousculent et se réinventent. Kate Kroll rallume la flamme de la lutte et du mythe avec Lunatic: The Luna Vachon Story, tandis que Martin Jauvat, accompagné de Sébastien Chassagne, propose Baise-en-ville, un titre irrévérencieux qui promet de déjouer les codes.

Le Japon sera très présent avec Kenichi Ugana (Incomplete Chairs, The Curse) et Yuriyan Retriever (Mag Mag), dont les propositions expérimentent sur la matière même du récit. Enfin, Jérôme Vandewattyne, avec Summer Hit Machine, apporte une énergie belge punk et irrévérencieuse. Un segment qui restera fidèle à son héritage : le cinéma comme provocation joyeuse, parfois brutale.

Panorama, alchimistes
et horizons spéciaux

Au sein du Panorama international, Sophie Letourneur revient avec L’Aventura, dans laquelle elle joue et réalise simultanément – geste de cinéma où l’autofiction et l’invention se rejoignent. Alireza Khatami présentera The Things You Kill, fresque transnationale où France, Pologne, Ontario et Turquie se croisent. Dans Mare’s Nest, Ben Rivers déploie sa vision singulière, mi-documentaire mi-rêverie, inscrite dans la section des Nouveaux alchimistes.

Les événements spéciaux s’ancrent aussi dans la mémoire locale. Jean-François Poisson exhume une blessure collective avec Qui a tué les Expos de Montréal ? et Xiaodan He honore la ville avec Montréal, ma belle. La présence de Joan Chen, comédienne associée à l’imaginaire de Twin Peaks, ajoute une touche mythologique, reliant la métropole québécoise aux strates les plus profondes de la culture populaire mondiale.

Les courts métrages :
Éclats miniatures

Le champ des courts métrages se distingue encore une fois par son éclectisme. Alex Boya signe Le pain se lève, disponible en continu, tandis que Dorian Jespers (Loynes) et Samuel Suffren (Cœur bleu) viendront enrichir cette constellation d’œuvres brèves, mais intenses.

Montréal au centre des regards

Cette 54e édition du Festival du nouveau cinéma confirme Montréal comme un foyer fertile de dialogue cinématographique, un espace où se croisent la mémoire locale et les mutations mondiales des images. Le FNC ne se contente pas de montrer des films, il accueille les corps et les voix qui les portent.

Dans ce bruissement collectif, tel un orchestre de visions singulières, le cinéma trouve ici sa juste place : dans l’échange, le partage et l’expérience. Et c’est sans doute là que réside la force véritable de ce festival – dans sa capacité à nous rappeler que le septième art, au-delà des écrans, est d’abord une rencontre humaine.

54e édition du Festival du nouveau cinéma

FNC
8 au 19 octobre 2025

Image d’entête : Daria’s Night Flowers – courtoisie du FNC

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