Le développement durable
est-il toujours possible?
Le plus grand défi aujourd’hui est d’adopter une approche nouvelle en matière de durabilité
Par Georges Dupras
27 novembre 2025
Le développement durable est souvent invoqué lorsque l’habitat naturel est menacé. Certains se battent, contre vents et marées, pour protéger ce qu’il reste de nos espaces sauvages. Ils se heurtent aux effets du changement climatique et à un basculement politique sans précédent qui a réduit à néant les maigres progrès accomplis depuis les années 80. L’attitude autoritaire, parfois même intimidante, de certaines autorités remet sérieusement en cause la notion de développement durable.
Le balancier
Les changements de cap surviennent lorsque des opinions et des intérêts régionaux divergents s’affrontent au Parlement. Ils sont le fruit des revendications sociales et de la diversité. Dans le contexte politique actuel, il ne s’agit plus seulement d’une alternance entre libéraux et conservateurs, ou entre démocrates et républicains, mais d’un basculement radical vers l’extrême droite.
Si un retour en arrière devait se produire, le balancier ne reviendrait pas au centre. Il existe de multiples formes d’environnementalisme – économique, culturelle, politique, naturelle, etc. Le régime autoritaire en place a affecté chacune d’elles, sans tenir compte des conséquences à long terme.
Ceux qui se battent pour sauver ce qu’il reste de nos espaces sauvages doivent composer avec les effets du changement climatique et un basculement politique sans précédent qui a réduit à néant les maigres progrès accomplis depuis les années 80.
Comment pallier les conséquences de ce basculement extrême ? C’est pour ceux qui sont bien plus qualifiés que moi. Le mal est fait et un retour à l’équilibre ne se fera pas du jour au lendemain. Le développement durable est une tâche gigantesque qui ne conviendra pas à ceux et celles qui souhaitent simplement « revenir à la normale ». Il doit aussi tenir compte des autres espèces qui franchissent les frontières, ce qui complique encore le défi.
De nombreux écologistes estiment que nous perdrons la plupart des espèces connues au cours des cent prochaines années. Les causes sont le changement climatique, la destruction des habitats, le commerce illicite d’espèces sauvages et la croissance démographique, qui exige toujours plus d’énergie et d’espace.
Le plus important défi
Le principal défi pour les professionnels de tous les domaines consistera à adopter une nouvelle approche du développement durable. Cet objectif devient particulièrement ardu lorsque les compétences juridictionnelles se chevauchent. Les espèces migratrices qui franchissent les frontières nationales illustrent les dérives possibles lorsqu’une instance élue prend, sur un coup de tête, des décisions qui touchent les pays et États voisins.
Je ne minimise pas non plus l’impact du commerce illicite d’espèces sauvages et je salue le travail de celles et ceux qui le combattent sans relâche. On estime que la perte d’espèces liée à ce commerce représente entre 7 et 24 milliards de dollars par an, soit environ 100 millions d’espèces sur la même période.
Ce que je veux surtout souligner, c’est qu’il ne sert à rien de protéger les espèces si leurs habitats restent constamment menacés. Cette érosion de la biodiversité met en péril les programmes de durabilité, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
Des visions différentes de l’équilibre
Autre élément important : nous n’avons pas tous la même idée du « juste milieu » à atteindre. Ce point d’équilibre varie selon les réalités socioéconomiques des régions. Une réalité nouvelle est l’impact qu’un dirigeant autoritaire peut avoir sur le commerce légal entre des nations souveraines ou des collectivités.
Il est évident qu’une décision qui touche plusieurs pays d’un continent n’aura pas les mêmes effets sur ceux d’un autre continent.
Même au Canada, il est difficile de trouver un terrain d’entente, compte tenu de la taille du territoire, de la diversité des régions et des ententes commerciales existantes.
À la lumière de ces obstacles politiques majeurs, il apparaît clairement que le point d’équilibre de la durabilité s’estompe.
‘Au‑delà des tactiques autoritaires et intimidantes que nous impose actuellement une juridiction étrangère, notre bilan en matière de développement durable est loin d’être exemplaire.’
Une nouvelle approche
Le gouvernement fédéral et les provinces au Canada devraient prendre l’initiative de créer des habitats fauniques marins et terrestres reliés par des corridors, afin de préserver l’intégrité génétique des espèces au sein de leurs aires de répartition. Les Premières Nations continueraient d’y pratiquer la chasse de subsistance. Le Canada fait partie des rares pays qui disposent encore d’un territoire suffisant pour mener une telle démarche de conservation proactive.
Cet effort permettrait d’éviter que des espèces encore abondantes deviennent en péril en raison de la perte d’habitat ou de l’exploitation, légale ou non. Nos autorités provinciales et territoriales doivent aller au-delà des beaux discours sur le statut d’êtres sensibles accordé aux animaux et adopter des lois efficaces et applicables, placées sous la responsabilité du ministère de la Justice (et non du ministère des Ressources naturelles).
Ne nous leurrons pas : même en mettant de côté les tactiques autoritaires et d’intimidation qu’une juridiction étrangère nous fait subir actuellement, notre bilan en matière de développement durable est loin d’être exemplaire. Quant aux efforts à l’échelle mondiale, ils exigent eux aussi une sérieuse remise en question.
Un pas à la fois
La première étape commence à la maison. Chacun de nous peut prendre l’initiative de revoir son mode de vie, notamment l’utilisation du plastique et d’autres produits pétroliers. Notre culture du « tout jetable » doit être remise en question.
La deuxième étape consiste pour les parents et les tuteurs à jouer un rôle actif dans le choix des lectures des jeunes enfants et à éviter autant que possible les livres qui présentent les animaux comme mauvais ou dangereux. Il est essentiel que les jeunes apprennent à respecter tous les êtres vivants et leur environnement.
La troisième étape consiste à inviter les adultes à ne plus recourir au mot « animal » pour qualifier des comportements humains jugés indésirables.
La quatrième, enfin, serait d’introduire, dans toutes les écoles primaires et secondaires, une nouvelle approche de la conservation, centrée sur une relation plus éthique avec la nature, y compris avec les espèces moins populaires. La liberté, l’engagement et le sens des responsabilités, ainsi que l’obligation de rendre des comptes, devraient être au cœur de notre idéologie éducative.
Avertissement : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas celles de WestmountMag.ca ni celles de ses éditeurs.
Image d’entête : Jędrzej Koralewski – Pexels
Autres articles par Georges Dupras
Autres articles récents

Il n'y a aucun commentaire
Ajouter le vôtre