La vraie motivation de Trump
derrière la menace tarifaire
Une menace sérieuse pour la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis
Par Andrew Burlone
14 décembre 2024
L’annonce récente de Donald Trump concernant l’imposition d’un tarif de 25 % sur toutes les importations canadiennes a suscité de vives inquiétudes au sein du paysage économique nord-américain. Prévue pour entrer en vigueur le 20 janvier 2025 si elle est adoptée, cette mesure a pour objectif de résoudre les problèmes liés à la sécurité des frontières et au trafic de drogue.
Ce projet représente une menace sérieuse pour la relation commerciale entre le Canada et les États-Unis, un partenariat essentiel à la prospérité économique des deux nations. La perturbation potentielle des chaînes d’approvisionnement nord-américaines pourrait entraîner des changements durables dans les modèles commerciaux, et les consommateurs des deux pays pourraient faire face à une augmentation des prix sur de nombreux produits, y compris des biens de première nécessité. Cette situation pourrait les pousser à revoir leurs habitudes d’achat, en privilégiant davantage les produits fabriqués localement.
La perturbation potentielle des chaînes d’approvisionnement nord-américaines pourrait entraîner des changements durables dans les modèles commerciaux.
Sur le plan politique, ces tarifs proposés violeraient les dispositions de l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), ce qui entraînerait probablement des contestations juridiques de la part du Canada et du Mexique. De telles actions pourraient compromettre la pérennité de cet accord au-delà de 2026 et nuire aux relations diplomatiques entre les États-Unis et le Canada. L’alliance historiquement forte entre les deux pays pourrait s’affaiblir, affectant ainsi leur coopération dans divers domaines.
Les conséquences à long terme de ce conflit commercial pourraient entraîner une restructuration économique significative dans les deux pays, poussant les industries à se relocaliser et incitant les deux nations à diversifier leurs partenariats commerciaux afin de réduire leur dépendance bilatérale.
Scepticisme quant aux véritables motivations
Les menaces de Trump suscitent des interrogations et un scepticisme concernant ses motivations. Bien que le président élu affirme que le tarif vise à inciter le Canada à lutter contre la migration illégale et le trafic de drogue, les données montrent que les traversées non autorisées de la frontière canadienne vers les États-Unis restent relativement faibles par rapport à celles de la frontière mexicaine, avec seulement environ 19 500 rencontres enregistrées entre octobre 2023 et juillet 2024. Cette divergence entre les raisons avancées et la réalité des conditions à la frontière canado-américaine laisse penser que la menace tarifaire semble relever davantage d’une performance politique visant à mobiliser la base que d’une stratégie économique soigneusement élaborée.
‘La menace tarifaire semble relever davantage d’une performance politique visant à mobiliser la base que d’une stratégie économique soigneusement élaborée.’
Cette tactique s’inscrit dans l’approche trumpienne qui utilise la pression financière comme levier dans les relations internationales, souvent sans tenir compte des conséquences pour des alliés de longue date comme le Canada. L’écart entre les affirmations de Trump et la réalité sur le terrain suggère que ces mesures pourraient faire partie d’une stratégie plus vaste visant à rediriger les investissements et les emplois du Canada vers les États-Unis, en ligne avec ses politiques Buy American. De plus, cette menace tarifaire pourrait également servir de tactique de négociation pour exercer une pression sur le Canada et le Mexique en vue de futures renégociations d’accords commerciaux.
Répercussions graves pour le Canada
D’un point de vue économique, le PIB du Canada pourrait subir une contraction significative, entraînant ainsi d’importantes pertes d’emplois à l’échelle nationale. L’économie américaine ne serait pas non plus épargnée ; elle pourrait connaître une réduction de son PIB, accompagnée d’une augmentation substantielle de son déficit. Des secteurs tels que l’automobile, l’énergie, l’agriculture et la fabrication seraient particulièrement exposés en raison de chaînes d’approvisionnement étroitement intégrées. Les tarifs proposés pourraient plonger le Canada dans une récession d’ici 2025, avec des prévisions indiquant une contraction du PIB pouvant atteindre 2,5 % d’ici début 2026 et une inflation susceptible d’atteindre 7,2 % d’ici mi-2025 1 2.
‘Des secteurs tels que l’automobile, l’énergie, l’agriculture et la fabrication seraient particulièrement exposés en raison de chaînes d’approvisionnement étroitement intégrées.’
Les conséquences sociales de tels tarifs seraient également considérables. Des millions d’emplois canadiens liés aux exportations vers les États-Unis seraient menacés, touchant des communautés dans plusieurs provinces et risquant de provoquer des troubles sociaux ainsi qu’une anxiété économique accrue dans les régions les plus affectées. L’impact varierait d’une province à l’autre. L’Ontario et le Québec se heurteraient à d’importants défis dans des secteurs manufacturiers tels que l’automobile et l’aérospatiale, tandis que des provinces comme l’Alberta et la Saskatchewan pourraient subir des effets particulièrement négatifs en raison de leurs exportations d’énergie.
Des conséquences inattendues
Bien que les conséquences économiques pour le Canada seraient sévères, les experts soulignent également que la mise en place de tels tarifs perturberait l’économie nord-américaine hautement intégrée et le réseau d’approvisionnement cohérent, risquant ainsi de plonger les États-Unis dans une récession légère.
Les tarifs proposés sur les importations canadiennes pourraient donc potentiellement nuire à l’économie américaine et aux travailleurs américains 3 4. Ils risquent d’avoir un effet stagflationniste sur l’économie américaine, entraînant une augmentation des prix pour les consommateurs. De plus, ces tarifs pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement et accroître les coûts pour les entreprises qui utilisent des intrants importés. Les analyses économiques indiquent que des mesures protectionnistes conduiraient à une compétitivité diminuée pour les entreprises américaines et à un risque accru de pertes d’emplois 5.
Les tarifs pourraient également perturber les chaînes d’approvisionnement nord-américaines, qui sont profondément intégrées, en touchant particulièrement des secteurs tels que l’automobile, l’énergie et la fabrication. Les entreprises américaines qui dépendent des importations canadiennes pour leurs matières premières et biens intermédiaires se retrouveraient confrontées à une hausse de leurs coûts de production, ce qui risquerait de rendre leurs produits moins compétitifs sur les marchés national et international.
‘Les tarifs risquent d’avoir un effet stagflationniste sur l’économie américaine, entraînant une augmentation des prix pour les consommateurs.’
Par ailleurs, des tarifs de rétorsion imposés par le Canada et d’autres pays concernés pourraient nuire davantage aux exportations américaines, en particulier dans des secteurs comme l’agriculture 6. Les économistes estiment que les tarifs proposés par Trump pourraient entraîner une réduction de 0,4 % du PIB américain et la perte de 344 900 emplois équivalents à temps plein.
Ces tarifs n’affecteraient pas seulement le commerce, mais également les relations diplomatiques, les structures sociales et les stratégies économiques à long terme. Les résultats réels dépendraient de la manière dont les tarifs seraient appliqués et des réponses des deux gouvernements, mais il est évident qu’une telle mesure transformerait considérablement le paysage du commerce et de la coopération en Amérique du Nord.
Bien que Trump affirme que ces mesures protégeraient les industries et les travailleurs américains, la plupart des économistes soutiennent que ces politiques protectionnistes nuisent finalement aux mêmes groupes qu’elles prétendent défendre 5. Les coûts économiques potentiels, associés au risque de déclencher des conflits commerciaux plus larges, laissent penser que le pari commercial de Trump pourrait en effet se retourner contre lui, impactant négativement tant l’économie américaine que l’économie mondiale 7.
Mesures que le Canada pourrait envisager
À la lumière de ces développements, si les tarifs proposés par Trump sur les importations canadiennes étaient mis en œuvre, le Canada devrait s’adapter de manière significative pour atténuer les dommages économiques potentiels à travers une stratégie diversifiée. Les entreprises pourraient se concentrer davantage sur les marchés domestiques, favorisant ainsi une augmentation de la production et de la consommation locales tout en cherchant à diversifier leurs marchés d’exportation au-delà des États-Unis en tirant parti des accords commerciaux existants avec l’Asie et l’Europe.
Le gouvernement canadien pourrait envisager des représailles stratégiques en imposant des tarifs ciblés sur certains produits américains afin d’exercer une pression politique sur des États ou des électorats clés qui soutiennent Trump. Des démarches diplomatiques suivraient probablement, le Canada contestant les tarifs américains par le biais des mécanismes de résolution des différends de l’ACEUM ou en faisant appel à des organismes internationaux du commerce.
‘Le gouvernement canadien pourrait envisager des représailles stratégiques en imposant des tarifs ciblés sur certains produits américains afin d’exercer une pression politique sur des États ou des électorats clés qui soutiennent Trump.’
L’énergie pourrait devenir un levier de négociation important, certaines provinces comme l’Ontario explorant la possibilité de restreindre les approvisionnements énergétiques vers certains États américains, créant ainsi une pression économique. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déjà menacé de couper les exportations d’énergie de l’Ontario vers cinq États américains, dont le Michigan, New York et le Wisconsin 8.
Des actions diplomatiques et juridiques suivraient probablement, le Canada contestant les tarifs américains par le biais des mécanismes de résolution des différends de l’ACEUM et envisageant de faire appel à des organismes internationaux du commerce. Le gouvernement fédéral pourrait également envisager d’imposer des taxes à l’exportation sur des matières premières clés, bien que cette idée ait suscité des critiques de la part de certains dirigeants provinciaux 9.
En interne, renforcer la résilience économique en supprimant les barrières commerciales interprovinciales pourrait apporter des bénéfices significatifs au PIB du Canada tout en créant des conditions de marché intérieur plus solides. De plus, la création d’un Fonds pour les industries stratégiques pourrait soutenir des secteurs manufacturiers essentiels et accélérer l’approbation de projets.
S’adapter aux nouvelles réalités
L’importance de la relation commerciale entre les États-Unis et le Canada ne peut être sous-estimée ; elle représente le plus grand partenariat commercial au monde, avec près de 3,6 milliards de dollars de biens et services traversant la frontière chaque jour. Bien que les analystes demeurent prudents quant à la mise en œuvre réelle de ces tarifs proposés, en raison de la nature mutuellement bénéfique de cette relation évaluée à plus d’un trillion de dollars, les canaux diplomatiques seront cruciaux pour l’avenir. Des négociations potentielles pourraient aborder les préoccupations sous-jacentes de Trump par le biais de compromis stratégiques, incluant un renforcement des engagements en matière de dépenses de défense ou une réforme des systèmes de quotas agricoles.
En adoptant une approche globale qui combine stratégies économiques et efforts diplomatiques, le Canada peut naviguer efficacement à travers les défis posés par les menaces tarifaires de Trump tout en se positionnant comme un partenaire commercial résilient prêt à faire face aux incertitudes futures.
Avis : Les opinions exprimées dans cet article sont celles de son auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de WestmountMag.ca ou de ses éditeurs.
Image d’entête : MicroStockHub

Andrew Burlone, co-créateur de WestmountMag.ca, a débuté son parcours médiatique au magazine NOUS. Par la suite, il a lancé Visionnaires, occupant le poste de directeur de création. Passionné d’histoire et de politique, Andrew s’intéresse également aux arts visuels et à l’architecture.
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