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Un zoo qui met en valeur
la biodiversité du Québec

L’Écomuséum favorise le respect des animaux et de leur habitat

Par Irwin Rapoport

21 août 2025

Le Zoo Écomuséum de Sainte-Anne-de-Bellevue abrite de nombreuses espèces d’animaux, d’amphibiens, de reptiles et d’oiseaux que l’on trouve dans la vallée du Saint-Laurent. Depuis plus de trente ans, il offre aux personnes de tous âges de la grande région de Montréal la possibilité d’observer ces créatures de près et d’en apprendre davantage sur elles et leur habitat.

Situé au 2125, chemin Sainte-Marie, le zoo de l’Écomuséum est une destination populaire tout au long de l’année, dont la réputation est renforcée par ses nombreux programmes éducatifs. Il nous reste encore quelques semaines d’été, qui sont le moment idéal pour visiter le zoo.

Sarah Prince-Robin, titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise et directrice des Communications et des Affaires publiques de l’Écomuséum, a répondu à quelques questions sur sa fondation, sa mission, les animaux qu’il protège et ses programmes.

WM : Pouvez-vous nous parler de la fondation de l’Écomuséum et de sa transition vers son rôle actuel ?

Prince-Robin : La Société d’histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent (SHNVSL) a été fondée en 1981 par le professeur de l’Université McGill, le Dr John Roger Bider. Un visionnaire pour son époque, conscient de la nécessité d’éduquer les enfants à l’environnement, Bider imaginait une société où chaque individu respecte et protège la nature. Pour concrétiser ce rêve, en 1988, il a ouvert le Zoo Écomuséum, point central des activités d’éducation, de recherche et de conservation. Bien que ses installations initiales fussent modestes, le zoo a vu le jour grâce à la détermination remarquable de Bider et du comité fondateur qu’il a réuni.

En 1989, l’Écomuséum offrait déjà ses premiers programmes éducatifs sur place et en déplacement. En 1992, le premier pavillon administratif, public et éducatif fut construit, offrant des services de base aux visiteurs, quelques expositions d’animaux en intérieur, et des salles pour les activités éducatives. Le nombre d’animaux accueillis et les expositions extérieures avaient déjà considérablement augmenté. En 1996, l’Écomuséum a ouvert ses portes au public pour la première fois en hiver et depuis, il est ouvert 364 jours par année, ne fermant que le 25 décembre, avec une moyenne annuelle de 140 000 visiteurs.

Les réalisations passées de l’Écomuséum s’inscrivent dans une croissance soutenue de sa mission et de son champ d’action.

  • Chaque année, plus de 30 000 jeunes participent aux programmes éducatifs du zoo, ce qui en fait un des zoos les plus efficaces au Canada en matière d’éducation environnementale pour les jeunes.
  • En moyenne, une quinzaine de programmes scientifiques de conservation sont menés annuellement.
  • L’Écomuséum maintient son autofinancement depuis 37 ans, avec une augmentation de son personnel de 5 à 75 employés entre 2005 et 2025.
  • L’Écomuséum a reçu de nombreux prix et reconnaissances.

WM : Une mission clé de l’Écomuséum est de promouvoir l’appréciation de la faune diversifiée du Québec et la manière dont nous pouvons protéger ces espèces et leur habitat. Pouvez-vous nous parler de cette mission, de ses études de terrain et des initiatives de conservation ?

Prince-Robin : La mission de l’Écomuséum est de promouvoir la connaissance et l’appréciation des caractéristiques physiques et biologiques de la vallée du Saint-Laurent, ainsi que la gestion responsable de ses milieux naturels, par l’éducation, la recherche appliquée et la conservation. Les activités de conservation et de recherche étaient déjà en cours avant l’ouverture officielle au public et elles fournissent des connaissances précieuses pour mettre en œuvre des mesures afin de sauvegarder et protéger certaines espèces animales et leurs habitats.

Notre expertise en amphibiens et reptiles fait de l’Écomuséum un chef de file provincial en herpétologie. Depuis 1986, il mène chaque année de nombreux programmes à travers le Québec, en collaboration avec des partenaires publics et privés.

La mission de l’Écomuséum est de promouvoir la connaissance et l’appréciation des caractéristiques physiques et biologiques de la vallée du Saint-Laurent, ainsi que la gestion responsable de ses milieux naturels, par l’éducation, la recherche appliquée et la conservation.

WM : L’Écomuséum abrite de nombreuses espèces. Pourriez-vous en présenter quelques-unes, des plus connues aux plus rares ?

Prince-Robin : Les visiteurs adorent observer des espèces emblématiques comme les loutres de rivière, les ours noirs et les aigles royaux qui représentent véritablement la nature sauvage du Québec. Mais l’Écomuséum met aussi en valeur des espèces que l’on a rarement la chance d’observer de près dans la nature. La section intérieure dédiée aux reptiles, amphibiens et poissons remporte un grand succès auprès des enfants. Par exemple, la tortue des bois est une espèce vulnérable au Québec. Dans la nature, seuls deux spécimens par portée survivent à l’âge adulte au cours de leur vie. C’est un animal fascinant que la plupart des gens ne rencontreraient jamais sans une visite ici.

Un autre animal rare et discret est le pékan, un membre de la famille des mustélidés, qui est presque impossible à apercevoir dans la nature et dont la réputation souffre du fait qu’il peut s’attaquer aux chats.

Les visiteurs prennent aussi plaisir à découvrir une grande variété d’animaux, de toutes tailles, du lynx du Canada à la tortue peinte, jusqu’à la minuscule rainette crucifère, une petite grenouille qui joue un rôle essentiel dans nos écosystèmes. Chaque animal a son histoire : certains ont été recueillis après avoir été blessés, d’autres orphelins, et d’autres encore sont nés en captivité.

Chaque rencontre avec un animal est porteuse de sens. En les découvrant, les visiteurs repartent non seulement avec des faits fascinants, mais aussi avec une meilleure compréhension de l’importance de protéger leurs habitats et d’assurer l’avenir de la remarquable biodiversité du Québec.

WM : Qu’implique l’art de prendre soin des animaux, qu’ils soient petits ou grands ?

Prince-Robin : Prendre soin des animaux, qu’ils soient grands ou petits, va bien au-delà de leur fournir nourriture et abri. Notre équipe s’engage à veiller chaque jour au bien-être physique, mental et émotionnel de chaque animal. Cela implique de développer des régimes alimentaires spécialisés, d’assurer un suivi vétérinaire attentif ainsi que des soins quotidiens, et d’aménager des espaces de vie favorisant l’expression de comportements naturels.

L’un des outils les plus efficaces que nous employons est l’entraînement coopératif, comme on le voit dans une de nos récentes vidéos sur YouTube. Ces séances permettent aux animaux de participer volontairement à leurs soins, par exemple en montant sur une balance, en ouvrant la bouche pour un examen, ou en se déplaçant dans un espace précis lors d’un traitement. En établissant un lien de confiance entre les animaux et notre équipe de soigneurs, nous réduisons leur stress et rendons chaque procédure médicale plus sûre et plus humaine.

Chaque animal bénéficie d’un enrichissement adapté à ses instincts naturels. Cela peut inclure des distributeurs d’aliments incitant à la résolution de problèmes, de nouvelles odeurs pour stimuler leur curiosité, des objets flottants pour permettre aux loutres de jouer et de plonger, ou des perchoirs et structures où les oiseaux de proie peuvent exercer leur agilité. L’enrichissement vise à offrir aux animaux la possibilité d’exprimer la gamme complète de comportements qu’ils manifesteraient dans la nature.

‘Prendre soin des animaux va bien au-delà de leur fournir nourriture et abri. Notre équipe s’engage à veiller chaque jour au bien-être physique, mental et émotionnel de chaque animal.’

WM : Le zoo a récemment eu la joie d’accueillir une loutre nouvellement née. Comment se porte-t-elle ?

Prince-Robin : Toute naissance d’un petit est un événement véritablement rare et précieux. À l’Écomuséum, la reproduction est généralement gérée avec soin pour éviter les naissances. Il a fallu plus de trente ans avant que cela n’arrive avec les loutres de rivière dont nous nous occupons. Tout avait été prévu, au cas où le besoin se ferait sentir : de la conception de leur espace et des installations de maternité aux protocoles vétérinaires, jusqu’à la possibilité de transferts vers d’autres zoos accrédités, si nécessaire.

Le petit est né au printemps dans un terrier préparé par sa mère, puis déplacé dans une maternité intérieure spécialement aménagée. À la naissance, il était aveugle, sourd et sans dents, entièrement dépendant de sa mère pour la chaleur, l’alimentation et l’apprentissage. Durant les premières semaines, la mère gardait son bébé bien caché, et notre équipe surveillait ses progrès à distance à l’aide de caméras discrètes. Les premiers soins médicaux de routine n’ont commencé qu’à l’âge d’environ deux mois, et l’introduction du père s’est faite graduellement, après que le petit ait appris à nager.

Aujourd’hui, le petit se porte à merveille. Il a déjà commencé l’entraînement coopératif avec notre équipe de soigneurs animaliers, ce qui permet de bâtir la confiance et d’assurer des soins vétérinaires avec un minimum de stress. Les visiteurs peuvent parfois apercevoir la jeune loutre en train de jouer ou de nager aux côtés de sa mère, bien qu’elle profite encore volontiers de ses cachettes.

WM : L’Écomuséum est une destination prisée des familles, des sorties scolaires et des passionnés de nature. Pouvez-vous nous parler des programmes éducatifs pour les jeunes et la communauté, ainsi que des possibilités de bénévolat pour soutenir les activités du zoo ?

Prince-Robin : L’éducation à l’environnement est le pilier central de la mission de l’Écomuséum. Grâce à un programme éducatif diversifié, nous proposons plus de 25 programmes différents destinés aux écoles et aux communautés.

Les établissements scolaires, les professionnels de l’éducation, les organismes de conservation et communautaires, le grand public ainsi que les médias sollicitent le zoo comme une référence en matière de sensibilisation et d’éducation à l’environnement, de biodiversité québécoise, de faune urbaine et bien d’autres sujets liés. Les expositions permanentes du zoo, ses présentations, ses interventions publiques en situation et hors site sous diverses formes, ainsi que son intégration aux médias sociaux, contribuent à sensibiliser continuellement tous ses visiteurs et le public québécois à l’importance de protéger la flore et la faune locales.

Le zoo offre une variété de programmes sur site et en milieu scolaire, spécialement conçus pour la communauté éducative, de la maternelle à l’université. Les thématiques servent de supports pour introduire les concepts liés à la faune, à l’environnement et à la conservation, présents dans tous les programmes.

Une autre manière significative de s’impliquer est à travers nos programmes de science citoyenne, notamment le suivi des anoures — grenouilles et crapauds — dans les milieux humides locaux. Les bénévoles identifient les espèces à partir de leurs chants distinctifs et enregistrent leurs observations, ce qui aide à suivre les tendances des populations. Un autre programme invite les bénévoles à photographier reptiles et amphibiens et à soumettre en ligne des informations de base sur leurs observations. Ces contributions alimentent l’Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec, une initiative provinciale de conservation qui collecte des données essentielles sur la répartition et l’abondance des espèces. Les bénévoles soutiennent non seulement la recherche scientifique et la conservation, mais développent aussi un lien plus profond avec la biodiversité québécoise, sachant que leur engagement a un impact réel sur la protection des écosystèmes fragiles.

‘Nous travaillons constamment à améliorer nos installations et nos programmes, à concevoir des espaces de vie encore plus enrichissants pour les animaux, et à créer des expériences plus immersives et éducatives pour nos visiteurs.’

WM : Comment le public peut-il soutenir l’Écomuséum et ses activités ?

Prince-Robin : Le simple fait de nous rendre visite est déjà un acte de soutien : chaque entrée nous aide à offrir les meilleurs soins possibles aux animaux et finance nos programmes de conservation et d’éducation, puisque nous sommes un organisme à but non lucratif. Les gens peuvent également devenir membres, ce qui leur permet de profiter du zoo toute l’année.

Nous proposons aussi un Programme de Parrainage Animalier, où des particuliers, des familles ou des groupes peuvent adopter symboliquement l’un des animaux dont nous nous occupons. Les dons directs constituent une autre manière essentielle de nous aider. Qu’ils soient petits ou grands, tous les dons sont directement investis dans nos opérations quotidiennes.

Les familles et les groupes peuvent aussi nous soutenir en célébrant leurs événements spéciaux au zoo ou en réservant l’une de nos activités Experience+, telles que Petit-déjeuner pour les animaux, Festin des Fêtes ou Promenade sous les étoiles.

Nous suivre sur les réseaux sociaux, partager nos histoires et contribuer à la sensibilisation à la biodiversité locale sont autant de façons importantes de renforcer notre mission. Nous travaillons sans cesse à améliorer nos installations et nos programmes, à créer des espaces de vie encore plus enrichissants pour les animaux et à offrir des expériences plus immersives et pédagogiques à nos visiteurs.


Images: courtoisier du Zoo Écomuseum

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Irwin RapoportIrwin Rapoport, journaliste indépendant, a obtenu une maîtrise en histoire et en sciences politiques à l’Université Concordia.

 



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