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Dracula, une comédie
des horreurs à La Tohu

Une parodie à mourir de rire, mise en scène par Hugo Bélanger

Par Sophie Jama

26 septembre 2025

Qui donc est le comte Dracula? Prononcer seul le nom fait trembler. Un vampire, un revenant, un mort-vivant qui n’apparait que la nuit pour trouver des victimes bien vivantes, s’abreuver de leur sang et prolonger son existence paradoxale ? Personnage de la culture populaire maintes fois représenté au cinéma, il est aussi le héros du romancier anglais Bram Stoker. Dans son roman épistolaire Dracula, publié en 1897, l’auteur nous apprend dans quelles circonstances le redoutable comte est amené à quitter sa Transylvanie originelle pour s’installer en Angleterre et perturber quelque peu la vie d’un jeune couple de fiancés prêt pour le mariage.

Une relecture satirique et pleine d’humour noir du personnage de Dracula.

Dracula, une comédie des horreurs est le récit de ce roman – librement adapté et de manière très comique par Gordon Greenberg et Steve Rosen, avec Maryse Warda pour la traduction – que suit la pièce mise en scène par Hugo Bélanger et proposée au théâtre de La Tohu. C’est une comédie, absurde et physique, qui jouant avec les codes du théâtre et de la commedia dell’arte, pour offrir une relecture satirique et pleine d’humour noir du personnage de Dracula. La pièce est aussi une introduction idéale pour la période de l’Halloween.

Il y a bien sûr Dracula, qui ressemble plus à une rock star qu’à un monstre assoiffé de sang. Il y a Lucy qui rêve ardemment de rencontrer enfin un homme qui saura l’aimer, tandis que Mina, plus belle et avide d’aventures, peine à en trouver avec son fiancé Jonathan au caractère plutôt coincé. Il y a leur père, un psychiatre qui s’occupe entre-autres choses d’un paranoïaque amateur d’insectes et d’une cleptomane invétérée, et qui tombera amoureux de la doctoresse allemande venue soigner sa fille… Il y a aussi un cocher avec ses chevaux, un capitaine de bateau et son équipage. Il y a enfin des fantômes, des chauves-souris et tout ce que l’on peut trouver de bizarre dans une maison hantée.

‘Une manière idéale d’entrer dans la période de l’Halloween, et de rire, beaucoup rire, à se faire peur.’

Quelques temps avant la cérémonie des fiançailles, le fiancé Jonathan, qui est agent immobilier, voyage en Transylvanie pour conclure une affaire avec le comte Dracula. Celui-ci se déplace jusqu’à Londres afin de prendre possession de ses nouvelles propriétés, parmi lesquelles une maison hantée qui ne trouvait, jusque-là, pas le moindre acquéreur.

Une mise en scène hilarante

Dans de très beaux décors qui se métamorphosent habilement, du château mystérieux à la maison hantée en passant par l’intérieur bourgeois d’une demeure londonienne du XIXe siècle, cinq acteurs en costumes d’époque interprètent de multiples personnages bien déjantés et tous plus colorés les uns que les autres. Beaucoup de personnages qui se croisent sur la scène, vont, viennent, apparaissent, disparaissent par la magie des transformations du décor et des astuces de la mise en scène.

La pièce va bon train, le rythme est très soutenu, et le récit et les propos font rire du début à la fin. Les acteurs ne se prennent jamais au sérieux et l’œuvre contient beaucoup d’autodérision, d’humour et de farce. On est impressionné par les multiples astuces de la mise en scène, le talent des acteurs qui changent de costumes sans qu’on comprenne comment pour incarner de nouveaux personnages qui se succèdent sans le moindre temps mort.

‘La pièce va bon train, le rythme est très soutenu, et le récit et les propos font rire du début à la fin.’

Tout y est drôle et pensé pour faire rire à se faire peur. Rien d’effrayant, rien d’angoissant, seulement de l’humour noir et de la dérision. Dracula, une comédie des horreurs est une œuvre très sympathique qui décevra peut-être ceux qui espéraient vraiment avoir peur.

Dracula, une comédie des horreurs

Auteurs : Gordon Greenberg et Steve Rosen
Traduction et adaptation : Maryse Warda

Mise en scène : Hugo Bélanger
Production de : Bon jusqu’à la dernière goutte

Avec
Eric Robidoux (Dracula)
Marie-Pier Labrecque (Lucy)
François Simon Poirier (Mina/Van Helsing)
Milène Leclerc (Le père)
Marc St-Martin (Harker)

Conception des éclairages : Sonoyo Nishikawa
Scénographie  : Loïc Lacroix-Hoy
Composition et conception sonore : Sébastien Watty-Langlois
Conception des accessoires : Alain Jenkins
Conception des costumes : Sarah Balleux

Dracula, une comédie des horreurs, jusqu’au 1er novembre 2025 au théâtre La Tohu.

Image d’entête : Sasha Onyshchenko

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Sophie Jama - WestmountMag.ca

Sophie Jama est titulaire d’un doctorat en anthropologie et d’une maîtrise en littérature comparée. Elle a publié plusieurs ouvrages au Québec et en France. Depuis une quinzaine d’années, elle couvre la scène culturelle montréalaise en matière de théâtre, de danse, de cirque et autres arts vivants.



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