Une expérience immersive
optionnelle pour la vue
L’œuvre d’Audrey-Anne Bouchard, Fragments : celle qui m’habitait déjà, priorise nos autres sens
Par Faith Langston
3 novembre 2025
Comment imaginer une pièce de théâtre sans ses fondements — costumes, décors et accessoires ? Le langage corporel d’un comédien n’insuffle-t-il pas la vie au texte ? Audrey-Anne Bouchard, créatrice et metteure en scène du collectif interdisciplinaire Au-delà du visuel, affronte avec audace ces questions. Fragments : celle qui m’habitait déjà propose une expérience immersive qui sollicite tous les sens, à l’exception de la vue.
Les choix artistiques ne reposent pas sur la dimension visuelle, mais sur leurs qualités sonores, tactiles et spatiales, explique Bouchard. Nous concevons ainsi une approche créative tout autre. Que révèle un décor lorsqu’il n’est plus vu, mais vécu ? Comment le mouvement se traduit-il lorsqu’il n’est pas observé, mais ressenti ?
La démarche de Bouchard repose sur un principe simple : priver le spectateur de la vue en lui faisant porter un bandeau. Guidés par les comédiens, les participants sont conduits vers le « décor » de la pièce — une ancienne maison de Sainte-Anne-de-Sorel. Là, l’atmosphère se matérialise à travers les sons, les odeurs et les sensations.
La démarche de Bouchard repose sur un principe simple : priver le spectateur de la vue en lui faisant porter un bandeau.
On apprend qu’une jeune femme s’est réfugiée ici et que la maison fut autrefois habitée par une écrivaine. La discussion entre les deux femmes soulève plusieurs questions essentielles : quand sommes-nous réellement libres ? Peut-on jamais se soustraire aux attentes de la société ? Les choses intangibles sont-elles moins réelles que celles que l’on peut toucher ?
Le milieu théâtral est-il un univers difficile ? Sans aucun doute. Il faut pourtant préciser que le collectif interdisciplinaire Au-delà du visuel refuse toute forme d’apitoiement. Il aborde le handicap comme une source d’inspiration et d’innovation. Leur recherche s’enracine dans la création collective et dans le théâtre postdramatique. Leur langage, à la fois interdisciplinaire et immersif, naît de la collaboration entre des artistes, voyants et non-voyants, issus de pratiques diverses.
Il ne fait aucun doute que l’expertise conjuguée de chacun des membres a contribué au succès indéniable de ce collectif. À la tête de l’équipe, Audrey-Anne Bouchard apporte à la fois son expérience pratique et la reconnaissance acquise au fil des ans. Son œuvre Camille : un rendez-vous au-delà du visuel, présentée en 2019 au MAI, ainsi que Camille : le récit / Camille: The Story, ont toutes deux reçu le Prix Monique-Lefebvre de l’accessibilité universelle, ainsi que le META (Montreal English Theatre Award) de la meilleure mise en scène en 2022.
Depuis dix ans, Bouchard agit également comme mentore au sein des programmes de mise en scène et de production (section anglaise) de l’École nationale de théâtre du Canada et œuvre régulièrement comme consultante en accessibilité.
‘Un nombre limité de billets est réservé aux spectateurs aveugles et malvoyants.’
Les chorégraphes Laurie-Anne Langis et Marijoe Foucher, également massothérapeutes, conçoivent les mouvements et les interactions physiques entre les interprètes et les spectateurs. Le comédien Marc-André Lapointe explore le jeu non visuel et a coécrit le texte avec Bouchard. Diana Uribe et Andréa Marsolais-Roy signent respectivement les environnements scéniques et sonores de la pièce. Enfin, le pianiste Vytautas Bucionis compose et interprète la musique en direct tout en apportant au processus créatif son expérience vécue d’artiste non-voyant.
Fragments : celle qui m’habitait déjà résonne fortement dans un monde où nos relations sont de plus en plus visuelles et virtuelles. L’œuvre propose des expériences qui réhabilitent nos autres sens et ouvrent de nouvelles voies de rencontre et de lien entre les êtres.
L’expérience est entièrement accessible aux personnes vivant avec une déficience visuelle, tout comme au public voyant, invité à porter un bandeau sur les yeux du début à la fin de la représentation. Une connaissance intermédiaire du français est recommandée.
Fragments : celle qui m’habitait déjà est présentée à la galerie du MAI jusqu’au 8 novembre 2025. Un nombre limité de billets est réservé aux spectateurs aveugles et malvoyants. Si la représentation souhaitée affiche complet, n’hésitez pas à contacter la billetterie : une place pourrait encore être disponible.
Pour réserver par téléphone, appelez la billetterie au 514 982‑3386.
Image d’entête : courtoisie d’Au‑delà du visuel
Faith Langston est diplômée de l’Université Concordia et s’intéresse depuis longtemps au théâtre. Depuis dix ans, elle travaille comme tutrice en alphabétisation auprès de l’Association jamaïcaine.


Tallis Scholars à Montréal" />
18 novembre 2025" />
conseil de Westmount" />
du stress à l’inspiration" />
L’avenue Columbia" />
Délice d’oranges épicées" />
réenchante l’eau précieuse" />
électoraux à Montréal" />
l’influence du courtier" />
de Sofia Nappi" />
exorté à rencontrer la CMM" />
de votre vie et carrière" />
à travers les époques" />
Vivaneau de la Méditerranée" />
maire de Westmount" />
Pensez revente lors de l’achat" />
mouvement et musique" />
émotionnelle pour l’OPCM" />
Festival Cinemania 2025" />
optionnelle pour la vue" />
un équilibre essentiel" />
les conflits d’intérêts" />
d’automne aux épices" />