Destruction consternante
du Champ des Monarques

Plus de 4 000 asclépiades rasés la semaine dernière sur les terres fédérales louées par Aéroports de Montréal

4 juillet 2022

Le Champ des monarques a fait les manchettes l’année dernière suite à un projet de construction d’une usine de matériaux de masques chirurgicaux de la compagnie Medicom, projet qui a été par la suite abandonné. Située au nord du Golf Dorval, le Champ des monarques est une zone de 19 ha qui a été laissée en friche depuis 2012 ¹, ce qui a permis la création d’un environnement écologique de valeur inestimable tant pour la faune et la flore des champs que pour sa connectivité avec des sections de marécage arborescents.

Rien n’a été épargné par le fauchage

Quelle ne fut pas notre consternation de découvrir que les champs ont été fauchés, et ce en pleine période de nidification. Une question se pose : cette action contrevient-elle à la Convention pour la protection des oiseaux migrateurs au Canada et aux États-Unis ² ? Nous savons, grâce à eBird et nos propres observations, que 150 espèces d’oiseaux peuvent fréquenter le Champ des monarques et Golf Dorval ³. Les recensements même d’Aéroports de Montréal (ADM) démontrent que des pluviers kildir, carouges à épaulettes, et bruants chanteurs peuvent nicher au site.⁴

Pensons aussi à l’impact potentiellement énorme sur les autres espèces d’animaux, autant les couleuvres, souris, musaraignes, marmottes, que la multitude d’insectes, limaces et escargots qui, entre autres, servaient de garde-manger aux oiseaux et à la faune qui s’étaient réapproprié ce milieu laissé à l’état sauvage. Des arbustes, fleurs et plantes qui atteignaient parfois plus de trois mètres de haut ont été fauchées. Plusieurs Urubus à tête rouge se trouvaient sur le terrain témoignant de la mortalité engendrée suite à la fauche.

Plus de 4 000 asclépiades recensées en 2021, fauchées en fleurs, ont disparu du paysage. L’asclépiade est une plante essentielle et exclusive à la survie du papillon monarque. En effet elle est utilisée par le papillon pour y pondre ses œufs et par la chenille pour se nourrir avant sa métamorphose en chrysalide. Des programmes d’ensemencement de l’asclépiade ⁵ sont organisés pour aider le papillon monarque dont la population est en déclin, témoignant de l’importance de cette plante. Fait important à noter que la Ville de Montréal a d’ailleurs été en 2017 la première ville au Québec à signer l’engagement « Ville amie des monarques » ⁶ . Mais qu’arrivera-t’il lors de la migration des papillons monarques lors de la migration automnale ?

Présence d’urubus à tête rouge dans les parages suite à la fauche

La Ville de Montréal, se réclamant être une ville phare pour la biodiversité, sera l’hôte du congrès annuel de la Société écologique d’Amérique qui se tiendra du 14 au 19 août. De plus, Montréal, accueillera également la COP15, du 5 au 17 décembre 2022. Ce sommet majeur de l’ONU sur la biodiversité, a été qualifié par Steven Guilbault « d’événement prestigieux pour le Canada ». Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique aurait une belle opportunité de démontrer que le Canada est préoccupé par la biodiversité en milieu urbain en annonçant que les terrains fédéraux situés au nord de l’aéroport seront protégés.

Nous aimerions comprendre :

– une porte-parole d’ADM nous a confirmé leur décision « d’entretenir » à partir de maintenant, tous les terrains loués à Transport Canada et zonés industriels. Mais pourquoi maintenant et dans quel but ?

– quand est-ce que Transports Canada et le ministère fédéral de l’Environnement et du Changement climatique décideront-ils de protéger ce site unique en modifiant le bail d’ADM ?

– pourquoi ce site n’est pas déjà protégé pour permettre aux générations futures de Montréalaises et de Montréalais d’avoir accès, à proximité, à des espaces verts facilitant la survie de la biodiversité ?

C’est maintenant qu’il faut agir pour s’assurer de protéger nos espaces verts afin d’offrir un futur sain à nos enfants, à notre faune et à notre flore.

Une marmotte subsiste au milieu de son habitat dévasté

So, what can a private citizen do to help move this issue forward? Write to your members of the Parliament to show your anger, dismay and disagreement with the destruction of a major portion of the second “green lung” of the island of Montreal. Also, explain to them that once a green space is destroyed, it will never be available again for our biodiversity and future generations.

Alors, qu’est-ce qu’un simple citoyen peut faire pour aider à faire progresser le dossier ? Écrivez à vos députés afin de leur montrer votre colère, votre consternation et votre désaccord face à la destruction d’une portion majeure du deuxième poumon vert de l’île de Montréal. De plus, expliquez-leur qu’une fois un espace vert détruit, il ne sera plus jamais disponible pour notre biodiversité et pour les générations futures.

Pour plus d’informations vous pouvez joindre Technoparc Oiseaux par courriel à tparcbirds@gmail.com

¹ Pour référence voir pages 14-38 du Mémoire: Caractérisation écologique du Champ des monarques – Projet 81724
² Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs (L.C. 1994, ch. 22)
³ https://www.technoparcoiseaux.org/_files/ugd/c9fed8_97fcfc330cac4876b02581803c4280d3.pdf 10
⁴ Évolution Environnement. (2021, 30 juin). « Étude écologique: Projet de développement Chemin de l’Aviation (Dorval) pour Divco »
⁵ Fondation David Suzuki : Ensemble, créons un « effet papillon » pour la sauvegarde des monarques!
⁶ https://espacepourlavie.ca/villes-amies-des-monarques

Images : gracieuseté de TechnoparcOiseaux
Image d’entête : À gauche – Champs des monarques, août 2021 et à droite – Champs des monarques, 25 juin 2022

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