Elinor Frey, véritable
déesse de l’archet

Une présence sur scène des plus fortes et un jeu maîtrisé à la perfection

Par Luc Archambault

15 mai 2021

Un temps de découverte, un temps de réflexion. Un temps d’introspection, un temps de recueillement. Voilà ce qu’aura apporté cette terrible pandémie. Ma découverte : la sublime Elinor Frey, violoncelliste extraordinaire, soliste invitée des Idées Heureuses, qui plonge tête première en solo, à la baroque ultime, avec ses violoncelles raffinés – à quatre cordes, copie exacte du Stradivarius « Cristiani » de 1708, fait en 2017, et le magnifique violoncelle baroque à 5 cordes, fait en 2012, une copie exacte d’un instrument réalisé par Barak Norman en 1718.

Violoncelliste extraordinaire, soliste invitée des Idées Heureuses, qui plonge tête première en solo, à la baroque ultime, avec ses violoncelles raffinés.

Quel rythme! Quel souffle! Quelle émotion! Une lecture de ces six suites qui ferait pâlir d’envie moult grands interprètes, pour ne mentionner que Pierre Fournier, Anner Bylsma ou Yo-Yo Ma. Contrairement à certains de ces artistes (notamment Yo-Yo Ma, qui attaque ces suites avec un tempo un tantinet rapide), Frey prend son temps, laisse infuser les mélodies et les émotions qui en découlent.

Quelle interprétation majestueuse! Notamment les suites 3 et 6, qui suscitèrent en moi des vagues d’émotion à peine jugulables. Une présence sur scène des plus fortes, un jeu maîtrisé à la perfection, incandescent, un magma sonore des plus cristallins, bref, la perfection, même si celle-ci ne peut exister en cette réalité parfois fort manquante de pareil enchantement. Merci madame Solly pour cette immersion dans un paradis duquel il nous sera fort difficile de redescendre.

Et Elinor Frey ne joue pas seulement à titre de soliste, elle participe aussi pleinement dans le groupe Pallade Musica (musique d’Athéna), avec Tanya LaPerrière (violon et viole d’amour), et Mélisande McNabney (pianoforte), Absent lors de ce concert : Esteban La Rotta (théorbe).

Le concert Les Bohémiennes était dédié aux musiques de la Bohème-Moravie ou inspirée par cette région. Une compilation de chansons populaires roumaines par Béla Bartók, un trio pour piano, violoncelle et violon de Jan Ladislav Dussek, une sonate pour viole d’amour et basse de Carl Stamitz, un prélude pourn piano de Leopold Koželuch, et finalement le trio pour piano, violon et violoncelle n° 39 (Hob. XV, 25, « Trio Tzigane ») de Joseph Haydn.

Cette dernière pièce, la moins « tzigane » du concert, m’a paru la moins intéressante de tout ce périple, car déjà fort connue. Mais enfin, nous n’avons pas tous l’exploration au fond de l’âme. Ce concert, suivi d’une discussion animée par le journaliste Frédéric Cardin, nous a révélé quelques petites perles d’information, comme ce pianoforte, une possession de Mélisande McNabney, qui est une réplique des pianoforte produits à Vienne du temps de Mozart, ou cette viole d’amour, instrument résolument singulier, joué avec brio par Tanya LaPerrière.

Concerts

L’intégrale des 6 suites pour violoncelle seul (BWV 1007-1012) de JS Bach (Elinor Frey) et Les Bohémiennes (Pallade Musica)

Heureusement, pour tous ceux qui n’ont pas eu la chance ou le privilège d’assister à ces concerts, des retransmissions en webdiffusion sont disponibles.

Le concert Bach solo, l’intégrale des 6 suites pour violoncelle seul (BWV 1007-1012) est disponible jusqu’au 31 mai au http://ideesheureuses.ca

Le concert Les Bohémiennes est disponible jusqu’au 19 mai au http://mbam.qc.ca

Images : Courtoisie Elinor Frey

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