Failles fondamentales dans
la Constitution américaine
Les faiblesses inhérentes au concept de gouvernement et de société
Par Andrew Burlone
Révisé • 2 septembre 2025
Malgré la réputation du système politique américain comme un exemple de démocratie dans le monde, il est difficile aujourd’hui d’imaginer comment ce système pourrait efficacement surmonter et résoudre ses problèmes profonds et structurels. D’ailleurs, l’histoire et les bouleversements actuels en apportent la preuve : les failles structurelles de la gouvernance américaine continuent de ressurgir avec une clarté frappante.
Dans Stolen Continents: Conquête et résistance dans les Amériques, l’auteur canadien Ronald Wright rappelle les critiques autochtones adressées au modèle politique des colons blancs : militarisme, obsession de la propriété, recours à la force, justice punitive et grande inégalité. Des failles qui, mises en regard de la société haudenosaunee (iroquoise), apparaissaient en toute évidence.
Militarisme, obsession de la propriété, recours à la force, justice punitive et grande inégalité, des failles mise en lumière par les critiques autochtones.
Lors d’un dialogue avec Benjamin Franklin, « Un chef iroquois s’étonnait que les Blancs… aient besoin d’autant de lois écrites, de parlements, de tribunaux, de police, et de punitions. Si la façon de faire des Blancs était vraiment meilleure, pourquoi fallait-il forcer les gens à être bons sous la menace? Pourquoi autant de monde était pauvre ou en prison, alors que ceux qui avaient de la propriété devenaient toujours plus riches et puissants? »
Franklin lui-même admirait le mode de gouvernance égalitaire et fondé sur le consensus qu’il découvrait chez les Iroquois, notant que la Confédération se gouvernait avec beaucoup moins de lois et de punitions, tout en misant sur la prise de décision collective. Il reconnaissait, à travers cette perspective autochtone, les failles du système américain — sa dépendance à la force, à l’inégalité, au militarisme, à la propriété et à la répression.
Ces lacunes ne sont pas juste des vestiges du passé, mais persistent encore aujourd’hui, révélant ce que l’Amérique a préféré ignorer. À l’inverse, la Confédération iroquoise—dont les modes de gouvernance consensuelle ont jadis inspiré les rédacteurs de la Constitution américaine—incarnait des décisions participatives et un véritable souci de justice et de bien commun.
Aujourd’hui, ces failles persistantes dans la Constitution américaine restent tristement d’actualité dans la vie politique du pays. Les débats actuels sur l’autorité fédérale, le pouvoir exécutif et l’injustice systémique perpétuent la tension constitutionnelle,ce que beaucoup considèrent comme une crise durable dans la gouvernance nationale.
‘Les débats actuels sur l’autorité fédérale, le pouvoir exécutif et l’injustice systémique perpétuent la tension constitutionnelle.’
Les confrontations ne se limitent pas aux milieux universitaires, et débordent largement dans la sphère publique, alors que les autorités fédérales et étatiques s’affrontent sur les prérogatives du pouvoir exécutif, les droits civils et les frontières mouvantes du droit constitutionnel. Ce qui se déroule sous nos yeux n’est pas qu’une suite de désaccords politiques, mais un véritable bras de fer sur l’âme même de la république américaine.
Dans la tourmente actuelle, on peut se demander si l’architecture de base des États-Unis—si souvent vantée en modèle—ne profiterait pas d’une bonne dose d’humilité et d’un apprentissage renouvelé. La question se pose franchement : un système alourdi par des défauts jamais remis en question peut-il vraiment s’adapter et continuer à servir d’exemple de gouvernement populaire, alors que les divisions s’approfondissent et que les conséquences se font de plus en plus sentir?
Les modèles autochtones de consensus, de responsabilité partagée et de modération dans la punition offrent encore aujourd’hui des alternatives concrètes à l’esprit de compétition et à l’individualisme qui dominent la vie politique américaine. Ces approches pourraient nourrir de nouvelles revendications pour la réforme de la justice, l’équité économique, et une redéfinition du sens de la liberté et du vivre-ensemble en contexte américain.
Dans la rue comme dans les espaces numériques, de puissants mouvements sociaux se mobilisent, provoquant des confrontations juridiques qui testent les limites de l’autorité de l’État. On sent un profond désenchantement, partagé entre les classes et les partis—une reconnaissance collective que la polarisation politique mine maintenant toute possibilité de consensus.
Ces secousses, ressenties bien au-delà des tribunaux, nous amènent à nous demander si l’Amérique pourra réaliser un jour cette promesse insaisissable d’une démocratie véritablement inclusive et participative, ou si, comme l’histoire le souligne si souvent, l’expérience restera incomplète.
Stolen Continents: Conquest and Resistance in the Americas, par Ronald Wright, a été publié en 1992.
Image d’entête : U.S. National Archives via StockPholio.net
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Andrew Burlone, cofondateur de WestmountMag.ca, a commencé sa carrière dans les médias au magazine NOUS. Par la suite, il a lancé Visionnaires, où il a occupé le poste de directeur de création pendant plus de 30 ans. Andrew est passionné de culture et de politique, avec un vif intérêt pour les arts visuels et l’architecture.




