La danse comme vecteur
de changement social

Muses, spectacle au profit des maisons pour femmes victimes de violence conjugale

Par Jacqueline van de Geer

19 juin 2025

Le 12 juin, au Centre Pierre-Péladeau, la talentueuse Maude Sabourin, danseuse principale des Grands Ballets Canadiens, a offert un spectacle-bénéfice exceptionnel intitulée Muses, en collaboration avec le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Cette soirée a brillamment mis en avant le génie de chorégraphes féminines et s’est révélée bien plus qu’un simple spectacle : c’était une véritable déferlante d’émotions et de mouvements, portée par une cause essentielle.

Forte de son propre vécu de la violence conjugale, Maude Sabourin a su métamorphoser son expérience intime en une œuvre artistique d’une grande puissance. La voir se livrer avec une telle sincérité sur scène fut un privilège. Elle a également réuni autour d’elle des figures emblématiques de la danse montréalaise – Margie Gillis, Louise Lecavalier, Anne Plamondon et Diana León – toutes des sources d’inspiration qui ont répondu avec enthousiasme à son invitation, chacune livrant une prestation originale et d’une beauté remarquable.

Muses Maude Sabourin

Au-delà de son éclat artistique, Muses a révélé une réalité trop souvent reléguée dans l’ombre : la violence conjugale, qui constitue plus du quart des crimes contre la personne au Québec, ainsi que la tragédie persistante des féminicides. Ce constat douloureux a été présenté avec une grande dignité et une intensité remarquable, mettant en lumière l’isolement des victimes et les obstacles qu’elles rencontrent pour demander de l’aide. Ce spectacle s’est imposé comme une lueur d’espoir, rappelant l’urgence de rompre le silence.

La soirée a brillé par la richesse de sa programmation, portée par des créatrices locales de grand talent. Ingrid St-Pierre, auteure-compositrice-interprète, a sublimé l’événement en y insufflant une émotion authentique. La découverte du travail prometteur de quatre jeunes diplômées de l’École supérieure de ballet du Québec, dont la pièce originale a été spécialement conçue pour l’occasion, fut également un moment fort.

Maude Sabourin a su fédérer autour d’elle Margie Gillis, Louise Lecavalier, Anne Plamondon et Diana León, des figures emblématiques de la danse montréalaise

L’intégralité des fonds amassés sera remise au Regroupement, une contribution concrète pour soutenir les femmes. Le manque de places en maison d’hébergement, forçant de nombreuses femmes à patienter des mois pour accéder à des services externes, demeure inacceptable. Muses rappelle avec force l’importance d’un soutien accru et d’une mobilisation collective.

Cette soirée a démontré, s’il en était besoin, que la danse peut être un formidable moteur de changement social. Saluons le courage, le talent et l’engagement sans faille de Maude Sabourin et de toutes les artistes qui ont fait de cet événement un moment inoubliable.

Images : gracieuseté de Maude Sabourin

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Jacqueline van de Geer

Originaire des Pays-Bas, Jacqueline van de Geer a traversé l’océan Atlantique en 2005 pour vivre et travailler à Montréal. Elle est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et en arts de la scène.