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Le Cabaret du Jugement Dernier
sous la nef du Monastère

Sous des voûtes sacrées, acrobates et jongleurs enchantent la nuit montréalaise

Par Sophie Jama

7 juillet 2025

Organisé par Le Monastère en complicité avec le festival Montréal Complètement Cirque, le Cabaret du Jugement Dernier fusionne l’esprit de la piste, la virtuosité des artistes et une atmosphère quasi mystique au cœur d’un ancien sanctuaire métamorphosé : le temps du festival, ce beau monument religieux reconverti en salle de spectacle prend la forme d’un cabaret vibrant au rythme des prouesses et des ovations.

La proximité avec les artistes décuple l’intensité des prouesses et fait de chaque exploit un moment d’autant plus saisissant et mémorable.

Autour d’une scène centrale, de petites tables s’égrènent, invitant les spectateurs à partager un verre entre amis tout en se muant en juges d’un florilège de numéros circassiens. Ce « Jugement dernier » devient alors un exercice difficile pour le public tant la qualité de tous est élevée. La proximité avec les artistes, rendue possible par la configuration intimiste de la salle, décuple l’intensité des prouesses et fait de chaque exploit un moment d’autant plus saisissant et mémorable.

Animée par un maître de cérémonie aussi fantasque que polyvalent – tour à tour clown, rappeur, musicien et acrobate –, la soirée invite le public à entrer dans la danse et à participer activement tout au long de ce spectacle de deux heures avec entracte, ajoutant une touche de convivialité et de folie circassienne à l’événement.

Musique envoûtante, éclats de rire, frissons, émerveillements et émotions vives se succèdent pour composer une soirée inoubliable, où chaque instant est une fête des sens. Ici, point de fil conducteur imposé : la seule ligne directrice est l’extraordinaire virtuosité des artistes venus des quatre coins du monde. À chaque numéro, qu’il s’agisse d’un solo époustouflant ou d’un duo complice, le public oscille entre admiration et hésitation, se demandant à qui accorder son précieux vote tant chaque performance mérite d’être couronnée.

‘Acrobaties, jongleries, mas chinois, sangles aériennes, roue cyr… la scène se transforme au grès des besoins.’

En ouverture de piste, le duo australo-mexicain Ohtocani et Karina embrase la soirée d’un numéro amoureux sur et autour d’un mas chinois, défiant la gravité avec une telle audace qu’on en retient son souffle, persuadé de les voir s’écraser à nos pieds à chaque instant. À peine le temps de se remettre de ces émotions que le maître de cérémonie, toujours aussi espiègle, orchestre un intermède interactif : il fait voltiger des tomates cerises lancées par le public pour les gober avec une précision tout aussi acrobatique que comique. La piste revient ensuite à la jongleuse britanno-colombienne Bekka Rose, qui captive par la fluidité de ses mouvements et l’éclat de son adresse.

La magie se prolonge avec l’Argentine Nicole Martres, suspendue par les cheveux, qui danse et se contorsionne dans les airs avec une grâce et une souplesse à couper le souffle, traçant dans l’espace des figures qui semblent défier les lois du possible. Puis, place au Montréalais Thomas Parent, équilibriste et contorsionniste à la silhouette élancée, dont l’élégance et la flexibilité inouïes font de son passage un moment d’exception, marquant durablement les esprits.

Après un entracte rythmé par des notes enivrantes, la soirée reprend de plus belle avec le Français Yves Artières, virtuose du cerceau aérien, qui fend l’air à toute allure, frôlant les spectateurs et faisant vibrer la nef d’une énergie électrique. L’Allemande Fenja Barteldres s’empare ensuite de la roue Cyr, qu’elle tord et détourne avec humour et ingéniosité, offrant une relecture réjouissante et inventive de son art.

‘Le festival réserve d’autres surprises : une nouvelle programmation viendra animer les deux dernières soirées au Monastère’

La jeune Américaine d’origine russe, Haley Viloria, prend le relais sur ses sangles aériennes, livrant une performance à la fois puissante et vertigineuse, avant que le rideau ne tombe sur un ultime duo de voltige et d’acrobaties signé Agathe et Adrien, jeunes prodiges fraîchement diplômés de l’école de cirque du Québec, qui célèbrent l’amour et le dépassement de soi dans un final éblouissant.

Difficile, dans ce tourbillon d’émotions et de prouesses, de départager les artistes tant chacun brille par son talent et sa singularité. Heureusement, le festival réserve d’autres surprises : une nouvelle programmation viendra animer les deux dernières soirées au Monastère, promettant des numéros tout aussi spectaculaires et mémorables que ceux des premiers soirs. Le chapiteau sacré n’a pas fini de vibrer !

À propos du Monastère

Fondé en 2016 par Rosalie Beauchamp et Guillaume Blais, Le Monastère s’est donné pour mission de démocratiser le cirque contemporain et de faire rayonner Montréal comme capitale mondiale de cet art. Le Cabaret du Jugement Dernier s’inscrit pleinement dans cette démarche, en offrant une tribune aux artistes émergents et confirmés, issus des meilleures écoles et compagnies du Québec, mais aussi de la scène internationale.

Le Cabaret du Jugement Dernier

Jusqu’au 12 juillet 2025
Au Monastère, Centre St Jax, 1439, rue Sainte-Catherine Ouest, (438) 558-1863
Les portes ouvrent à 19h, spectacle à 20h

Image : Caroline Thibault

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Sophie Jama - WestmountMag.ca

Sophie Jama est titulaire d’un doctorat en anthropologie et d’une maîtrise en littérature comparée. Elle a publié plusieurs ouvrages au Québec et en France. Depuis une quinzaine d’années, elle couvre la scène culturelle montréalaise en matière de théâtre, de danse, de cirque et autres arts vivants.



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