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Des catalogues sur fiches
aux ondes radio

La Bibliothèque de Westmount procède à l’implantation de son système RFID

Par Michael Walsh

4 novembre 2017
card catalogue - WestmountMag.ca

Catalogue sur cartes de référence

Ceux d’entre nous d’un certain âge se souviendront avec tendresse d’avoir utilisé des fiches cataloguées, triées par auteur et par sujet, afin de localiser les livres de la bibliothèque. Logées dans de belles armoires en chêne ou en merisier, on pouvait patiemment passer en revue ces cartes usées pour trouver l’emplacement d’un livre.

Fait intéressant, les catalogues sur fiches sont apparus en France, lors de la Révolution, lorsque les autorités ont établi un système de bibliothèques publiques en utilisant des livres confisqués aux institutions religieuses et aux nobles émigrés. Afin de faire l’inventaire de ces documents, un système de catalogage inscrit au verso de cartes à jouer dont l’usage était proscrit pour des raisons politiques, notamment la présence d’images de rois et de reines, fut conçu et largement adopté comme le Code de catalogage français de 1791.

En 1877, l’American Library Association a adopté des tailles de cartes de bibliothèque standardisées. L’une était appelée ‘Harvard College’ (5 sur 12,5 cm), l’autre était de taille appelée ‘Postal’ (7,5 sur 12,5 cm).

library card - WestmountMag.ca

Le catalogage sur cartes fichées est resté un élément essentiel des bibliothèques jusqu’au début des années 1970, lorsque les code-barres sont apparus dans les bibliothèques publiques. La première bibliothèque à adopter cette nouvelle technologie fut la succursale Kent de la bibliothèque publique de Camden. C’est précisément en 1972 qu’un système Plessey Light Pen fut installé pour lire les code-barres apposés sur les documents de la bibliothèque. À partir de ce moment, le système de catalogage informatisé devint une caractéristique standard du fonctionnement des bibliothèques.

Victimes de cette nouvelle technologie, les armoires à fiches furent reléguées aux salles de magasin ou mis au rebut. On en trouve parfois à vendre, coûtant, selon la taille, entre 500 $ et 5000 $. La bibliothèque publique de Westmount en a aménagée une pour sa ‘bibliothèque de prêt de semences’. Une autre est toujours utilisée dans le service de références de la bibliothèque pour indexer des exemplaires du Westmount Examiner.

bar code on book - WestmountMag.ca

Nostalgie à part, les systèmes de bases de données informatisées présentent de nombreux avantages par rapport aux systèmes manuels. Par exemple, avec ces derniers, il est difficile de déterminer si un livre est en fait prêté, et réserver un titre est un processus compliqué.

Le système de code-barres consiste à attribuer un numéro de contrôle unique à chaque enregistrement, avec toutes les informations pertinentes, dans une base de données. Différentes configurations lumineuses sont réfléchies à partir d’un code-barres pendant qu’il est scanné par un lecteur optique. Le logiciel convertit ces modèles de lumière en commandes de programmation qui sélectionnent les données appropriés associés à l’article catalogué dans la base de données.

RFID tag - WestmountMag.ca

Une étiquette RFID appliquée sur la couverture d’un livre

Dans les systèmes de prêt des bibliothèque, un lecteur optique balaye le code-barres sur la carte de bibliothèque de l’emprunteur. Une fois l’enregistrement analysé, le logiciel récupère l’information associée à la carte de bibliothèque. Ces informations comprennent les coordonnées du client et les amendes impayées. Un second balayage, cette fois du code-barres apposé sur le matériel emprunté, extrait les informations associées à l’article, telles que le titre, l’auteur et toutes les demandes de réservation ultérieures. Puis les deux enregistrements sont associés par le logiciel qui calcule alors la date d’échéance. Un dernier balayage désamorce les bandes magnétiques placées à l’intérieur du matériel de la bibliothèque (ruban adhésif), permettant à l’article de passer à travers le système de détection installé aux entrées de la bibliothèque.

Alors que la technologie des code-barres devenait omniprésente dans les bibliothèques durant les années 80, un nouveau système de gestion utilisant les ondes radio est apparu le long des points de collecte des péages autoroutiers en Europe. Cette technologie d’identification par radiofréquence, ou Radio-identification, fut communément appelée RFID (de l’anglais radio frequency identification). Un système RFID, au sens large, contient trois composantes: un marqueur RFID, nommé Radio-étiquette ou transpondeur, attaché à un objet animé ou inanimé ; un émetteur-récepteur appelé ‘lecteur d’étiquette’ comprenant une antenne ; et un logiciel de communication qui transmet toute cette information à un système d’entreprise

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Une mince bande d’étiquettes RFID révélant leurs antennes en spirale – Image: Michael Walsh et Julie Bouchard

Décrit pour la première fois en 1948 dans l’article de Harry Stockman intitulé ‘Communications par le moyen de la puissance réfléchie“, le concept devait attendre plusieurs décennies avant que le microprocesseur, les circuits intégrés et les réseaux de communication ne soient développés. Dans les années 1960, les systèmes RFID sont devenus disponibles dans le commerce et ont d’abord été utilisés comme dispositifs antivol – physiquement attachés à des marchandises précieuses.

Les années 1980 ont vu l’avènement de l’ordinateur personnel qui a permis une méthode rentable de traitement des données RFID. Au cours de la même période, des systèmes RFID ont été utilisés en Europe pour les péages électroniques. Une décennie plus tard, à mesure que les circuits intégrés devenaient plus petits et plus puissants (la loi de Moore), la technologie RFID est apparue dans le transport ferroviaire et le contrôle d’accès.

Ce n’est qu’en 1998 que les bibliothèques ont commencé à rationaliser leurs fonctions pour réduire les coûts à long terme et que ces organisations ont commencé à intégrer la technologie RFID. En 1999, l’Université Rockefeller et la bibliothèque communautaire de Farmington au Michigan ont été les premières à adopter cette technologie.

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Kiosque libre-service – notez que plusieurs éléments sont scannés simultanément. (Image: Michael Walsh et Julie Bouchard)

Ce furent les premières à capitaliser sur la capacité du systéme RFID à fournir des fonctionnalités supplémentaires à tous les aspects du flux de travail de la bibliothèque, en particulier la circulation, la sécurité et le contrôle des stocks.

Les bibliothèques, publiques et universitaires, ont été lentes à adopter les technologies RFID. En 2012, seulement dix pour cent des bibliothèques aux États-Unis utilisaient la RFID. Ailleurs dans le monde, cependant, le taux d’adoption fut plus rapide: au cours de la même année, environ 3 000 bibliothèques ont installé des systèmes RFID.

On peut se demander ici ce que cela a à voir avec la bibliothèque publique de Westmount ? Plus qu’un peu en fait. Dans une mention (très) brève d’une publication locale, on apprenait que la bibliothèque publique de Westmount mettait en œuvre un système RFID.

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Portail de sécurité RFID

Quelques semaines plus tard, j’ai eu la chance de rencontrer Julie Bouchard (bibliothécaire – Systèmes et services techniques) et Julie-Anne Cardella (directrice) pour discuter de la mise en œuvre de la technologie RFID par la bibliothèque. Le personnel de la bibliothèque a réussi à apposer des étiquettes RFID sur leur collection d’environ 167.000 articles. Ceci a été accompli pendant une brève période où la bibliothèque a été fermée pour des rénovations mineures qui impliquaient de nouveaux tapis, des meubles supplémentaires et une reconfiguration des espaces d’étude et de lecture. « Le processus s’est déroulé de manière transparente », a déclaré Mme Cardella, ajoutant qu’une formation minimale du personnel était nécessaire pour le nouveau système. Le processus d’étiquetage des articles a été simplifié puisque tous les articles avaient un code à barres existant dans le système d’information de la bibliothèque (V-Smart). Une fois qu’une étiquette RFID était placée sur l’article, il était facile de copier le code à barres sur l’étiquette.

La solution utilisée par la bibliothèque a été fournie par Bibliotheca. Cela incluait un kiosque à écran tactile ‘selfCheck’ qui utilise un code à barres fourni par la carte de bibliothèque du client. Le kiosque est configuré avec un logiciel propriétaire (‘quickConnect’) qui communique avec le système d’information de la bibliothèque. Une grande amélioration par rapport aux kiosques d’autocontrôle antérieurs est que les étiquettes RFID ne nécessitent pas une lecture directe de l’étiquette. On peut donc empiler jusqu’à 5 articles à la fois sur le kiosque, quelle que soit leur orientation, au cours de la même transaction.

RFID workstation - WestmountMag.ca

Poste de travail RFID blindé au comptoir de prêt

Le matériel additionnel inclut deux portails RFID installés à proximité des entrées de la bibliothèque. En regardant de près chaque panneau transparent (aluminium blanc), ce qui apparaît comme une caractéristique de conception est en réalité une antenne qui effectue la lecture des étiquettes RFID lorsque les articles passent devant le portail. Fait intéressant, les portails sont normalement en mode économie d’énergie jusqu’à ce que les gens entrent avec un élément étiqueté. À ce stade, ils entrent en état de détection RFID. Les étiquettes, pouvant être lues au rythme de 8 par seconde, déterminent si un article est autorisé à passer à travers le portail – sinon, une alarme sonore est déclenchée, couplée à des lumières LED rouges visibles. De plus, chaque portail est doté d’un capteur qui mesure l’achalandage, ce qui fournit au personnel des données sur les habitudes de circulation des usagers.

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V-Smart avec la superposition RFID en noir – Image: Julie Bouchard

Une autre élément du système RFID de la bibliothèque est le poste de travail blindé utilisé par le personnel du comptoir de prêt pour vérifier et retourner les articles. Il comprend une antenne qui, parce qu’elle est protégée par un blindage, ne détecte que les étiquettes RFID lorsque les articles sont placés directement sur la surface. Tout comme le kiosque libre-service, plusieurs éléments peuvent être empilés, quelle que soit leur orientation.

Le dernier élément de la chaine est le système de gestion de bibliothèque qui intègre tous ces composants dans un système Web utilisé par le personnel de la bibliothèque. Le système utilisé est ‘V-smart’, initialement développé en 1974 sous le nom de VUBIS à l’Université de Bruxelles, maintenant distribué par Infor.

chained book - WestmountMag.ca

La prochaine fois que vous utiliserez le kiosque en libre-service et que vous recevrez votre reçu par courriel, souvenez-vous de la distance qui nous sépare des jours où les livres de la bibliothèque étaient enchaînés à leurs étagères.

Je tiens à remercier Julie Bouchard (bibliothécaire, systèmes et services techniques) et Julie-Anne Cardella (directrice, Bibliothèque publique de Westmount) pour leur temps et leur aide dans la recherche de cet article.

Images : Michael Walsh

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Michael Walsh est un résident de longue date de Westmount. Heureux d’être retraité après avoir passé près de quatre décennies dans le domaine de la technologie de l’enseignement supérieur. Étudiant professionnel par nature, sa formation universitaire et ses publications portent sur la méthodologie statistique, la mycologie et la psychologie animale. Durant cette période, il a également été officier dans les forces armées canadiennes. Avant de s’installer à Montréal, il a été chargé d’évaluer les programmes bilingues des écoles primaires et secondaires par le ministère de l’éducation de l’Ontario. Aujourd’hui, il aime passer du temps avec son (énorme) Saint-Bernard tout en découvrant le passé de la ville et en partageant les histoires des arbres majestueux qui ornent les parcs et les rues. Il peut être contacté à l’adresse michaelld2003 @hotmail.com ou sur son blog Westmount Overlooked



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