Sauvons un trésor écologique
sur l’île de Montréal

L’élan collectif pour protéger nos espaces verts urbains prend de l’ampleur

Par Katherine Collin, co-organisatrice Technoparc Oiseaux

20 juillet 2022

La lutte pour sauvegarder les 215 hectares d’espaces verts naturels, de milieux humides et terres renaturalisées dans le Technoparc et les terres fédérales adjacentes en est maintenant à sa septième année. Technoparc Oiseaux a été à la tête de cette bataille et ce qui nous a motivé, particulièrement au cours des deux dernières années, est l’idée qu’un regroupement de citoyens armé de faits scientifiques et d’un optimisme tenace peut provoquer un changement et un partage réels.

Bernaches du Canada, 2022

Les politiciens nous ont souvent dit que le dossier est trop complexe pour être résolu rapidement, trop ébranlé pour être compris clairement par le grand public.

Nous avons systématiquement refusé d’être d’accord.

Les observateurs ont rapidement compris la valeur du site et se sont manifestés par centaines pour documenter sa vaste biodiversité avec des milliers d’inscriptions vérifiables effectuées via des plateformes de science citoyenne telles que iNaturalist et eBird.

En plus d’entretenir les sentiers et les mangeoires sur le site, Technoparc Oiseaux a supervisé la mise en œuvre de quatre projets distincts de science citoyenne et a contribué de façon importante à la divulgation d’informations sur le dossier dans la communauté montréalaise, notamment en organisant la participation du Grand Montréal à la compétition internationale Défi nature urbaine iNaturalist au printemps dernier.

De plus, depuis quatre ans, Technoparc Oiseaux recense et étiquette des papillons monarques sous les auspices du programme Monarch Watch. Ces observations sur la biodiversité parlent d’elles-mêmes, sans propagande politique, et sont conséquemment irréfutables : le site regorge de plantes et d’animaux sauvages, et constitue donc un véritable trésor écologique sur l’île de Montréal.

Une communauté de défenseurs s’est formée et un grand nombre de personnes ont élevé la voix pour protéger le territoire dont le Conseil mohawk de Kahnawà:ke et 40 organisations civiques. Des citoyens se sont mobilisés en écrivant et en téléphonant à leurs représentants municipaux, provinciaux et fédéraux, en défilant et en signant des pétitions, dont la plus récente a recueilli 10 000 signatures en quelques jours et est toujours ouverte.

Grande aigrette, 2022

Bien qu’il semble parfois que ces appels soient restés lettre morte – les élus reportant ou négligeant l’urgence d’agir – nous sommes prudemment optimistes et pensons que le vent est en train de tourner. Nous constatons ce changement dans la frustration grandissante du public à l’égard d’Aéroports de Montréal (ADM), dont la décision irréfléchie de faucher la riche zone pollinisatrice connue sous le nom de Champ des monarques a été rapidement condamnée, incluant par des politiciens de tous les horizons qui ont demandé réparation.

… Nous devons réagir… Nous devons trouver un moyen de protéger les espaces verts urbains que nous avons, car c’est l’héritage que nous allons laisser aux générations futures.

– Dida Berku, conseillère municipale de la Ville de Côte Saint-Luc

Il y a un peu plus d’une semaine, Marwah Rizqy et Alexandre Boulerice se sont unis pour soutenir Technoparc Oiseaux et demander la sauvegarde de cet espace. Monique Pauzé, qui soutient le site depuis de nombreuses années, a également lancé un appel pressant au gouvernement fédéral pour qu’il agisse de toute urgence afin de préserver les parties du site sous contrôle fédéral.

À la mi-juillet 2022, la Ville de Côte Saint-Luc a lancé à l’unanimité un appel percutant au gouvernement fédéral pour qu’il agisse afin de protéger l’espace. Dida Berku, en discutant de la résolution, a simplement déclaré, « C’est essentiellement pour cela que je suis conseillère municipale. Nous sommes en 2022. Nous devons réagir… Nous devons trouver un moyen de protéger les espaces verts urbains que nous avons, car c’est l’héritage que nous allons laisser aux générations futures. »

Papillon monarque sur salicaire, 2022

Technoparc Oiseaux exhorte toutes les villes et tous les arrondissements de l’île de Montréal à adopter des résolutions similaires. Les citoyens sont invités à partager de toute urgence la résolution de Côte Saint-Luc avec les membres du conseil de leur ville ou de leur arrondissement en leur demandant de rédiger leur propre résolution en faveur de la sauvegarde du Technoparc et des terres fédérales adjacentes.

Les députés fédéraux dont les circonscriptions se trouvent sur l’île de Montréal peuvent également être sensibilisés à la nécessité d’agir. La résolution de la Ville de Côte Saint-Luc est un excellent modèle à suivre.

Pour sa part, Technoparc Oiseaux continue à travailler calmement et sans relâche pour faire progresser nos efforts de science citoyenne avec la ferme conviction que les liens que nous établissons avec la nature nous relient également les uns aux autres. Le pouvoir que nous détenons en tant qu’observateurs de la nature n’est pas aussi insignifiant et inefficace que nous sommes parfois amenés à le croire.

‘Le pouvoir que nous détenons en tant qu’observateurs de la nature n’est pas aussi insignifiant et inefficace que nous sommes parfois amenés à le croire.’

Notre capacité à documenter la valeur écologique de nos espaces verts urbains en tant que citoyens-éveillés à la science et amoureux de la nature est porteuse de changements. Nous continuons à espérer que de plus en plus de représentants politiques reconnaîtront que nos efforts s’adressent à la racine (littéralement) des choses et se joindront à nous pour demander la sauvegarde de ce précieux site de 215 hectares.

Images : Kevin Verreault
Image d’entête : la brume se pose sur les milieux humides du Champ des monarques, 2021

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Technoparc Oiseaux est un groupe de mobilisation citoyenne de plus de 4 800 membres qui œuvre pour la protection et la restauration des milieux humides et des espaces verts du Technoparc et des terres fédérales adjacentes.